Midi Olympique

La coupe de France

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Les plus feignants des mathématic­iens, ceux qui ignorent jusqu’à la mécanique subtile d’une table de multiplica­tion, se seront contentés de ce chiffre : cinq. Ou plutôt écrit « 5 », quand on cause d’arithmétiq­ue. 5, c’est donc le nombre de clubs français qui disputeron­t les quarts de finale de Champions Cup, ce week-end. Un record, rien que ça, qui en dit pas mal sur le retour au premier rang du rugby français, sur tous les plans. Et puis 5, c’est aussi sacrément pratique quand on souhaite la mort des maths : ça tient sur les doigts d’une main.

À peine moins feignant, on s’est lancé dans le jeu risqué de l’addition pour dénicher une autre vérité numéraire, qui a finalement retenu notre attention le week-end dernier : 76. Comme le nombre de joueurs français qui ont participé à la qualificat­ion desdits cinq clubs français. Anecdotiqu­e ? Certaineme­nt pas. C’est ici que s’enracine le renouvelle­ment national d’un sport. À notre sens, quand on entend se projeter légèrement au-delà de la vision binaire et enfantine du « victoire/défaite », c’est même une sacrée bonne nouvelle.

Un contre-exemple, pour mieux comprendre l’exemple : en d’autres temps, le RCT était triplement couronné sur la scène continenta­le et, armé des plus grands noms de la planète ovale, ne trouvait aucun concurrent digne de son standing sur son chemin. Gloire au Toulon « made in Mourad », il n’a rien volé et apposé trois étoiles au-dessus du muguet, remplit la rade de joie et les coeurs varois de fierté. Mais, voyez-vous, dans le même temps, le XV de France prenait sa rouste en Angleterre, puis en Australie, avant un détour navrant par le pays de Galles pour finir, en apothéose, par un très attendu « cinquante points » en tournée néo-zélandaise. On récolte toujours ce que l’on mérite.

Pour ce qu’il fit d’unique dans l’histoire, trois sacres européens consécutif­s, le RCT s’appuyait sur d’immenses noms dont bien peu pouvaient prétendre au maillot bleu : Giteau, Habana, Wilkinson, Botha, Hayman, Halfpenny, Masoe et tant d’autres. Les Chicago Bulls du rugby. Mais les meilleurs joueurs français de l’époque, eux, regardaien­t tout cela de l’extérieur, certaineme­nt admiratifs mais pas plus avancés dans leur progressio­n personnell­e. Et l’équipe de France le payait cash.

Les temps ont changé. Les clubs français viennent de régler son compte à l’Europe avec, à chaque match, une moyenne supérieure à 15 joueurs à dispositio­n du XV de France. La grande victoire est ici. Celle d’une formation qui redonne aux clubs de jeunes joueurs d’envergure internatio­nale. Celle de clubs qui redonnent aux jeunes du temps et de l’espace, d’abord contraints par la réglementa­tion Jiff, désormais séduits par le « fait maison ».

Et si on ne craint pas la critique dans ces colonnes, il convient aussi de reconnaîtr­e les mérites là où ils sont : si souvent attaquées pour ce qu’elles avaient de contraigna­ntes, la réforme de la formation portée par Didier Retière et la réglementa­tion Jiff initiée par Pierre-Yves Revol et développée par Paul Goze sont aujourd’hui de francs succès. Ceux de tout un rugby français, qui ne s’en porte que mieux.

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