Midi Olympique

Une rivalité historique ravivée

- Par Guillaume CYPRIEN

Quand pour la première fois depuis des lunes, le Stade français et le Racing Club de France s’étaient de nouveau retrouvés sur un terrain de rugby, plus de 80 ans après leurs dernières confrontat­ions historique­s, leur faceà-face figurait les grands dilemmes philosophi­ques de l’époque. Nous étions au coeur de la saison 1996-1997. Max Guazzini et Bernard Laporte construisa­ient leur nouvelle équipe avec leur méthode au pied de biche, à coups de recrutemen­ts retentissa­nts, quand le Racing qui filait un mauvais coton, envoyait sa jeunesse au front dans une dernière tentative de rester dans l’élite. La querelle des anciens contre les modernes s’était exprimée ici, dans ce match assez informel, programmé à l’occasion d’une Coupe de France éphémère, imaginée quand les doublons ne faisaient pas encore le débat d’aujourd’hui. L’ancien Jean-Bouin avait fait salle comble de Francilien­s excités par cette rivalité historique renaissant­e. Le Racing, emmené par les champions de France Crabos Thomas Lombard, Michel Macurdy, Raphaël Jéchoux, Marc Lajus, ou Nicolas Leroux, s’était démené pour donner du fil à retordre aux premiers soutiens « Laportien ». « Ce derby m’a beaucoup marqué puisque Bernard m’avait contacté juste après pour me faire venir au Stade. Il avait trouvé que j’avais fait un bon match et m’avait débauché. C’était difficile à l’époque de quitter ses copains pour aller tenter son aventure personnell­e », se souvient Thomas Lombard, le directeur général du Stade français. Mais depuis, ce derby francilien si particulie­r dans son essence, puisqu’il remonte aux origines de ce jeu, n’a jamais totalement trouvé sa place dans le folklore hexagonal.

CEUX QUI L’ONT DISPUTÉ EN CADETS…

La ferveur des supporters étant de moindre sonorité qu’ailleurs, ce sont les « punchline » présidenti­elles ou les enjeux comptables qui ont souvent guidé l’âpreté des débats. Et si on excepte la saison 20142015, celle du dernier titre stadiste, quand les deux équipes voyageaien­t dans les mêmes eaux du classement, les situations différente­s des deux équipes ont souvent rabaissé sa valeur. Après la première rencontre de 1997 de feu la Coupe de France, il avait fallu attendre plus de dix années avant les retrouvail­les officielle­s en championna­t de France. La chute du Racing en Pro D2 au début des années 2000, avant la reprise par Jacky Lorenzetti, avait séparé les clubs d’une division. Ils s’étaient retrouvés en

Top 14 officielle­ment le 21 novembre 2009, à Colombes, pour une victoire de l’équipe de Pierre Berbizier (20-18). Le Stade français se trouvait alors dans une chute libre. Les entraîneur­s Christophe Dominici et Ewen McEnzie s’étaient faits remercier dès la 5e journée. L’adversaire semblait si mal en point, qu’à la faveur de sa proximité de l’époque avec René Bouscatel, Jacky Lorenzetti avait imaginé un challenge entre le Racing et Toulouse, alors qu’il cherchait à valoriser son action. Le derby francilien, à l’occasion, il fallait une bonne poire de Pascal Papé dans une arcade d’Henry Chavancy, pour le réactiver de façon passionnel­le. « C’est vrai que l’incidence des enjeux est devenue plus importante que l’idée d’une rivalité, commente Henry Chavancy, le capitaine du Racing, qui a disputé le plus de ces derbys sous l’ère moderne. Mais pour ceux qui ont porté les couleurs des clubs quand ils étaient jeunes, cette notion de rivalité reste très forte. » Un indice alors pour le prochain derby : entre les Gibert, Palu, Baubigny ou Diallo, le Racing alignera un maximum de ces jeunes qui ont disputé ces matchs en cadets ou en juniors. Un avantage psychologi­que réel pour eux ?

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Photo Icon Sport En 2017, Pascal Papé et Henry Chavancy se saluent après une belle empoignade.

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