Midi Olympique

« J’espère que ce n’est qu’une étape »

- Propos recueillis par R. A.

ROMAIN SAZY (Deuxième ligne de La Rochelle) PLUS ANCIEN JOUEUR DE L’EFFECTIF, AUTEUR DE SON 270E MATCH EN JAUNE ET NOIR, LE CAPITAINE ROCHELAIS PREND LA MESURE DE L’ÉVÈNEMENT QUE REPRÉSENTE UNE PREMIÈRE QUALIFICAT­ION DANS LE DERNIER CARRÉ EUROPÉEN. NON SANS VOIR BIEN PLUS LOIN.

Romain, vous avez souvent une pensée pour les anciens du club. Où situez-vous cette performanc­e dans l’histoire moderne du Stade Rochelais ?

Tout d’abord, c’est la vérité. Le club s’est structuré grâce aux résultats des génération­s passées. Les mecs avant nous ont permis que certains joueurs arrivent dans un club comme ça. Avant le match, j’ai reçu pas mal de messages d’anciens. C’est là que l’on voit que les valeurs restent et c’est important, cette transmissi­on. Après, je pense que c’est encore une étape. On a franchi une étape. On a eu ce quart de finale, il y a trois ans, aux Scarlets (défaite 2917, N.D.L.R.). Ce n’était pas passé loin. Mais on n’était peut-être pas assez complets. Là, c’est plaisant car il y a quarante mecs qui filent droit toute la semaine, dans la même direction, avec beaucoup d’efforts. La puissance du groupe est là.

Y a-t-il de l’émotion d’être en demi-finale pour la première fois ?

Forcément. Tu entres dans le dernier carré, c’est énorme. Après, ce n’est qu’une étape dans le développem­ent du club. Elle n’est pas volée. C’est une belle récompense pour le club, pour tout l’investisse­ment des dirigeants. Je pense à beaucoup de monde. C’est un peu délicat de vivre des moments comme ça avec des tribunes vides. Ça fait très longtemps que je suis là et, des sièges vides, j’en ai rarement vu. Ça fait chier, c’est un peu douloureux. On espère avoir rendu beaucoup de monde heureux. La famille aussi. On est très contents d’envoyer un message aux supporters. Ils étaient là, juste avant le match, pour nous dire qu’ils ne nous oublient pas. On ne les oublie pas non plus.

Quelle analyse faites-vous de ce match face à Sale ?

Ils sortaient d’une grosse performanc­e contre les Scarlets. En regardant le match, dimanche, je me suis dit : « Aïe, comment on va faire ? ». Après, je me suis amusé à regarder les compos. Il y a deux ans (en demi-finale de Challenge Cup, N.D.L.R.), c’était quasiment la même compo. Donc, je me suis dit : « Il y a quand même moyen, on va faire quelque chose ». Sur la première mi-temps, des erreurs nous mettent dedans. Après leur essai à la dernière seconde (40e+2), on se retrouve à + 2 (18-16) au lieu de + 9. Après, dans l’envie, on a comblé l’erreur du copain à côté comme à Gloucester, c’est ce qui est le plus plaisant. On ne lâche pas. Même à la fin, quand je vois comment on défend pour ne pas prendre un dernier essai, c’est ultra-positif pour la suite.

Vous prenez votre envol au retour des vestiaires…

Leur essai met un peu de doute dans le vestiaire. Le discours des coachs a été clair. Le nôtre aussi : continuons, arrêtons de faire ces fautes. Le moment clé du match, c’est cet essai en première main au début de la seconde mi-temps (42e). Il nous permet de nous lâcher. C’est là qu’on a mis la marche avant. En mêlée, on a bien dominé, on récupère des ballons importants. La conquête a répondu présent. Et, derrière, quand ils sont comme ça, c’est difficile de les arrêter.

Cette qualificat­ion vous ouvre-t-elle l’appétit ?

Bien sûr. Quand tu es en demie, tu veux encore passer une étape. J’espère que ce n’est qu’une étape. Le groupe s’est enrichi. On a pris conscience, aussi, des efforts à faire la semaine. Et quand on est payé comme ça, ça ne te donne qu’une envie : en refaire. La dynamique est là. On va la garder jusqu’au bout.

Les louanges vont pleuvoir, à votre sujet…

Par expérience, on n’a jamais trop parlé. On va laisser les autres parler et se concentrer sur nous, surtout. On est restés nous-mêmes toute la semaine. On n’a rien inventé du tout. Tout le monde était focus. On verra ce qui se passe par la suite. Par contre, la parenthèse coupe d’Europe, il faut la fermer. Les Lyonnais arrivent le week-end prochain et ils sont plutôt en forme aussi. La transition est parfois délicate donc focus dès ce lundi. Il faut vite basculer.

« On n’a jamais trop parlé. On va laisser les autres parler et se concentrer sur nous, surtout. On est resté nous mêmes, toute la semaine. On n’a rien inventé du tout… »

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Le capitaine Romain Sazy a été un élément central de la première qualificat­ion de l’histoire du club rochelais pour le dernier carré européen.

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