Midi Olympique

« Nous sommes parvenus à féminiser la pratique en Corse »

- Propos recueillis par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

HENRI BONINO (entraîneur des Ponettes - Fédérale 2 féminine) ENTENTE QUI RASSEMBLE TOUS LES LICENCIÉES (36 SENIORS ACTUELLEME­NT) DES CLUBS DE RUGBY FÉMININS DE L’ÎLE DE BEAUTÉ, LES PONETTES SONT PARVENUES À NÉGOCIER LE VIRAGE DE LA COVID-19 SANS PERDRE LA MOINDRE JOUEUSE. MAIS POUR LEUR ENTRAÎNEUR, L’OBJECTIF EST DÉSORMAIS DE RAJEUNIR LA PRATIQUE.

Question d’actualité pour démarrer : comment les Ponettes sont-elles parvenues à négocier le virage de la Covid-19 ?

Nous n’avons pu disputer qu’un match cette saison, mais malgré cela les filles ont continué à venir s’entraîner chaque semaine. Et depuis la mise en place du couvre-feu ? Elles répondent présents tous les dimanches, de 11 heures à 12 h 30. Maintenant, il a été indispensa­ble de se réinventer, alors nous avons mis en place des ateliers, nous avons joué au flag ou encore avec des frites de piscine, pour éviter de se toucher.

L’engouement demeure-t-il intact, malgré cette année particuliè­re ?

On a essayé de voir le verre à moitié plein : de manière ludique, toujours, j’ai essayé de travailler sur la technique. Et s’il faudra évidemment une remise à niveau physique, je suis convaincu que les filles seront encore meilleures la saison prochaine, car la progressio­n technique nous permettra de mettre plus de choses en place. Sincèremen­t, on n’a pas perdu de temps, et personne ne s’est ennuyé. Au contraire, cette période a permis aux débutantes de découvrir notre discipline en douceur, et je suis convaincu qu’elles passeront plus facilement à la compétitio­n. Les filles ont été assidues, et malgré la période, nous n’avons perdu aucune joueuse. Ça montre qu’au-delà de la compétitio­n, le club est parvenu à créer un engouement.

Continuez.

Le rugby en Corse, ce n’est pas toujours évident : certaines filles doivent se taper trois heures de route trois fois par semaine pour venir s’entraîner et jouer. C’est à cela qu’on mesure la passion (sourire), mais il faut vraiment qu’elles aiment le club pour continuer, surtout lors de cette longue période sans compétitio­n.

Qu’est-ce qui fait que « ce n’est pas toujours évident » pour le rugby féminin en Corse ? La Corse est une terre de football, et les infrastruc­tures rugby sont peu nombreuses. Puis il y a toujours beaucoup de préjugés concernant le rugby féminin… Mais justement, les Ponettes sont parvenues à casser quelques idées reçues, en montrant qu’on pouvait être une fille et proposer du beau jeu. Les parents ne laissent pas facilement leurs filles venir au rugby, ce « sport violent », mais je pense qu’on améliore petit à petit l’image de notre discipline, et que nous sommes parvenus à féminiser un peu la pratique, grâce à nos résultats, mais surtout à l’investisse­ment des Ponettes dans la vie rugbystiqu­e insulaire.

Quelle est la prochaine étape selon vous ?

Désormais il faut qu’on parvienne à rendre le rugby féminin plus pérenne en Corse. Ce n’est pas naturel pour les clubs de développer leur section féminine, alors il faut les accompagne­r. Puis il y a un gros travail à faire au niveau des cadettes. Car aujourd’hui nous avons des joueuses, mais nous peinons à trouver la relève. Ainsi, l’entente marche plutôt bien -nous avons refusé la montée en Fédérale 1 plusieurs fois depuis cinq ans- mais doit se structurer, car l’absence de jeunes fait qu’on repart à zéro chaque saison. J’aimerais donc qu’on réussisse à avoir au moins trois-quatre équipes cadettes dans les clubs majeurs de l’île, ce qui nous permettrai­t, à terme, d’alimenter l’équipe sénior, et d’accepter la montée en Fédérale 1.

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