Toulon prend la porte sans combattre
ÉLIMINÉS SANS AVOIR PU DISPUTER LEUR HUITIÈME DE FINALE FACE AU LEINSTER, LES TOULONNAIS PEINENT À DÉCOLÉRER. RETOUR SUR LES ÉVÉNEMENTS QUI ONT ENTRAÎNÉ LA DISQUALIFICATION DU RCT.
L’affiche faisait saliver, avec d’un côté les hommes du capitaine Sexton, vainqueurs six jours plus tôt de leur quatrième Pro14 consécutif, de l’autre un RCT en quête de pardon, une semaine après sa déculottée lyonnaise. Sauf que rien ne s’est passé comme prévu. Pour comprendre l’imbroglio qui a mené à l’élimination du RCT, il faut remonter à mercredi, date à laquelle les Varois réalisent leurs tests PCR hebdomadaires, avant de s’entraîner comme si de rien n’était. Sauf que les résultats qui tombent en fin d’aprèsmidi sont sans appel : un joueur de première ligne est positif à la Covid. Ce dernier est isolé, et Toulon prévient immédiatement l’EPCR. L’instance européenne cherche une explication, et demande au RCT de réaliser le « contact tracing » du joueur, afin de déterminer quels coéquipiers pourraient être cas contacts. Puis, après s’être assurés auprès de l’EPCR que la rencontre n’est pas remise en question, et qu’ils sont les bienvenus sur le sol irlandais, les Varois prennent l’avion jeudi matin à 8 heures.
LA DÉCISION TOMBE VENDREDI À 13 H 30
Pour autant, l’EPCR continue d’échanger avec sa commission médicale, afin de savoir si cette rencontre pourrait présenter un danger. Et jeudi soir, les dirigeants varois sont informés que le cas demeure « douteux, gênant », d’après Bernard Lemaitre. L’instance européenne propose alors de refaire « un test général », ce que le RCT accepte. Et si ce dernier révèle que les joueurs présents en Irlande sont tous négatifs, la commission médicale continue de s’inquiéter. La raison ? Le joueur aurait malgré tout pu contaminer certains coéquipiers, malgré l’absence de nouveau cas positif. L’EPCR propose alors à Toulon de remplacer les six joueurs de première ligne, tous cas contacts, alors même que les clubs ne peuvent qualifier que dix joueurs de première ligne en Coupe d’Europe. L’hypothèse est donc tuée dans l’oeuf, et Toulon commence à craindre une élimination sur tapis vert. La décision tombe finalement vendredi à 13 h 30, et l’EPCR communique en milieu d’après-midi : « Il a été décidé d’annuler le match », ce dernier ne pouvant être joué « en toute sécurité avec la participation de ces contacts identifiés. »
« UNE COMPÉTITION QUI NE NOUS MOTIVE PLUS »
Très rapidement, les Toulonnais - Bernard Lemaitre en tête - prennent la parole pour évoquer leur « dégoût ». Et si cette nouvelle défaite (la deuxième sur tapis vert cette saison après Llanelli en décembre, qui avait vu les Varois s’incliner pour leur refus de jouer suite à un cas de Covid découvert chez les Gallois) est un « scandale » pour le président toulonnais, c’est également le déroulé des faits qui écoeure côté RCT, avec une question en fond : pourquoi ne pas avoir pris cette décision dès mercredi, avant que les Varois ne se rendent en Irlande, sachant que l’issue semblait inévitable ? « Ce genre de situation ne se traite pas dans les heures qui précèdent le match. D’autant plus quand l’origine du problème se trouve plus de deux jours auparavant. » Les Varois quittent en tout cas la scène européenne avec un bilan de deux défaites et une victoire pour… un seul match joué, et menacent de ne plus participer à la Champions Cup, « une compétition qui ne nous motive plus ». Mettront-ils cette menace à exécution ? La seule certitude pour l’heure est que si l’épisode des Scarlets n’avait pas éliminé les Varois, celui du Leinster aura finalement eu raison du RCT, qui prend la porte sans combattre, et n’arrive pour l’instant à se défaire de cet immense sentiment d’injustice.