Toulouse, destin animé
FACE À UNE ÉQUIPE QUI LEUR A PLUTÔT BIEN RÉUSSI CES DERNIÈRES SAISONS, LES STADISTES VEULENT RESTER SUR LA LANCÉE DE THOMOND PARK ET CROIRE DE NOUVEAU EN LEUR ÉTOILE EUROPÉENNE.
Forcément, à peine l’exploit au Munster savouré, il fut demandé à Ugo Mola samedi dernier s’il avait pu observer la victoire de Clermont, juste avant, sur le terrain des Wasps. « J’ai eu peu de temps mais j’ai jeté un oeil », s’est d’abord contenté le manager du Stade toulousain. Logique puisque ce duel franco-anglais allait définir le potentiel adversaire des Rouge et Noir en quart de finale. C’est donc l’ASMCA qui en est sortie victorieuse, au bout du bout du suspense… Ce qui n’avait pas échappé au technicien toulousain : « La victoire de l’ASM aux Wasps, à la 82e minute, montre du caractère, ce qui est essentiel dans ce sport mais pas toujours simple à définir et une capacité à renverser les choses avec un Damian Penaud stratosphérique. »
Lui, comme ses hommes, sait donc à quoi s’attendre. D’autant plus face à un concurrent que les derniers champions de France ont l’habitude de croiser. C’est d’ailleurs l’équipe auvergnate qu’ils avaient battue au Stade de France, en finale du Top 14, en juin 2019… « On les connaît par coeur et eux nous connaissent aussi bien, explique Romain Ntamack. Ce sera une nouvelle fois un match de niveau international et j’espère qu’on pourra réitérer l’exploit là-bas, en jouant notre rugby. » En clair, rester sur la lancée de Thomond Park, là où, sans se renier et avec toujours autant d’enthousiasme, Toulouse a franchi un nouveau cap dans son évolution. Repoussant les limites qui avaient été les siennes lors des demi-finales au Leinster en 2019 et à Exeter en 2020.
MOLA : « CE GROUPE EST DIFFÉRENT »
Reste que, pour prolonger l’euphorie d’une compétition qui fait tant rêver un club qui a glané le dernier de ses quatre titres européens voilà onze ans, il faudra encore s’exporter avec succès. Comme à l’Ulster pour le seul match de poule disputé cette saison, et comme à Limerick. « Nous avons eu droit à la Red Army au Munster, il faudra répondre à la Yellow Army à Clermont, ironise Mola. C’est une équipe qui reste une référence française et européenne. Elle est en confiance. Je ne vais pas faire le jeu de l’outsider et du favori mais c’est déjà un peu écrit (sourire). » Et Cyril Baille d’ajouter : « C’est une formation qu’on redoute, comme toujours. » Même si, ces dernières saisons, elle lui a plutôt bien réussi.
Les deux derniers déplacements au Michelin ne se sont certes pas soldés par des succès mais, paradoxalement, ils ont pu offrir un avantage psychologique aux visiteurs. En décembre 2018, ils y avaient arraché un match nul avec une équipe totalement remaniée et, lors de la 1re journée du Top 14 en cours, même réduits à treize contre quinze, ils avaient délivré un récital offensif pour une victoire presque miraculeuse de l’ASMCA. Mais diminués dans la ligne de trois-quarts par les absences notables de Guitoune et Ramos, puis émoussés au sortir d’une éreintante période internationale, les hommes d’Ugo Mola ont-ils les ressources pour forcer encore leur destin continental ? Justement, ils veulent croire en leur étoile : « J’ai la chance d’avoir un groupe qui n’a pas trop besoin d’être soudé, avec des fratries nombreuses, avec des gamins qui jouent ensemble depuis l’âge de 11, 12 ou 13 ans. Humainement et affectivement, ces garçons sont liés et ont envie de vivre des choses ensemble. La qualité des joueurs dont on dispose, malgré les blessures ou les problématiques des dernières semaines, montre encore que ce groupe est différent, particulier. Ils ont conscience qu’il faut profiter de chaque instant, que tout est fragile. » Sauf peut-être leur progression.