Le contenu est plus que moyen
Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? A Rome, le XV de France a joué peinard, bien trop peinard et a bien failli en payer le prix fort… Car je n’ai pas reconnu nos Bleus, dimanche après-midi : pas assez agressifs balle en mains et sur le reculoir en défense, ils n’ont joué qu’en réaction et ont laissé l’Italie donner le rythme qu’elle souhaitait à la rencontre. Comment espérer gagner le Tournoi en mettant si peu de vitesse au jeu ? Comment espérer mettre en danger l’adversaire en se contentant de promener le ballon devant le rideau défensif ? La victoire est là mais le contenu est plus que moyen parce qu’à bien y regarder, je me demande encore si entre la « dépossession » et la « repossession » qu’avait évoquées Fabien Galthié avant que le Tournoi ne débute, les coéquipiers d’Antoine Dupont n’ont jamais vraiment su choisir, au stade olympique. Sincèrement ? Je ne sais s’il faut s’inquiéter ou pas. D’un côté, le XV de France n’en finit plus de gagner. De l’autre, ça fait trois matchs (Australie, Afrique du Sud et Italie) que ces victoires ne tiennent qu’à un fil et je me demande si bientôt, ce fil ne se cassera pas. Parce que j’ai vu, comme vous, le dernier Galles-Irlande et en ce sens, il y a évidemment de quoi appréhender le prochain voyage à Dublin tant les Diables Verts font tout plus vite et plus fort que tout le monde, aujourd’hui… Pour autant, et histoire d’oublier que le deuxième round du Tournoi aura les faux airs de l’enfer, je préfère donc retenir aujourd’hui les quelques éclaircies entraperçues dans le ciel romain, dimanche après-midi. Déjà, Ethan Dumortier me plaît bien : il est propre, vif, disponible et s’il combat moins que Gabin Villière sur les zones de ruck, il est bien meilleur sous les ballons hauts que le Toulonnais. Et Dieu sait si ce secteur de jeu sera samedi important, à l’Aviva Stadium. Passé ce premier match, je retiens aussi l’entrée en jeu de Sekou Macalou au poste de numéro 8 : il a avancé à l’impact, gratté au sol un ballon quasi vital et apporté le dynamisme que n’avait plus Gregory Alldritt, à sa sortie du terrain. C’est une chance, un luxe, un pur bonheur que de pouvoir compter sur un tel hybride, qui fut aussi bon en troisième ligne dimanche après-midi qu’il ne l’avait été, quelques mois plus tôt, à l’aile et face à Cheslin Kolbe. Qu’on le veuille ou non, les performances d’Antoine Dupont et Romain Ntamack sont enfin à souligner : dans une équipe en souffrance et qui joua globalement à deux à l’heure, ils ont permis en première mi-temps aux Bleus de concrétiser en points leurs quelques fulgurances. Tout n’est donc pas à jeter, sur ce premier match. Mais samedi, pour ce rendez-vous que j’attends personnellement depuis des mois, il faudra à nos Bleus être cent fois plus forts dans tous les compartiments du jeu. En sont-ils capables ? Moi, j’y crois !
« Entre la « dépossession » et la « repossession », les coéquipiers d’Antoine Dupont n’ont jamais vraiment su choisir »