« Du baume au coeur à tous ceux qui sont privés de rugby »
BERNARD LAPORTE - Président de la FFR
Comment avez-vous vécu la rencontre ?
Quand tu es président de la FFR, j’avoue que ça fait bizarre de regarder un match du XV de France à la télévision. Je parle évidemment d’un match du Tournoi car il m’est arrivé de manquer des rencontres lorsque les Bleus sont en tournée au mois de juin. C’est vraiment particulier mais il me semblait logique de respecter la décision du gouvernement irlandais.
Dix ans que le XV de France n’avait pas gagné en Irlande…
Peu importe, c’est l’instant présent qui compte. J’ai vu une équipe de France courageuse, mais aussi fébrile à certains moments de la rencontre. Elle a commis des fautes inhabituelles, a eu une touche très approximative, notamment en première mi-temps. Mais il y a eu de l’envie, de l’abnégation et une qualité défensive incroyable. J’ai senti encore une fois un super état d’esprit. Même de l’extérieur, ça se voit. Aujourd’hui (dimanche), ça suffit pour gagner. Mais comme le disait Grégory Alldritt à la fin de la rencontre, il va falloir chercher à progresser, à avoir plus de maîtrise sur notre jeu. Mais bon, encore une fois, je suis ravi que le XV de France ait gagné. Pour remporter le Tournoi des 6 Nations, il fallait impérativement un succès. L’essentiel est là. C’était un match charnière, l’équipe de France a répondu présente.
Qu’est-ce qui vous a le plus séduit ?
L’état d’esprit ! Vraiment, ces garçons me plaisent. Ils ne lâchent rien. Dire que le groupe vit bien, qu’on est tous potes, ça ne m’intéresse pas plus que ça. En revanche, montrer qu’on est tous ensemble quand c’est dur, quand on souffre, ça j’aime beaucoup. Et c’est ce que j’ai vu contre l’Irlande.
Fabien Galthié ne cesse de répéter qu’il faut gagner des trophées pour acquérir de l’expérience. Est-ce l’année du XV de France ?
Cette équipe est là pour gagner. Si elle veut marquer l’histoire du XV de France, elle doit gagner. C’est une évidence.
Peut-elle faire le grand chelem ?
C’est une année avec trois déplacements dont deux chez des grosses nations. Le premier s’est bien passé. Mais avant d’aller en Angleterre, il faudra battre l’Écosse. Ce ne sera pas simple. Le Tournoi me paraît très équilibré. L’Écosse est revenue à un très bon niveau, le pays de Galles montre qu’il est toujours là. C’est une très belle compétition qui s’annonce. C’est bien pour le rugby, bien pour les audiences et ça donne du baume au coeur à tous ceux qui sont privés de rugby en ce moment. Fabien (Galthié) a raison de le souligner. Aujourd’hui, les licenciés de la FFR jouent par procuration grâce à l’équipe de France et c’est mieux quand elle gagne. Pour moi, une équipe de France qui perd, c’est un
sport qui meurt.
Justement, avez-vous une pensée pour le rugby amateur aujourd’hui ?
« J’ai vu une équipe de France courageuse, mais aussi fébrile à certains moments de la rencontre. »
J’y pense tous les jours. Nous faisons tout pour que nos licenciés puissent reprendre l’entraînement et la compétition. Je sais que, pour eux, la situation est difficile à vivre. Quand tu prends une licence, c’est pour jouer. Pas pour regarder le rugby à la télévision. Malheureusement, ce n’est pas dépendant de nous. Les contraintes sanitaires imposées par le gouvernement, nous devons les respecter.
Serez-vous à Twickenham pour le « crunch » ?
Je crois qu’il y a moins de contraintes pour se rendre en Angleterre. J’espère donc pouvoir suivre le XV de France à Londres. Ce serait mieux quand même !