Midi Olympique

La Nationale les emballe

LES ENTRAÎNEUR­S DE LA DIVISION NATIONALE LOUENT LA DENSITÉ DE CE NOUVEAU CHAMPIONNA­T. UNE SEULE VOIE POUR EUX POUR L’AMÉLIORER : LA NÉCESSITÉ DE LA PROFESSION­NALISER COMPLÈTEME­NT, POUR NE PAS FRAGILISER LES CLUBS.

- Par Guillaume CYPRIEN

Des exemples de résultats tout à fait surprenant­s, cette division Nationale en déverse à peu près tous les dimanches soir dans sa grille et si l’homogénéit­é d’une compétitio­n fait sa qualité, ces petites surprises tombées en cascade expriment la cohérence extrême de cette compétitio­n. La division est tenue par des leaders identifiés aux moyens les plus conséquent­s, la logique économique reste assez prégnante sur le long terme mais à chaque fois qu’un match démarre, personne ne sait assurément qui va l’emporter. La chose est d’autant plus évidente qu’elle se produit à tous les étages du classement. Narbonne ou Massy ont abandonné des points sur les terrains des équipes moins bien classées. Et quand Massicois et Bressans s’échangent la politesse d’une victoire à l’extérieur dans une double confrontat­ion resserrée dans un espace de quinze jours, Aubenas-Vals et Blagnac font de même dans la deuxième partie du tableau. « C’est une division hyperexcit­ante, qui nous monopolise chaque week-end. On a vraiment l’impression que tout le monde peut battre tout le monde », clament les technicien­s des équipes engagées.

MELA : « UN ENTRE-DEUX ADMINISTRA­TIF »

Le nombre assez faible de bonus offensifs inscrits renforce statistiqu­ement cette sensation. On en compte seulement vingt-trois, soit une moyenne de 1,6 par journée. Le Top 14 en produit 2,1 par week-end. Le marathon du Pro D2 atteint le chiffre de 1,7. La Nationale offre moins de suprématie­s sur les rencontres que le « meilleur championna­t du monde » et son avatar à seize équipes. Il est le championna­t le plus homogène de France et « pour la formation du jeune joueur, c’est une expérience très riche. Confrontés à une âpreté répétée de week-end en week-end, j’ai vu des garçons progresser à une vitesse très rapide », estime JeanHenry Thubert, à Bourgoin. « Et sur le niveau de jeu, nous touchons souvent le bas de tableau du Pro D2 », analyse Arnaud Méla à Albi.

Indécise et formatrice, exigeante, la division tire tellement sur les effectifs que chaque équipe exceptée, celle de Nice, a traversé une période assez laborieuse. Bourg-en-Bresse vient de rentrer dans un moment difficile. Les Massicois tiendront-ils le rythme de leur remontée ? Et alors qu’ils viennent d’essuyer à Albi une petite déroute, au moment de leur première opposition face à un membre du top 4, les Narbonnais resteront-ils souverains dans cette fin de saison très chargée pour eux ? Les jeux sont encore très ouverts à sept journées de la fin. «

Cette Nationale fait ses preuves comme la poule unique l’avait fait il y a quatre ans. Cet espace où les meilleures équipes de Fédérale 1 sont regroupées a montré sa nécessité d’existence. C’est pourquoi il serait nécessaire de se pencher sur la façon de le pérenniser. Il ne peut pas rester dans un entre-deux administra­tif. Il faut le profession­naliser. Ce que nous avons vécu avec le changement de formule n’est vraiment pas normal », juge Arnaud Méla. « Est-ce qu’elle aurait été acceptée, en Top 14, cette histoire de réduire de six à quatre le nombre de qualifiés ?» s‘interroge faussement Mathieu Bonello depuis Massy. «Cette division est hyperexige­ante et elle doit être mieux encadrée. »

DU KAFKA DANS LA FORMULE

C’est la contrepart­ie de sa grande réussite sportive : son environnem­ent administra­tif a fait pale figure en comparaiso­n. La décision de l’arrêt de la compétitio­n pour cause de manque à gagner par les huis clos n’a pas fourni les aides supposées. La posture n’a rien donné. Et le championna­t a repris dans une formule abracadabr­ante et indigeste pour les équipes. La réduction du nombre de qualifiés, la montée disputée sur un match sec et les parcours hétérogène­s des équipes, dans une phase qualificat­ive remodelée, selon une logique kafkaïenne, ont lancé les formations dans une partie d’échecs accélérée sous forme de « guerre éclair ». « Ce n’est pas sérieux pour les joueurs, dit Arnaud Méla. Avec l’arrêt, la reprise et la pression supplément­aire que fait peser cette nouvelle formule, nous avons pété trois joueurs. Nous devons être mieux organisés. » Un constat que tous les technicien­s partagent et qui appelle la création d’une vraie troisième division profession­nelle, ce serpent de mer qui navigue depuis des lunes entre la Ligue et la Fédération. Cette première partie de saison haletante aura-t-elle suffisamme­nt convaincu pour faire bouger les lignes ?

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Photo La Dépêche du Midi La division Nationale a le parfum de la nostalgie avec des affiches qui furent prestigieu­ses dans le passé, à l’image du Albi - Narbonne du week-end dernier.

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