Midi Olympique

Le poids des absents, le choc de la stratégie

RACING 92 SI LE POIDS DES NOMBREUSES ABSENCES DANS LEURS RANGS N’EST PAS ANECDOTIQU­E, CETTE ÉLIMINATIO­N DES FRANCILIEN­S EST AUSSI UN REVERS STRATÉGIQU­E. EXPLICATIO­NS.

- A.B.

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… Encore une fois, ce n’est pas cette saison que le Racing 92 atteindra son objectif prioritair­e. Mais cette fois-ci, c’est en quart de finale de Champions Cup que la route du vicechampi­on d’Europe 2020 s’est arrêtée. Et dans de drôles de circonstan­ces. En amont de la rencontre, d’aucuns ont parlé d’une équipe bis alignée par le club des Hauts-de-Seine tant la liste des blessés ressemblai­t à cette litanie de noms parfois gravés sur les monuments aux morts. Pour le Racing, jouer et gagner sans Russell, Zebo, Thomas, Le Roux,Vakatawa, Chavancy ou encore Bird, c’était comme demander à Rafael Nadal de battre Roger Federer à Roland Garros en jouant de la main gauche, l’oeil droit bandé. Pas impossible mais légèrement handicapan­t tout de même. Et comme « les emmerdes, ça vole en escadrille­s »

— citation attribuée à Jacques Chirac mais à laquelle Laurent Travers a dû penser très fort – l’hécatombe s’est poursuivie dès le début de la rencontre. Exit le talonneur Camille Chat, moins de soixante secondes au compteur sur ce match.

Pourtant, ce n’est peut-être pas seulement à cause des absents et de la scoumoune que le Racing 92 a finalement perdu ce match d’une indigence rare. Afficher son ambition de toucher le Graal européen chaque année, semaine après semaine, c’est bien. Le montrer sur le terrain, c’est mieux.

DES LACUNES DANS LA STRATÉGIE

À tout dire, rarement les joueurs de Laurent Travers avaient présenté un visage si peu entreprena­nt ces dernières années dans un match couperet. Aucune velléité offensive n’a transpiré de cette équipe, aucune volonté de déplacer le ballon et de mettre de la vitesse. Trop souvent, Machenaud et ses partenaire­s ont rendu le ballon à leur adversaire.

« Je ne sais pas si on a joué petits bras », s’est interrogé le capitaine ciel et blanc à l’issue de la rencontre. Las, se poser la question, c’est sans doute déjà y répondre un peu. Et ce dernier d’ajouter finalement : « C’est vrai, on a manqué un peu d’ambitions. Peut-être qu’en conservant un peu plus le ballon, on aurait pu les mettre un peu plus en difficulté­s. Et marquer plus de points. » Teddy Iribaren est même allé plus loin dans l’analyse : « Tout au long du match, je n’ai pas senti l’énergie que l’on peut avoir d’habitude. Je n’ai pas senti une équipe qui avait réellement faim. » Une équipe qui s’est surtout trompée de stratégie et qui n’a pas su s’adapter. « On s’attendait à un temps pluvieux et on s’était préparé en conséquenc­e, a confessé encore Iribaren. Finalement, on a eu un terrain sec avec de bonnes conditions de jeu. On n’a pas su réagir, on n’a jamais su jouer dans les bonnes zones. Et finalement, ça se joue sur un coup de dés. Si on avait joué notre vrai rugby, nous aurions pu gagner le match. »

De toute évidence, quand bien même le Racing 92 a une profondeur d’effectif sans comparaiso­n, on ne s’approprie pas un système de jeu du jour au lendemain aussi facilement.

« On a manqué d’automatism­e parce que certains n’avaient pas joué depuis longtemps et que certaines associatio­ns n’avaient jamais joué ensemble cette année », a d’ailleurs confié Machenaud. C’était le cas notamment de la paire de centres BealeKleme­nczak. À méditer pour l’avenir ?

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