On est pénible et j’adore ça
Vous êtes-vous régalés, vous ? Non ? Moi non plus, je vous rassure. Mais je m’en cogne, après tout. Parce que je préférerais toujours une équipe de France s’imposant 15-13 en Irlande en montant des quilles qu’une sélection tricolore s’inclinant à Dublin ou dans n’importe quel autre stade de la planète en ayant marqué sept essais et fait trente chisteras. Que voulez-vous que je vous dise, après tout ? On est pénible à jouer, pour être clair. Et ce trait de caractère, c’est la base d’une très grande équipe. Pourquoi « pénible » ? Parce qu’on plaque, on combat, on agresse, on ne lâche jamais rien, on tire les maillots des soutiens adverses, on met la tête là où d’autres ne risqueraient pas l’orteil : dîtes moi que cette détermination sauvage n’est pas la base de tout succès, au rugby, et je vous répondrai que vous n’y comprenez rien ou qu’à force d’intellectualiser ce sport, vous en avez simplement oublié l’essence. Qu’on le veuille ou non, l’Irlande est encore une très grande nation du rugby mondial et vaincre cette équipe sur son terrain a beaucoup plus de valeur qu’on veut bien le dire. Au sujet de ce XV de France, je retiens aussi que Laurent Labit (le responsable de l’attaque tricolore) doit abattre un sacré boulot dans la semaine. Pourquoi ? Je m’explique : dimanche aprèsmidi, les coéquipiers de Charles Ollivon ont seulement réalisé trois lancements de jeu et pourtant, ils ont bien failli marquer trois fois. Chapeau, Laurent. J’attends les prochains avec impatience.
Pour conclure mon propos, je vous ferai remarquer que les jours précédant la rencontre à Dublin ont largement été marqués par une ode globale à Antoine Dupont, consacré « meilleur joueur du monde » par une somme d’observateurs, qu’ils soient entraîneurs de sélection, champions du monde (le demi de mêlée des All Blacks, Aaron Smith) ou simples rugbyphiles. Je ne suis pas loin de partager cet avis et dimanche, le demi de mêlée toulousain a une nouvelle fois été omniprésent, grattant même l’ultime ballon du match aux mains irlandaises.
Mais pour moi, on ne dit pas assez fort que Grégory Alldritt est aujourd’hui au-dessus de tout le monde : existe-t-il actuellement un meilleur numéro 8 que le Rochelais, sur le circuit international ? J’en doute, honnêtement. Et quand je le vois renverser sur une seule percussion Cian Healy et Iain Henderson, deux gaillards n’ayant pas l’habitude de tendre l’autre joue, je me dis juste que Grégory Alldritt évolue aujourd’hui sur des sommets qu’un numéro 8 international avait rarement connus, en équipe de France.
« [...] Alldritt est aujourd’hui audessus de tout le monde. Existe til meilleur numéro 8 que le Rochelais sur le circuit international ? J’en doute, honnêtement. »