Midi Olympique

Brouillonn­issimo !

INDISCIPLI­NÉS, BROUILLONS ET UN PEU MOUS DU GENOU, LES TRICOLORES ONT LIVRÉ À ROME L’UNE DES PIRES PERFORMANC­ES DU MANDAT GALTHIÉ. UN PREMIER JET À OUBLIER…

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Que dire ? On n’était plus habitué à ça, tout simplement… On a beau chercher, on n’avait même vu pareille purge depuis ce déplacemen­t vautré en Ecosse, il y a trois ans, funeste voyage que l’on associe toujours à l’auguste prune de Mohamed Haouas sur Jamie Ritchie, le flanker d’en face. Et si cette pudique victoire bonifiée contre l’Italie n’est donc pas le pire match de l’ère Galthié, elle mérite incontesta­blement sa place sur le podium. Parce que les vingt premières minutes et les deux passes décisives au pied de Romain Ntamack exceptées, « il n’y a pas de quoi sauter partout », pour plagier Antoine Dupont. Il y a même de quoi se foutre en rogne, capitaine, contre cette indiscipli­ne balourde, quasi risible et incarnée dimanche par dix-huit pénalités et un coup franc. Dix-huit pénalités, nom de Zeus ! Contre sept à la douzième nation mondiale, soudaineme­nt devenue plus rapide sur les soutiens aux porteurs de balle, moins naïve sur les zones de ruck et globalemen­t plus maîtresse de ses nerfs que ne le fut, une heure durant, cette équipe de France que le monde craint tant. « À ce niveau, ce n’est pas jouable, enchaînait Dupont dans les entrailles du stade olympique. On n’a jamais su stopper cette contagion nous ayant touché dès le début du match. On va essayer de positiver mais, ce soir, il y a évidemment plus de négatif que de positif. » Au soutien de son capitaine, Fabien Galthié enchaînait de la sorte : « Dix-huit pénalités… C’est beaucoup… Beaucoup trop… C’est chaque fois une possession pour l’adversaire et, au final, ça nous fait reculer. La maîtrise de la règle nous a fait défaut : ça a même enlevé toute sa force à notre performanc­e collective. »

Comment expliquer que la sélection la plus méthodique du circuit mondial depuis plus d’un an ait soudaineme­nt été rattrapée par ses vieux démons gaulois ? Comment diable légitimer le fait que les Tricolores aient à ce point sollicité le sire Andrew Carley, au sujet duquel on se demande même comment n’a-t-il pu dégainer qu’un seul carton jaune (Charles Ollivon) sur cette rencontre ? On peut ici considérer que ces Tricolores, qui s’étaient quittés il y a presque trois mois, avaient naturellem­ent perdu une partie de leur langage commun. On peut aussi se résoudre à penser que les coéquipier­s d’Antoine Dupont, en retard sur les soutiens, moins puissants qu’à l’habitude balle en mains et trop peu souvent renversant­s au plaquage, sont à ce jour moins frais qu’ils ne l’étaient à l’automne, à la fois un peu rongés par les terrains lourds du Top 14 comme un peu esquintés par les premières secousses de la Champions Cup : si ce n’est pas ça, qu’est-ce qui expliquera donc que le pack du XV de France, quasiment plus lourd d’un quintal que son rival italien, n’ait pas avancé en mêlée fermée ou dominé sur les mauls pénétrants ?

CERTAINS BLEUS ÉTAIENT MÉCONNAISS­ABLES…

Et si ce n’est la fatigue, qu’est-ce qui peut justifier qu’après trente minutes, Gregory Alldritt ait soudaineme­nt eu tant de mal à faire reculer le rideau adverse quand Uini Atonio, 130 barres de titane et 10 de saindoux, ait plus joué en pivot que n’importe lequel des premiers centres du circuit internatio­nal ? En conférence de presse, Fabien Galthié glissait encore cette explicatio­n-là : « Le travail physique effectué sur les quinze jours de préparatio­n avait pour but de nous permettre d’être prêts sur le premier test en Italie puis sur le rebond, quelques jours plus tard à Dublin. On verra donc, à l’Aviva Stadium, si on a réussi ou pas… » Est-on trop dur avec le XV de France ? Mérite-t-il aujourd’hui que l’on snobe une victoire bonifiée, qui plus est obtenue hors de son territoire ? Disons que les avants italiens ont beau être plus puissants et mieux organisés qu’on ne le pensait, le premier adversaire des Bleus dans ce Tournoi des 6 Nations ne nous a pas non plus fait une impression délirante et discrédite un peu plus le brouillon tricolore. Sans blague ? Passé ce premier round, on se demande encore aujourd’hui pourquoi Kieran Crowley, le kiwi en charge de la squadra azzura depuis deux ans, s’obstine-t-il à faire jouer ce diable de Stephen Varney derrière la mêlée transalpin­e et si ce gallo-anglais de lointaine ascendance latine, dont le premier coup de pied famélique se transforma en un essai aplati par Thibaud Flament, est vraiment ce qui se fait de mieux en numéro 9, de l’autre côté des Alpes. Concernant le premier adversaire des Bleus dans ce Tournoi 2023, il est aussi bien naturel de s’interroger sur le niveau réel de l’ouvreur Tommaso Allan, moyen au pied et pas bien meilleur avec ses paluches, face aux Tricolores…

Parce qu’au bout du bout, que serait-il advenu de la bande à Galthié si dimanche après-midi, l’Italie avait pu compter sur Paolo Garbisi et une charnière digne de ce nom ? On ne le saura jamais et pour tout dire, on s’en cogne un peu. Le brouillon du stade olympique est à brûler, Rome à ranger (vous l’avez ?) et l’important, pour ce XV de France méconnaiss­able en Italie, est à présent d’entrer dans la compétitio­n. Mais d’y entrer vraiment, quoi ! De retrouver les guérillero­s ayant fait de lui une équipe invaincue depuis quatorze matchs et quasiment vingt mois. De s’assurer que le fac-similé d’Ollivon entr’aperçu à Rome, auteur d’un en-avant grossier dans l’en-but et d’une performanc­e pour le moins médiocre, cède la place au grand Charles de l’automne ; que le Paul Willemse coupable de trois fautes grossières au stade olympique et trop facilement abattu par les défenseurs italiens sur chacune de ses charges, ne fasse pas regretter à Fabien Galthié et son staff l’échec du dossier Meafou ; ou que le Damian Penaud ayant ce dimanche déserté l’aile où se glissa si facilement Ange Capuozzo pour marquer le premier essai italien reconsidèr­e en partie l’aspect défensif de son poste. Car sans ça, par Toutatis, c’est le ciel qui s’abattra samedi sur la tête de nos bien aimés Gaulois…

 ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany ?? Les Bleus de Julien Marchand se sont difficilem­ent sortis du piège tendu par la Squadra Azzura, ce dimanche à Rome. Ils ont néanmoins assuré l’essentiel en réussissan­t à glaner un bonus offensif qui les lance idéalement dans la compétitio­n au niveau comptable. Pour la suite, et notamment le déplacemen­t en Irlande, il faudra montrer tout autre chose pour espérer l’emporter.
Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Les Bleus de Julien Marchand se sont difficilem­ent sortis du piège tendu par la Squadra Azzura, ce dimanche à Rome. Ils ont néanmoins assuré l’essentiel en réussissan­t à glaner un bonus offensif qui les lance idéalement dans la compétitio­n au niveau comptable. Pour la suite, et notamment le déplacemen­t en Irlande, il faudra montrer tout autre chose pour espérer l’emporter.

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