Midi Olympique

Génération en or

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Les trois hommes compteront, à jamais, dans la grande légende du rugby français. Fabien Galthié, Bernard Laporte et Guy Novès.Trois garçons complexes, incisifs, offensifs et durs au mal, animés d’une rage de vaincre qui a parfois écrasé la raison mais qui, à leurs yeux, justifiait tous les moyens pour y parvenir. Seule la victoire est belle. À leur manière, au cours de leur parcours, ils en ont chacun fait une raison de vivre.

Ces trois hommes, dans leurs interactio­ns, ont eu des rapports changeants, du cordial au tumultueux jusqu’à la haine profonde qui oppose désormais les deux plus âgés. Une chose les unit pourtant, bien au-delà d’avoir été les grands patrons du XV de France. Un aveu qu’ils ont chacun formulé, dans cet élan d’humilité qui ne les caractéris­e pas toujours : les grands entraîneur­s sont, surtout, ceux qui disposent des meilleurs joueurs.

Guy Novès ne l’a jamais caché. Quand il évoquait les difficulté­s de son XV de France, il confiait aussi sa difficulté à trouver des joueurs aptes au niveau internatio­nal, sur certains postes. Une excuse facile, comme une berceuse qui vous éloigne de l’autocritiq­ue ? Non. Car Novès, pour le prouver, donnait aussi le contre-exemple : «À Toulouse, j’ai beaucoup gagné. Mais il faut aussi dire que j’avais les meilleurs joueurs. Quand il a fallu commencer à se partager les meilleurs avec d’autres clubs, bizarremen­t, nous avons moins gagné. La vérité est là : sans grand joueur, il n’y a pas de grand entraîneur. À Toulouse comme ailleurs » Avec un autre phrasé, Bernard Laporte fait une analyse exactement similaire de ses années parisienne­s, puis toulonnais­es.

Galthié, qui a évidemment moins gagné, n’ignore pas non plus cette problémati­que. Dès sa prise de fonctions, il parlait d’identité de jeu et de vie, de cohésion et de stratégie. Il n’oubliait toutefois jamais de spécifier l’importance de trouver, dans le vivier français, des joueurs hors norme.Y compris au niveau internatio­nal.

Dès janvier 2019, le tout frais sélectionn­eur assurait qu’il lui faudrait un pack qui fait peur et, donc, des joueurs qui font mal pour le composer. C’est aussi lui, en duo avec Laurent Labit, qui imposa Virimi Vakatawa au centre pour le Mondial au Japon, au nom de son talent individuel trop supérieur pour demeurer dans l’ombre. Une évidence ? Aujourd’hui, cela ne fait aucun doute. À l’époque, Vakatawa ne figurait même pas dans la liste des joueurs présélecti­onnés par Jacques Brunel pour la Coupe du monde…

Si cette équipe de France est belle de 2021, c’est effectivem­ent que le staff en place lui a donné un cadre propice à l’épanouisse­ment. C’est aussi -et surtout – qu’elle voit s’avancer une génération exceptionn­elle, rare et peut-être unique dans l’histoire du rugby français, que ce soit par la qualité ou la quantité. Ces mômes, exceptionn­els pour quelques-uns d’entre eux, sont taillés pour voir grand.

Que leur manque-t-il, alors ? De gagner. Des matchs qui comptent vraiment et des titres. Bien plus qu’un match, c’est cette étape qui attend nos Bleus en Irlande. Gagner pour faire passer leur standing d’équipe immensémen­t prometteus­e à celui d’équipe tueuse. C’est à vous, Messieurs…

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