Midi Olympique

Jokers médicaux : la grande foire du printemps

LA PROLONGATI­ON DE LA PÉRIODE PERMETTANT DE FAIRE APPEL À DES JOKERS MÉDICAUX A PERMIS À DE NOMBREUX CLUBS DE SE RENFORCER POUR ABORDER LE SPRINT FINAL. LE CONTEXTE DE CETTE SAISON SI PARTICULIÈ­RE N’EST PAS ÉTRANGER À CE MARCHÉ DES TRANSFERTS INÉDIT.

- N. A.

Le rugby a depuis longtemps adopté le système des jokers médicaux. Mais il n’avait jamais autant fait polémique que cette saison. Tout d’abord, les clubs ont obtenu une période supplément­aire pour avoir recours à des joueurs bénéfician­t de ce statut. Au moment d’aborder le sprint final, les clubs de Top 14 mais aussi de Pro D2 se sont jetés sur cette opportunit­é pour être certains d’avoir un effectif suffisant pour disputer les phases finales ou assurer le maintien. Ces dernières semaines, Vannes, l’Union-BordeauxBè­gles, La Rochelle, Soyaux-Angoulême, Colomiers, Bayonne, Toulon, Toulouse, Agen et Castres ont eu recours à ce système pour ne pas être handicapés par les blessures au sein de leur effectif. Rien de bien anormal, par rapport aux saisons précédente­s. Pourtant, le départ précipité de Gaël Fickou du Stade français vers le Racing 92, en quête d’un joker après la blessure de Henry Chavancy, a fini de faire déborder une marmite déjà sous pression après l’annonce de la signature du champion du monde Elton Jantjies à la Section paloise quelques jours plus tôt. Le Rochelais Pierre Aguillon avait été un des premiers à réagir : « Franchemen­t, c’est n’importe quoi. J’ai beaucoup de mal avec ces trucs. Il n’y a plus de contrat, il n’y a plus rien. Avec un mec qui ne joue pas, ça peut se comprendre qu’il aille chercher du temps de jeu ailleurs, dans un club qui en a besoin. Mais là, quand le mec est titulaire tous les week-ends, c’est un peu incompréhe­nsible qu’on puisse le vendre en cours de saison. Ce sont les valeurs qui foutent le camp, un peu. Il ne faut pas que ça aille trop loin, mais je pense qu’on est déjà allé trop loin. » Jusqu’à présent, il était rare de voir un club recruter un joker médical avec un CV comme celui de Fickou ou Jantjies.

La plupart des clubs devaient souvent se résoudre à embaucher des joueurs libres de tout contrat ou d’un niveau inférieur. Du côté de l’hémisphère Sud, les bonnes affaires étaient rares puisqu’il convenait de se rabattre sur des seconds couteaux, voire des troisièmes couteaux écartés au dernier moment des squads des provinces disputant le Super Rugby. Il fallait donc tenter des paris sur des joueurs avec peu de références. Certains ont d’ailleurs été gagnants comme le recrutemen­t de Fritz Lee par Clermont alors en quête d’un joker médical pour Elvis Vermeulen.

Les flops ont aussi été nombreux, car le joker médical a longtemps été considéré comme une roue de secours. Cette saison, l’emballemen­t du marché au printemps a laissé penser que la philosophi­e derrière ces recrutemen­ts était bien différente : Le joker médical s’est mué en arme capable d’apporter une véritable plus-value à un effectif. Et si, jusqu’à présent, ce système permettait de combler tant bien que mal un manque, il semble être aussi devenu une donnée pour ajuster les comptes et les masses salariales. Ce qui n’était pas prévu lors de l’invention des jokers médicaux.

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