« Je restais parfois une fille »
Je ne suis plus journaliste à Midi Olympique, j’ai changé de vie et de métier. Et je dois avouer que j’ai été pas mal épargnée. Je pense avoir eu de la chance. D’évoluer dans une rédaction de presse écrite, d’abord, où l’image pèse moins qu’à la télé. Dans une rédaction composée de personnes de ma génération, surtout. De collègues qui sont devenus des amis pour certains et qui portaient un regard objectif sur mon travail. Bien sûr, certaines choses ont été dites qui ne se disent pas. Les seules remarques véritablement désobligeantes, sexistes ou déplacées que j’ai reçues sont venues des « anciens », pour qui je n’avais peut-être pas ma place malgré mes quinze ans de rugby et mon diplôme de journaliste. Embauchée sur le web, j’ai par exemple mis cinq ans avant d’écrire sur le journal (alors mieux vu au sein de la rédac) et le fait d’avoir été une fille n’y est pas étranger, je crois. J’ai aussi quasi systématiquement couvert les équipes féminines… Car j’étais une fille ! Il m’est arrivé de souffrir de ça, mais pas quotidiennement. Quand on est journaliste sportive et qu’on couvre des sports masculins, on a affaire à des joueurs et donc à des hommes. Eux aussi, parfois, m’ont fait sentir qu’une nana n’avait pas grand-chose à faire là. Ou qu’ils préféraient largement s’entretenir avec la fille qu’avec la journaliste, dans une chambre d’hôtel par exemple. Mais ça se compte sur le doigt de la main, très honnêtement. Alors je le répète, j’ai eu de la chance. Je garde de mes quinze ans de journalisme sportif, des souvenirs de finale de Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, d’hymnes magiques à Murrayfield et de finales de Top 14 avec des étoiles dans les yeux, la plume et le coeur.