« Si les défaites amplifient tout, les victoires effacent tout »

Mourad BOUDJELLAL Ancien président de Toulon

Fabien Galthié a parfaitement endossé ce rôle de sélectionneur. Sa personnalité est faite pour cette fonction. C’est du sur mesure pour lui. Il a su profiter d’une génération de joueurs fabuleuse. Il a su en tirer la quintessence, ce qu’il faut lui reconnaître. C’est tout à son mérite. En revanche, en tant qu’entraîneur, il peine à gagner les matchs décisifs. Avec le RCT, il s’est qualifié pour un quart de finale de Champions Cup, il l’a perdu. Il s’est qualifié pour un quart de Top 14, il l’a perdu. Avec Montpellier, il a été en finale du Top 14, il l’a perdue aussi. Et depuis qu’il est à la tête de l’équipe de France, c’est pareil. Il a déjà perdu la finale de la Coupe d’Automne des Nations et cette « finale » du Tournoi des 6 Nations contre l’Écosse. Cette habitude, il lui faut la perdre. Je le souhaite pour le rugby français.

Sa force aujourd’hui dans son costume de sélectionneur, c’est son entourage. Bernard Laporte a su faire en sorte qu’il soit bien accompagné. La complémentarité du staff, ça relève du coup de génie. En revanche, la communication de Galthié n’est pas à ce niveau. C’est du « Galthié light ». On sent qu’il est briefé, qu’il accumule les éléments de langage. Il gagnerait à être plus spontané. Mais son bilan est plutôt satisfaisant. Pour lui, le plus dur commence. Il a suscité de l’intérêt et de l’espoir. Les gens vont donc devenir beaucoup plus exigeants. La prochaine tournée en Australie sera un passage intéressant de son mandat. Surtout ça lui permettra de créer un peu plus de lien humain avec son groupe. Le fait d’être ensemble, très loin, ça fait du bien. L’épisode du cluster, même s’il n’y a pas eu mort d’homme, a sans doute marqué un peu le groupe. Heureusement, si les défaites amplifient tout, les victoires effacent tout.