Midi Olympique

« Je n’ai pas la nostalgie de l’arbitrage d’antan »

IL FUT L’ENTRAÎNEUR DU TOULON CHAMPION EN 1992, DU NICE FINALISTE DE 1983. MAIS IL NE SE LAISSE PAS ALLER À LA FACILITÉ DU « C’ÉTAIT MIEUX AVANT ».

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Je ne veux pas verser dans la nostalgie. Il y a beaucoup de choses de l’ancien temps que je ne regrette pas. La première qui me vient à l’esprit, c’est l’arbitrage. Aujourd’hui, les règles sont beaucoup plus vulgarisée­s et mieux expliquées. À mon époque, les arbitres étaient, disons, plus approximat­ifs et un peu trop prétentieu­x. Ceci dit, je reconnais qu’en ce tempslà, on pouvait encore leur répondre… Mais ils étaient convaincus d’avoir la bonne analyse, ce qu’ils n’avaient pas vu n’existait pas. Désormais avec la vidéo, tout est mieux. La vidéo, c’est une sécurité et une fiabilité. Avant, je les voyais arriver à dix mètres de l’en-but et lever le bras pour l’essai sans avoir vu grand-chose. Alors, vous imaginez…

Les arbitres d’autrefois, ils étaient aussi moins préparés physiqueme­nt. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils sifflaient une mêlée quand ils se sentaient largués par une action, mais je ne suis pas loin de le penser. Maintenant, chaque décision est bien commentée et bien expliquée, et la presse aussi est plus objective. Le nombre d’analyses que j’ai lues par le passé par des journalist­es qui avaient décidé de défendre la validation ou non d’un essai et qui sortaient toute une analyse tortueuse pour justifier ça...

L’améliorati­on de l’arbitrage a aussi eu une influence sur l’attitude des joueurs. Je crois qu’ils se sentent désormais plus protégés. Avant, certains manquaient de courage car ils savaient que ça pouvait être dangereux. Maintenant, il y a la vidéo, les arbitres de touche, l’arbitre de champ qui court comme un lapin… Ceux de mon époque avaient parfois des méthodes curieuses pour faire retomber la pression. Il y en avait un qui faisait toujours la même chose: l’équipe A donnait le coup d’envoi. Il sifflait pénalité pour l’équipe B. Celle-ci tapait en touche et l’arbitre sifflait une deuxième pénalité, cette fois pour l’équipe A. C’était très répétitif, mais c’était sa façon d’essayer de calmer les belligéran­ts. Une méthode loin de la rigueur de l’arbitrage d’aujourd’hui, je le concède. Il faut dire que les coups d’envoi de l’époque, c’était très chaud. Si tu en jouais un au loin, grand champ, c’est que tu te dégonflais. Évidemment, je n’ai pas davantage de nostalgie au sujet du jeu lui-même. Avant, une séquence d’une minute, une minute et demie, c’était le bout du monde. Maintenant on a des séquences de quatre minutes.Tout est dit. On nous sert du haut de gamme. Regardez les qualités d’Antoine Dupont, capable d’arracher des ballons décisifs. J’aime aussi Grégory Alldritt et Bernard Le Roux qui me rappelle André Herrero par son activité. Si, par souci d’équilibre, je devais regretter quelque chose, je parlerais peut-être du jeu au pied. Pas les tirs au but, mais les coups de pied de dégagement. Autrefois, il y avait des joueurs capables de trouver des touches formidable­s. Je pense à Claude Lacaze, qui fut mon coéquipier à Nice et que j’ai affronté avec Toulon quand il jouait à Angoulême. Il suscitait mon admiration par la puissance et la qualité de ses coups de pied. Il savait vriller le ballon à la perfection. Une fois, à Mayol, il était dans les 22 mètres, côté port et il avait trouvé une touche côté Faron. Je trouve qu’on a un peu perdu du terrain depuis cette époque. Claude Lacaze, avec ses trajectoir­es vissées, trouvait facilement vingt mètres de plus que les gars d’aujourd’hui. À Toulon, nos avions Bernard Labouré, un autre phénomène dans le genre.

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