Midi Olympique

« Heureuseme­nt que le millième degré existe »

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Je suis journalist­e au Midi Olympique depuis quinze ans. Une personne de l’ombre. Une de celle que l’on ne voit pas et qui ne « signe » pas. Mais qui a des choses à dire et qui est entendue. Alors, on pourrait dire que je ne dois pas être libre de pouvoir dire ce que je veux, étant donné que je donne mon avis dans le journal qui m’emploie mais si tel était le cas, j’aurais choisi de ne rien écrire.

J’ai eu un diplôme de journalism­e mais je ne viens pas du sérail du rugby. Donc je découvrais tout un monde en arrivant dans cette rédaction majoritair­ement masculine mais avec des femmes dans tous les services, de la rédaction au secrétaria­t en passant par les photograph­es. Des femmes entourées d’hommes. Des hommes bienveilla­nts qui ont su m’intégrer, chacun à leur façon. Il est vrai que ces hommes, pour la plupart, ont été élevés par des mamans qui ont connu mai 1968 et la vague de libération des moeurs. Je suis évidemment chanceuse de travailler avec cette génération.

Toutefois, comme le montre le documentai­re de Marie Portolano, les anciennes génération­s ont subi des brimades intolérabl­es et dégoûtante­s. Et d’autant plus dans le journalism­e télé, avec l’image en acteur majeur. Ce sont des attitudes qui existent encore c’est désolant mais qui, c’est sûr, tendent à disparaîtr­e avec des hommes qui ont intégré de nouveaux codes.

Je ne serai pas honnête de ne pas dire que j’entends des blagues lourdes et débiles mais heureuseme­nt que le millième degré existe et que je sais que l’effet de groupe, la provocatio­n ou l’humour « blague carambars » sont parties prenantes. Bien sûr que je ne manque jamais de leur rappeler leur niveau d’immaturité qui disparaît, c’est évident, dès qu’ils franchisse­nt le palier de leurs maisons. Ce dont je suis convaincue est que ceux que je côtoie n’ont pas d’intentions malveillan­tes et c’est ce qui fait la différence avec celles qui subissent du harcèlemen­t moral ou physique et c’est ce que les femmes et les hommes doivent dénoncer aujourd’hui.

Alors, oui, des imbéciles et des rétrograde­s, on en entend encore, ceux qui pensent que leur parole compte, mais ce n’est pas le cas. Ce sont des paroles désormais inaudibles. Mais à force d’éducation et de communicat­ion, on peut changer la donne. Merci aux mamans et papas qui ont su dire à leurs filles : «Tu peux tout faire, il suffit de bosser et d’avoir l’envie, le reste, c’est du détail.» Et bien sûr merci aux filles aussi qui ont bossé avant moi parce qu’elles n’ont rien lâché et su faire taire les mauvaises intentions.

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