Fickou, la 60e rugissante
IMPECCABLE DANS SON RÔLE DE RÉGULATEUR DE LA LIGNE DE TROIS-QUARTS TRICOLORE, LE CENTRE PARISIEN QUI FÊTAIT SA SOIXANTIÈME SÉLECTION A ENFIN VAINCU SON SIGNE INDIEN EN S’IMPOSANT EN IRLANDE, CHOSE QU’IL N’AVAIT JAMAIS FAITE JUSQU’ALORS.
Il est des sélections qui vous marquent plus que d’autres. Celle que le centre du Stade français Gaël Fickou a connu avec le XV de France fait assurément partie de celles là, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’elle marquait un tournant dans la carrière du Parisien : 60 capes, ce n’est pas rien. Surtout quand on a que 26 ans. Alors cela se fête dignement. Pour marquer le coup, le staff tricolore avait décidé de lui faire une petite surprise : pendant la cérémonie de remise des maillots, Gaël Fickou a eu le bonheur de voir ses proches via des vidéos de félicitations et d’encouragements (lire ci-dessous). Le genre de messages qui réchauffent le coeur en ces temps troubles, et qui vous donnent envie de vous transcender. D’autant que le centre du Stade français nous avait confié, après la victoire face à l’Italie, qu’il vivait de moins en moins bien les restrictions encore renforcées au sein de la bulle sanitaire française : « C’est un mauvais passage pour tout le monde et j’espère qu’il sera le plus court possible. Je ne vais pas mentir, ce n’est pas simple à gérer mais c’est ainsi. Ce n’est pas toujours facile. On est à l’hôtel vingt-quatre heures sur vingt-quatre, donc on a connu mieux au niveau de l’ambiance. C’est totalement différent des Tournois ds 6 Nations qu’on a vécus auparavant. Mais, comme je l’ai dit, on peut en parler des heures mais on n’a pas le choix. » Mais ce n’est pas tout. Ce déplacement en Irlande revêtait une importance particulière pour le troisquarts, qui n’avait jamais accroché l’Aviva Stadium à son tableau de chasse : « Je n’ai jamais gagné en Irlande. Je n’y ai fait qu’un match nul, une fois. J’espère que cette année est la bonne. En tout cas, on va tout faire pour car on veut gagner des titres. » Cela faisait dix ans que le XV de France se cassait les dents en Irlande, et Gaël Fickou avec. 25 fevrier 2017, victoire 19-9 pour les Diables Verts avec un essai de Conor Murray, et deux pénalités et un drop de Sexton, le tout complété par une pénalité de Jackson. 10 mars 2019, rebelote. Pour cette fois, une défaite encore plus douloureuse avec un sévère 19-0 asséné en première mi-temps (trois essais de Best, Sexton et Conan) pour un score final de 26 à 14. La débacle française avait été à peine allégée par deux essais de Huget et Chat en toute fin de match. À chaque fois, Fickou était titulaire. Et quittait le terrain la mine basse.
PASSEUR, DÉFENSEUR, ET PERCUTEUR
Cette fois, il fallait briser le signe indien. L’occasion était trop belle. Privée de sa charnière habituelle Murray-Sexton ainsi que deux de ses lieutenants du pack, le capitaine Peter O’Mahony et le deuxième ligne James Ryan, la sélection d’Andy Farrell paraissait affaiblie. « Paraissait » seulement. Car avec des durs à cuire comme Healy, Henderson, Ruddock ou Stander devant et des flèches comme Lowe, Henshaw et Ringrose derrière, le XV du Trèfle ne manquait tout de même pas d’arguments. Et dans un contexte aussi hostile, l’expérience et la tempérance du centre du Stade français furent précieuses. C’est notamment lui qui, à l’entrée des 22 mètres du XV de France, arracha des bras du puissant numéro 8 CJ Stander, annihilant ainsi une dangereuse action irlandaise. C’est aussi lui qui signa la passe décisive à Charles Ollivon. Entre l’arrière Hugo Keenan et le flanker Rhys Ruddock, Gaël Fickou trouva le moyen de passer les bras pour servir son capitaine. On l’a aussi vu efficace dans le jeu de défi, à l’image de cette bonne fixation au centre du terrain, à l’entrée des 22 mètres irlandais en deuxième mi-temps où il emporta avec lui plusieurs défenseurs. En défense, Fickou s’est montré irréprochable avec un 10/10 au plaquage. Bref, en conclusion on peut dire que Gaël Fickou sait tout faire, et bien. Une bonne chose pour la ligne d’attaque du XV de France qui sait qu’elle peut compter sur un aiguilleur hors-pair.