Midi Olympique

Matthieu Jalibert, l’incontourn­able

UN HOMME DANS LE MATCH - MATTHIEU JALIBERT L’OUVREUR GIRONDIN A ENCORE ÉTÉ L’ATTRACTION DE L’APRÈS-MIDI, AVEC UNE OMNIPRÉSEN­CE AU PIED ET UN ÉPILOGUE D’UNE TENSION EXTRÊME.

- J. P.

Il s’est exprimé avec sa maîtrise habituelle, lucide, mais désireux de ne pas tirer la couverture à lui. « C’était quart de finale, tout simplement. Il y a eu de l’intensité. Cela s’est joué à peu de choses. Je suis tellement content parce qu’on a failli perdre le match juste avant, à cause de moi (allusion à la pénalité qu’il causa après une feinte de trop face à la défense, N.D.L.R.). Mais l’équipe a été incroyable et aujourd’hui je suis tellement content d’avoir pu la récompense­r. »

Il y a des jours où on aimerait presque rendre hommage à quelqu’un d’autre, pour faire un peu tourner l’encensoir. Mais il était impossible après ce match de ne pas mettre un coup de projecteur de plus sur Matthieu Jalibert. Le phénix bordelais a brillé sur tous les tableaux, les 24 points sont à son actif, huit sur neuf dans ses tentatives. La plus grosse occasion d’essai aussi, au relais d’une percée de Higginboth­am, il lui a manqué vingt centimètre­s. Il s’est même permis à 21-18 de faire ce crochet suicidaire face à la défense agressive des Francilien­s, plaqué au sol, il se mit à la faute, un peu comme un acte manqué, celui d’un gars conscient de son talent mais qui aspire aussi être considéré comme un joueur parmi les autres. 21-21.

Et puis, cette ultime pénalité offerte par le destin à 55 mètres des poteaux, mais avec le zéphyr dans son dos. « À ce moment-là, j’ai su qu’il allait la mettre. Il m’a regardé. J’ai compris, je n’ai pas douté un seul instant. Ça s’appelle l’orgueil du champion. Et en plus, vous l’avez remarqué, il n’a pas tergiversé », narrait Christophe Urios qui après tout, doit à son ouvreurbut­eur lui aussi sa première demi-finale de Champions Cup. Mais l’entraîneur de l’Union Bordeaux-Bègles, tout à son admiration nous fit l’honneur de se montrer rétif à la langue de bois : « Oui, la pénalité qu’il a causée, nous a « foutu les boules ». Après un ballon fauché en touche en plus. Il ne doit pas faire ça, Matthieu. Mais on lui pardonnera et au retour des vestiaires, je l’ai félicité. »

C’est l’éternel destin des joueurs décisifs, des buteurs surtout, que de voir résumer leurs performanc­es à des moments clé. Vision ingrate et à double tranchant car eux aussi doivent « assurer » durant quatre-vingts minutes.

UNE CONFIANCE ABSOLUE

Analyser le match de Matthieu Jalibert, c’est aussi rendre compte de son rôle dans l’applicatio­n du plan de jeu de son staff, pas forcément conçu pour le faire briller de mille feux. « Bien sûr, je l’ai trouvé moins flamboyant que d’habitude, même si sur une ou deux actions, il a été dangereux. Mais il a été très, très bon sur l’occupation du terrain, comme Max Lucu et Romain Buros. Là où il progresse le plus, c’est dans la gestion du match en général. »

Jefferson Poirot aussi avait son avis sur la performanc­e de son cadet : « C’est drôle, car dans les cinq dernières minutes, si on met de côté sa faute, il s’est montré d’un niveau incroyable dans l’alternance. Je veux dire, dans la façon de coincer l’adversaire dans ses 22, le plus près possible de leur ligne. »

Il n’a pas douté sur la fameuse pénalité de la 82e : « J’ai tout de suite pensé qu’il fallait la tenter. J’avais vu à l’échauffeme­nt que Matthieu l’avait dans les jambes. En plus, on ne risquait rien, le Racing n’aurait pas contre-attaqué. Mais depuis janvier, j’ai l’impression que Matthieu ne fait que monter. En tant que capitaine, ça me donne une sacrée confiance d’avoir un buteur aussi sûr et un joueur tel que lui. »

 ?? Photo Justine Hamon ?? Malgré une pénalité concédée en toute fin de rencontre, qui a causé le retour des Racingmen à 21-21, le demi d’ouverture Matthieu Jalibert s’est illustré en passant la pénalité de la gagne à 55 mètres des poteaux. Ce dimanche, il a inscrit tous les points de son équipe.
Photo Justine Hamon Malgré une pénalité concédée en toute fin de rencontre, qui a causé le retour des Racingmen à 21-21, le demi d’ouverture Matthieu Jalibert s’est illustré en passant la pénalité de la gagne à 55 mètres des poteaux. Ce dimanche, il a inscrit tous les points de son équipe.

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