Licenciés, finances... Peur sur la saison prochaine
TOUJOURS PLACÉ DANS L’INTERMINABLE ATTENTE D’UNE REPRISE, LE RUGBY AMATEUR FRANÇAIS EST QUASIMENT À L’ARRÊT, À L’EXCEPTION DES ÉCOLES DE RUGBY ET DES ÉQUIPES JEUNES. MAIS LES DIRIGEANTS REDOUTENT UNE FUITE DES LICENCIÉS SÉNIORS ET DES PROBLÈMES FINANCIERS
Àl’heure où de nombreux départements ont été encore reconfinés, le rugby amateur français continue de vivoter par l’intermédiaire de sa jeune garde : les écoles de rugby et les équipes jeunes continuent de s’entraîner, au contraire des séniors qui, eux, sont toujours dans l’attente d’une éventuelle reprise des compétitions encadrées par les Ligues régionales. L’encéphalogramme du rugby amateur français n’est donc pas complètement plat : « Les clubs mènent un travail fantastique pour continuer les entraînements, pour entretenir le lien avec les jeunes licenciés. Les écoles de rugby et les équipes de jeunes vivent encore, et les éducateurs font beaucoup d’efforts alors qu’ils n’ont aucune visibilité sur la suite, ni comment cela redémarrera », explique Patrick Buisson, vice-président de la FFR en charge du rugby amateur.
Il semblerait même que l’on assiste à un léger afflux de jeunes pratiquants : « La chance du rugby, c’est qu’il soit un sport d’extérieur. Et selon plusieurs retours de clubs, il semblerait que des enfants venant de sports de salles arrivent dans nos clubs de rugby, positive Buisson. Bien sûr, on ne cherche pas à piller les autres fédérations qui sont en difficultés, mais les associations sportives se tendent la main : celles qui ne sont plus en mesure d’accueillir les enfants les renvoient vers les autres, et le rugby en profite. »
RÉUNION MARDI AVEC LES LIGUES RÉGIONALES
Voilà pour les bonnes nouvelles. Pour le reste, l’horizon paraît plus sombre. En effet, la crainte d’une fuite des licenciés séniors est grande, et est évoquée jusque dans les hautes sphères de la FFR : « Bien sûr que l’on redoute une perte des licenciés séniors. Ici et là, on entend que faute de compétitions, nombre de trentenaires vont prendre leur retraite anticipée. C’est possible. Mais il est aussi possible que les joueurs soient tout simplement en manque, et qu’ils retrouvent le chemin de l’entraînement parce que leurs amis et la convivialité du rugby leur manque, comme à nous tous. » Une fuite des joueurs des équipes réserves, qui sont encore plus « amateurs » que leurs partenaires de l’équipe fanion est aussi redoutée. Mais là encore, la FFR se veut optimiste : « À mon sens, les joueurs des équipes réserves sont les plus grands fidèles dont nous disposions : ce sont les futurs éducateurs, les futurs dirigeants des clubs. Ils sont « vaccinés » au rugby. Si la pratique reprend, ils reviendront. »
Pour en avoir le coeur net, la Fédération a sollicité ses Ligues régionales pour que ces dernières demandent à leurs clubs leurs préférences de pratique en cas d’éventuelle reprise : rugby à VII, à cinq ou à XV, ou encore challenges. « Une réunion avec les Ligues est prévue pour ce mardi », dévoile Buisson. « Le nombre de clubs qui vont répondre à ce sondage donnera déjà un bon indicateur. » En revanche, il est indiscutable que les finances des clubs amateurs risquent d’être mises à rude épreuve la saison prochaine : « Cette saison, les clubs amateurs n’ont pas de dépenses et ils ont encaissé leurs licences donc tout va bien. Mais l’année prochaine, il est possible qu’ils éprouvent des difficultés à renouveler leurs partenariats, ou à en trouver de nouveaux en raison du contexte économique. » À chaque jour suffit sa peine…