Dakuwaqa fait mouche à la relance
UN ESSAI DE PRÈS DE CENT MÈTRES A FAIT BASCULER LE MATCH. À SON ORIGINE, MASILEVI DAKUWAQA, UN FIDJIEN CAPABLE DE JOUER CENTRE, AILIER OU TROISIÈME.
Il fallait vraiment y croire. Et visiblement, Patrice Collazo a su persuader ses hommes que c’était possible. Les supporters du RCT y trouveront la preuve de ses talents de meneur d’hommes. Toulon a gagné son deuxième match à l’extérieur de la saison dans une configuration tout à fait improbable. Les Varois sortaient d’une semaine sérieusement perturbée par la Covid, avec en plus un déficit de sept sélectionnés Frédérick Du Plessis (29 minutes) et Marius Domon (quatorze minutes) n’avaient pas joué une seule fois avec les professionnels jusqu’ici. Pour Matthias Halagahu (19 ans, quatorze minutes), ce n’était que la deuxième apparition au plus haut niveau. Mattéo Le Corvec (20 ans, trois minutes) jouait son premier match de la saison (le deuxième de sa carrière). Le plus expérimenté demi de mêlée Anthony Méric (25 ans) n’avait encore jamais été titulaire en 2020-2021. Le troisquarts centre Théo Dachary n’avait plus débuté un match depuis deux mois et demis et son entraîneur l’avait placé à l’aile pour ce match en Béarn. « Et il a marqué un essai de pur sprinter.Vous savez, je ne change pas les joueurs de place par plaisir mais pour les besoins de l’équipe, et parce que je pense parce qu’il peut apporter quelque chose, posait
Patrice Collazo. Je n’avais envie pas jeter dans le bain tout de suite les minots pour ne pas les exposer mais les faire entrer en cours de partie pour qu’ils apportent leur fraîcheur et leur insouciance. C’est ce qui s’est passé... »
De cette rencontre, on conserve bien sur le souvenir de la classe de Facundo Isa, notre oscar de la semaine. Mais aussi de cette relance extraordinaire de Masilevi Dakuwaqa, ce malabar fidjien, champion Olympique à Rio de Janeiro. Un « phénomène humain » dont les mensurations frappent qui le voit jouer pour la première fois. Il a aussi le mérite d’évoluer avec une blessure chronique à un oeil.
AIDÉ PAR MA’A NONU
C’est lui qui a débloqué la partie en récupérant ce ballon joué au pied par l’arrière adverse avant d’opter pour une relance XXL à l’image de son gabarit. Soixante mètres de croisière solitaire avant de cadrer un défenseur et trouver impeccablement Takulua en soutien intérieur. Quand on sait qu’il a déjà joué à l’aile, au centre et en troisième ligne en Top 14, on comprend pourquoi il est très courtisé par les autres clubs français (Montpellier tiendrait la corde pour l’an prochain).
Disons que Dakuwaqa était l’homme idoine pour « boucher les trous » dans une équipe à ce point décimée par les blessures et les indisponibilités. Patrice Collazo confirme, puis tempère : « Masi, il faut qu’il soit impliqué. Il était un peu passé au travers la semaine dernière (contre La Rochelle, N.D.L.R.), il a eu des problèmes en défense en début de partie. Il a fallu le secouer : on l’a placé à l’aile, puis il est revenu… C’est Masi quoi !
On en a besoin pour faire avancer l’équipe. On a aussi besoin de Ma’a Nonu et Isaia Toeava pour le conseiller. Heureusement, car il a des qualités, mais il a aussi encore besoin de maîtriser certaines choses. » Un oeil éloigné s’était laissé griser par l’exploit ; un oeil exercé nous a remis les idées en place. Pour le bien de l’équipe.