Toulouse, le conquérant de la première heure
DÈS LA PREMIÈRE ÉDITION, LE STADE TOULOUSAIN AVAIT AFFIRMÉ SES AMBITIONS EUROPÉNNES EN ÉTANT COURONNÉ À CARDIFF. VINGT-CINQ ANS PLUS TARD, LES ROUGE ET NOIR RESTENT MARQUÉS PAR CE GLORIEUX PASSÉ.
PIONNIER
Pour l’éternité,Toulouse restera le premier club à avoir inscrit son nom au palmarès de la Coupe d’Europe. Le 7 janvier 1996, à l’Arms Park, les Stadistes avaient vaincu Cardiff après prolongations, 21 à 18. L’histoire d’amour entre la compétition et le club haut-garonnais s’était nouée instantanément. Comme un coup de foudre.
Ce sacre avait aussi été perçu comme une évidence tant les Rouge et Noir étaient alors portés par une insatiable soif de grandeur et de titres. « On avait vraiment à coeur de montrer qu’on était capable d’être parmi les meilleurs d’Europe,
Cela m’a appris que notre club est un grand club, un très grand club. À tous les étages. On a essayé d’améliorer toujours notre rendement, pour être non pas les meilleurs en France, mais les meilleurs en Europe. » successifs en 1994 et 1995. Sans les Anglais, cette première édition de la H Cup semblait promise à la meilleure formation de l’Hexagone, tellement habituée à la « gagne » et emmenée par des internationaux dans toutes ses lignes, de Christian Califano à Emile Ntamack en passant par Christophe Deylaud et Philippe Carbonneau. Le tout chapeauté par un encadrement des plus avisés, donc : « Laïrle-Novès, c’est le meilleur duo d’entraîneurs en 25 ans de présidence, nous confiait l’été dernier René Bouscatel. Sans aucun doute le plus complémentaire. »
LE DOUBLÉ, CETTE ARLÉSIENNE
Cette expérience du plus haut niveau et la science des hommes s’étaient révélées précieuses le jour J.Accrochés par de valeureux Gallois, ayant répondu aux essais de Thomas Castaignède et Jérôme Cazalbou par la botte d’Adrian Davies, les hommes de Guy Novès avaient forcé la décision en prolongations. Deux pénalités de Christophe Deylaud, la dernière à la 115e minute, leur avaient permis d’entrer dans l’histoire de plain-pied. Vingt-cinq ans plus tard, cinq héros de l’Arms Park perpétuent la tradition et entretiennent cet héritage au sein de l’institution : le troisième ligne Didier Lacroix est devenu président, l’ailier remplaçant Ugo Mola est revenu comme manager-entraîneur, le centre Thomas Castaignède, décisif en finale, est installé au directoire, l’autre marqueur d’essai Jérôme Cazalbou assure le rôle de manager du haut niveau et le deuxième ligne Franck Belot préside les Amis du Stade et est le directeur commercial de l’Agence Infront qui gère les partenariats du club . Ces pionniers ont montré la voie. En suivant, la culture européenne du Stade toulousain s’est forgée : de 1996 à 2010, il a décroché quatre titres continentaux (1996, 2003, 2005, 2010) et disputé deux autres finales (2004, 2008). Référence des premières années, le club haut-garonnais est en train de retrouver de sa superbe après quelques années de recul : sous la houlette d’Ugo Mola, il s’apprête ainsi à disputer sa troisième demi-finale consécutive. Ce retour de flamme ravit les nostalgiques. Et ravive l’espoir d’un doublé. Car jamais depuis l’arrivée des Anglais, le club de la Ville rose, malgré un palmarès se garnissant d’années en années, n’est parvenu à enchaîner les deux couronnements sur une même année. « Le doublé est impossible », avait fini par se résigner Guy Novès, en 2011. Quatre ans plus tard, la bande à Laporte y parvenait pourtant du côté de Toulon. Désormais, tous les supporters toulousains en rêvent, dans un coin de leur tête : et si, vingt-cinq ans après, l’heure était venue de réaliser l’impensable ?
Par Vincent BISSONNET
LE STADE
La maison des Rouge et Noir est toujours située aux Sept Deniers. A l’époque de la première Coupe d’Europe, Ernest-Wallon pouvait accueillir 12 000 spectateurs. Après de conséquents travaux de rénovation au début des années 2000, sa capacité a été portée à 19 000 places.