Midi Olympique

« Pendant toute ma carrière, j’ai plutôt été un joueur individual­iste »

JAMES O’CONNOR (ouvreur, Reds) A TROUVÉ UNE NOUVELLE JEUNESSE EN ENDOSSANT LE ROLE DE MENEUR DE JEU DE LA FRANCHISE DE BRISBANE. EN CAMP D’ENTRAINEME­NT AVEC LES WALLABIES, IL EST REVENUE SUR SON DÉVELOPEME­NT PERSONEL ET SON RÔLE DE CAPITAINE.

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Vous êtes devenu titulaire au poste d’ouvreur. Comment s’est déroulée votre reconversi­on à ce poste ?

Ma compréhens­ion du jeu est en constante évolution et je ne savais pas trop ce qui m’attendait quand je suis passé à ce poste. Donc, au départ, je me suis concentré sur mon jeu au pied, pas seulement sur la technique mais aussi sur les moments idoines pour l’utiliser, la compréhens­ion du rythme du match et de savoir quand utiliser le jeu au pied offensif. Il m’a fallu être capable de voir les espaces, notamment quand la défense adverse aligne treize joueurs en premier rideau, ouvrant des espaces pour des petits par-dessus ou pour des coups de pied croisés. Voilà quelles ont été les évolutions de mon jeu, tout comme savoir quand jouer davantage à plat ou plus en profondeur ou encore être capable d’organiser la ligne d’attaque afin de tirer le meilleur profit des occasions qui s’offrent à vous.

Justement, on vous a vu utiliser plusieurs fois les coups de pied croisés face aux Brumbies. Est-ce un aspect de votre jeu que vous avez beaucoup travaillé ?

Dave Alred (un des plus grands spécialist­es du jeu au pied au monde, ancien mentor de Jonny Wilkinson notamment, N.D.L.R.) m’a beaucoup aidé dans le développem­ent de mon jeu au pied et nous avons donc travaillé les coups de pied croisés. Mais ce genre d’action dépend aussi beaucoup des appels de balle de votre ailier. Le coup de pied ne peut réussir que si vos coéquipier­s voient les espaces et font les appels. C’est un effort collectif.

Votre réussite sur les coups de pied placés est également impression­nante. Avez-vous une technique particuliè­re pour taper ?

Vous savez, c’est un exercice très simple. Il y a trois composants : vous, le ballon et la cible. Il y a des moments qui peuvent vous affecter émotionnel­lement mais tant que vous suivez votre routine à la lettre, vous faites le vide et vous éliminez toute influence externe. Je me parle beaucoup dans ces moments de façon à me concentrer sur ma routine, sur moi, sur le ballon et sur la cible.

Comment appréhende­z-vous le rôle de capitaine ?

Pendant toute ma carrière, j’ai plutôt été un joueur individual­iste. Je pense qu’une grande partie de mon évolution depuis mon arrivée aux Reds a été d’apprendre à me mettre au service de l’équipe plutôt que de ne penser qu’à moi. Et le capitanat est le niveau supérieur. Cela ne se limite pas au terrain mais aussi à un ensemble de choses en dehors et s’assurer que tous ces éléments se mettent en place au même moment. Je m’appuie beaucoup sur les autres leaders du groupe parce qu’ils vont permettre de tirer le meilleur du groupe. Par exemple, l’interactio­n entre avants car je ne connais pas leur rôle en profondeur, leur ligne de course ou la façon de les motiver. Il est donc important pour moi de m’appuyer sur les leaders.

Physiqueme­nt, vous avez l’air particuliè­rement affûté. Comment vous sentez-vous ?

Quand je jouais en Europe, j’ai traîné une blessure à une cheville pendant quatre ou cinq ans. Mon style de jeu était beaucoup plus statique, basé sur la puissance. Je pesais 95 kg, mon jeu était basé sur une défense solide et sur la prise de la ligne d’avantage pour donner des passes courtes à mes soutiens. Maintenant que je joue en 10, j’ai besoin de couvrir beaucoup plus d’espace, d’essayer de redoubler et de toucher des ballons de seconde main. Ainsi, à mon retour, j’ai fait de gros efforts pour retrouver ma vitesse de jambes et je pense que mes mouvements sont plus fluides. Il ne me reste plus qu’à travailler ma pointe de vitesse. Mais je suis bien et j’ai retrouvé la confiance pour aller défier mes adversaire­s en un contre un, en utilisant mon jeu de jambes afin de créer des espaces pour mes partenaire­s. Je me mets au service de l’équipe.

Propos recueillis en Australie par Jacques BROQUET

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Photo Michel Clementz

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