De la dépossession à la possession
SUR LES DEUX PREMIÈRES ANNÉES DU MANDAT DE GALTHIÉ, LE JEU DES BLEUS A ÉVOLUÉ.
En deux ans, le jeu des Bleus a évolué. Et c’est bien logique car n’importe quel entraîneur vous dira qu’un projet de jeu se construit par étapes, en ajoutant progressivement des étages à la fusée. À sa prise de fonction, Fabien Gatlhié et son staff se sont donc attaqués à la base de la fusée : en l’occurence, la défense. D’autant qu’il avait spécialement recruté l’un des meilleurs spécialistes au monde pour s’occuper de ce secteur, l’Anglais Shaun Edwards. L’année dernière, on a donc eu le sentiment que les Bleus laissaient volontiers la possession aux adversaires. Ou plutôt, ils forçaient leurs adversaires à rendre le ballon, comme l’a observé Fabrice Landreau, l’ex-adjoint de Galthié : « Fabien s’est inspiré de ce que font les All Blacks et de l’Angleterre : l’objectif est d’envoyer le ballon le plus loin possible dans le camps adverse et d’appliquer une pression défensive très forte pour que l’adversaire redonne le ballon dans des meilleures conditions : soit par le biais d’une touche qui donnera la possibilité de faire un lancement en première main, un secteur où les Français excellent désormais, soit dans l’aire de jeu où certains joueurs considérés comme des facteurs X gagneront du terrain en remportant leurs duels. Et ça, on l’a très bien vu tant que Jalibert a été aux commandes. Car derrière, Ntamack n’a pas été capable de faire garder à sa ligne d’attaque le même niveau offensif dans le jeu à la main. Attention, il est très talentueux. Mais il manquait de compétition. Entre les deux, je trouve que
Jalibert a été plus mordant balle en main. »
UNE QUESTION D’ÉQUILIBRE
On a effectivement observé un glissement : à mesure que le Girondin s’est épanoui, Fabien Gatlhié lui a davantage laissé le loisir de porter le ballon. Cela s’est notamment vu en Angleterre. Mais plus globalement, les Bleus sont toujours en quête d’équilibre entre la possession et la dépossession, comme nous le rappelait le sélectionneur écossais Gregor Townsend vendredi dernier : « Depuis la Coupe d’Autmone, les équipes européennes sont revenues à une philosophie un peu plus positives, en essayant de tenir davantage le ballon. L’équipe de France a toutes les cartes en main pour pratiquer tous les styles de rugby : des talents pour jouer au large, de la puissance pour un jeu plus direct, une bonne organisation défensive pour se séparer du ballon et mettre la pression à l’adversaire… Il ne lui manque qu’à trouver un bon équilibre entre les différentes formes de jeu. »