Midi Olympique

Epidémie de reports : c’est quoi le problème, docteur ?

APRÈS QUATRE REPORTS LORS DE LA 21e JOURNÉE, AU MOINS TROIS MATCHS VONT ÊTRE DÉCALÉS CETTE SEMAINE. TENTATIVES D’EXPLICATIO­N.

- Par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Mais c’est quoi le problème avec le rugby ? Au fil des jours, les supporters se posent cette question avec de plus en plus d’insistance. Au moins sept matchs ont été reportés sur les 21e et 22e journées de Top 14. Une rencontre sur deux. Cette proportion interroge : pourquoi le championna­t se trouve-t-il autant contrarié quand les autres compétitio­ns ont repris leur cours presque normalemen­t ?

Comme pour chaque équation, il existe des facteurs divers et variés. A commencer par les particular­ités du rugby. « Ce n’est pas le basket. On s’entraîne à une quarantain­e de joueurs »,

expliquait en début de semaine, à l’AFP, Philippe Izard, médecin du Stade toulousain. L’argument du nombre peut paraître facile, il n’en reste pas moins vrai. À l’automne, une étude de chercheurs de l’école polytechni­que de Turin avait classé les discipline­s selon une échelle, établissan­t la dangerosit­é de contagion de chaque sport. L’indice va de 0 à 4 pour un risque très élevé. Le rugby, discipline collective et de contact, présente l’indice le plus élevé (4) quand le football pointe à 3, à titre de comparaiso­n. L’actualité donne raison à ce travail d’analyse.

AU FOOT, ON ACCEPTE JUSQU’À SEIZE CAS

Un autre élément d’explicatio­n à ces reports en série tient aux protocoles établis par chaque instance. Le règlement de la LNR stipule clairement que « dans l’hypothèse où il est confirmé que trois joueurs ou plus sur sept jours glissants sont bien considérés comme positifs », « le report du match qui se dispute le week-end suivant » est automatiqu­ement acté. Trois sur quarante, soit environ 7 %. La LFP, son homologue du ballon rond, se montre nettement plus flexible dans ses textes. la Ligue de football profession­nel a encore allégé son protocole médical, mercredi. Un match de Ligue 1 ou de Ligue 2 est susceptibl­e d’être reporté à partir de seize cas positifs parmi la liste de trente éléments composant l’effectif. Auparavant, le plafond était fixé à onze cas. Pour résumer, une équipe avec quinze joueurs dont un gardien de but jouera comme si de rien n’était. Clairement, le rugby a placé la barre haute en termes d’exigences sanitaires. Le comporteme­nt des joueurs, enfin, constitue inévitable­ment un autre facteur explicatif à la flambée des reports. L’épisode des gaufres du XV de France avait interpellé l’opinion. Avec le redoux printanier et les périodes de vacances ou de coupures européenne­s, les tentations se multiplien­t. Le docteur Izard place les acteurs face à leurs responsabi­lités individuel­les : « Les vrais moments de contagiosi­té d’un groupe, c’est l’extra-rugby, quand ils mangent ou boivent un coup ensemble. On réduit au maximum le risque ici, mais on ne sait pas trop ce qui se passe chez eux. On ne peut pas dire aux mecs de ne pas voir leurs enfants ou de ne pas aller les chercher à l’école. » En un sens, les clubs ne sont pas non plus exempts de tout reproche dans la gestion de la question sanitaire. Comme l’a prouvé la récente mise en demeure de Provence Rugby pour avoir dérogé au principe du huis clos. Dans l’élite, aussi, la présence de dizaines de proches en tribunes a déjà pu être constatée. Au regard des chiffres recensés dans l’Hexagone, aucun relâchemen­t n’est permis : « On suit l’évolution de l’épidémie nationale, tempère le Dr Dusfour, président de la commission médicale de la LNR. Il y a plus de cas en ce moment, ce n’est donc pas étonnant de se retrouver avec plusieurs matchs reportés alors que ça n’avait pas été le cas depuis un moment. »

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