Midi Olympique

« La Rochelle solide, surprise du Leinster, serré entre l’UBB et le Racing, net avantage pour Toulouse »

- Propos recueillis par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

LE PREMIER QUART OPPOSERA LA ROCHELLE À SALE. TOUS LES FEUX SONT-ILS AU VERT

POUR LES MARITIMES ?

Oui mais Sale est une équipe qui fait des coups d’éclat, avec notamment quelques grosses performanc­es en championna­t ces dernières années, malgré sûrement un manque de régularité. Sale a les armes pour poser des problèmes à des adversaire­s de haut calibre, comme on l’a vu dimanche dernier. La Rochelle, c’est solide toutefois et, même si le duel promet d’être difficile, le coeur rochelais fera peut-être la différence pour l’emporter. Je crois que cette formation a beaucoup appris sur les précédente­s saisons. Je pense ainsi que des matchs couperets de phases finales, contre Toulon à Marseille, où ils perdent à la fin sur le drop-goal de Belleau (en 2017) ou face à Toulousen lors de la demie perdue à Bordeaux (en 2019), ont été des expérience­s qui leur ont permis de progresser. Ces rendez-vous ont montré qu’ils étaient en pleine évolution mais pas encore au niveau des plus grands. J’ai le sentiment que, cette année, ils ont l’air d’avoir passé un cap. Ils l’ont prouvé plusieurs fois en Top 14, avec notamment cette victoire récente à Bordeaux. C’est une équipe très offensive, justement à l’image du Toulon d’il y a quelques années ou du Toulouse d’aujourd’hui, avec des joueurs puissants devant, une troisième ligne mobile et des feux follets derrière. Je retrouve ce même profil, avec peut-être un peu moins de talents qu’à Toulouse. Mais le succès à Gloucester démontre que La Rochelle a monté le curseur, avec de beaux essais, du jeu après contact et dans l’axe et une belle finition de trois-quarts séduisants.

QUEL REGARD PORTEZ-VOUS

SUR LE CHOC ENTRE EXETER

ET LE LEINSTER, UNE SORTE DE FINALE AVANT L’HEURE ?

C’est un duel de champions. Je suis un peu déçu que ces deux équipes se retrouvent à ce stade de la compétitio­n parce qu’Exeter est le tenant du titre et que le Leinster est un habitué des finales et des derniers carrés. C’est presque dommage. Les Chiefs se sont fait un peu surprendre contre Lyon, en se faisant prendre dans les couloirs comme l’avait déjà identifié le Racing en final de Champions

Cup, ils ont aussi eu des déconvenue­s en championna­t… C’est le problème d’enchaîner autant. Après le premier confinemen­t, ils ont fini le championna­t anglais puis la précédente Coupe d’Europe, avant de passer sur un nouveau championna­t et une nouvelle Coupe d’Europe. Cela peut expliquer un certain passage à vide, surtout pour une formation très axée sur l’intensité physique et la puissance. Je ne sais pas vraiment dans quel état les Anglais se trouvent aujourd’hui pour résister au Leinster. Je verrais peut-être bien une surprise avec un succès des Irlandais, d’autant qu’ils sont moins naïfs que les Lyonnais, pour ne pas commettre les mêmes erreurs. En quart de finale, il y a toujours une victoire à l’extérieur et, avec les stades vides, j’ai le sentiment qu’il peut y en avoir bien plus encore, comme ce fut le cas en huitième. Exeter, c’est très costaud mais on n’a pas pu jauger le Leinster le week-end dernier (succès sur tapis vert contre Toulon, N.D.L.R.). Cette équipe est une forte ossature de la sélection irlandaise, qui reste sur un gros match contre l’Angleterre. Il y a un coup à jouer pour le Leinster.

POUR LE PREMIER DUEL FRANCOFRAN­ÇAIS, QUI SERA FAVORI : BORDEAUX OU LE RACING ?

Difficile à dire. Le match de Bordeaux-Bègles contre Bristol ressemble à ce que j’avais annoncé, à savoir que la folie bordelaise a été décisive. Je n’ai pas trouvé beaucoup de constructi­ons du côté de l’UBB mais une grosse défense pour étouffer les Anglais. Les Girondins y sont parvenus même s’ils ont été surpris sur un essai d’entrée. Mais j’ai quand même vu beaucoup d’indiscipli­ne, ce qu’ils devront rectifier. C’était certaineme­nt dû à un trop-plein d’envie de se racheter du weekend précédent (défaite à domicile contre La Rochelle). En face, le Racing a perdu de gros éléments. Sur le jeu, et je ne veux pas lui manquer de respect, se passer de Henry Chavancy n’est pas si préjudicia­ble mais c’est tout de même le capitaine qui va manquer. Vakatawa a aussi été touché, Bird est forfait. Après, les Racingmen gardent tellement d’armes, une telle puissance. Ils sont capables de ne pas trop s’exposer pour construire leur victoire, au contraire de Bristol qui a joué de partout, un peu naïvement. Les épreuves tests de cette rencontre seront la conquête et la discipline. Ce sont deux équipes joueuses, avec un Racing plus puissant devant. Mais les Bordelais sont si décomplexé­s… C’est dur de donner un favori. Peut-être le Racing, qui est habitué à ce genre de grand rendez-vous à l’extérieur, comme l’an dernier à Clermont. Comme le bon vin, il sait s’exporter ! Mais l’UBB sait répondre présente. Pourra-t-elle compenser son manque de densité ou de structures de jeu par son mouvement et sa folie encore ? Les Girondins envoient des signaux de mecs qui se démènent, qui mettent énormément d’énergie pour provoquer les choses, à l’image de Rémi Lamerat qui sautent partout sur les adversaire­s. Est-ce que cela suffira à dérégler le Racing, une équipe sûre d’elle ? C’est possible, d’autant plus que l’UBB est à domicile. Cela promet d’être serré.

ENFIN, CLERMONT ET TOULOUSE SONT DEUX HABITUÉS DE LA SCÈNE EUROPÉENNE. À QUI DONNER UN AVANTAGE ?

Avant même d’évoquer le huitième de finale des deux équipes, j’aurais donné un net avantage aux Toulousain­s. Au vu de la maîtrise et des qualités offensives du Stade toulousain, je ne vois pas comment Clermont va pouvoir s’en sortir sur quatre-vingts minutes. Individuel­lement, l’ASM possède de superbes joueurs. L’arrivée de Sébastien Bezy a aussi amené une plus-value et la transmissi­on se fait bien avec Morgan Parra. J’ai l’impression qu’ils ont trouvé une entente et un rythme de croisière ensemble. Mais cette équipe reste en chantier et n’arrive pas encore à trouver assez de régularité, même en Top 14. C’est vrai aussi sur le contenu des matchs, comme on a pu le voir aux Wasps. Malgré un bon départ, les Auvergnats ont ensuite couru derrière le score toute la rencontre et gagnent sur cette dernière action, un peu miraculeus­e. S’il y avait du public à Marcel-Michelin, mon regard aurait été différent mais le fait d’évoluer à domicile peut même leur mettre une pression supplément­aire sur les épaules. Je ne les imagine pas, en quelques jours, élever suffisamme­nt le niveau pour être au-dessus du Stade dimanche. À l’heure actuelle, ça va très vite et c’est très puissant à Toulouse. Peut-être trop pour Clermont aujourd’hui.

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