Un bonus de caractère
AU-DELÀ DE LA VICTOIRE BONIFIÉE, LE PUBLIC DU MICHELIN A RETROUVÉ LE PLAISIR DE SOUTENIR UNE ÉQUIPE DE CARACTÈRE FACE AUX CASTRAIS, VÉRITABLES ÉTALONS EN LA MATIÈRE.
F «ranchement, si j’avais été dans le pesage avec mes filles, je me serais régalé en regardant ce match. Surtout après la 66e… » C’est par une boutade dont il a le secret que Christophe Urios a lancé sa conférence de presse samedi soir, avec le sentiment du devoir bel et bien accompli. Parce qu’au-delà du bonus offensif remporté dans les dernières minutes grâce à un Peceli Yato de gala, c’est bien la performance globale de son équipe qu’il s’agissait de saluer, laquelle aurait même pu connaître une ampleur bien plus flatteuse si les deux essais marqués sur les entames de mi-temps n’avaient pas été refusés par la vidéo. « Le pire, c’est que le deuxième est probablement plus difficile à rater qu’à marquer, râlait Urios. Mais je trouve qu’on a plutôt dominé : les mecs ont fait des choix couillus qu’ils ont assumés. Personnellement, contre le CO, j’aime prendre les points possibles au pied parce que je sais que c’est une équipe qu’il ne faut surtout pas avoir sur le porte-bagage en fin de match. Mais on a été très efficace sur nos ballons portés, c’est tout le travail de Julien Ledevedec qui s’en trouve récompensé. » Pas un scoop, en toute honnêteté, sachant que les ballons portés font partie du fonds de commerce de l’ASM depuis le début de la saison… La différence, alors ? Elle réside moins dans l’efficacité des mauls clermontois que dans le reste, à savoir un appétit retrouvé pour le travail sans ballon, assorti de quelques menues modifications qui permettent à l’ASM d’enfin sortir de son large-large stérile, mais d’être dangereuse dans toutes les zones du terrain. « J’ai trouvé qu’offensivement, notre jeu a déjà un peu d’épaisseur », confirmait Urios. On en veut pour preuve ces sorties de rucks plus efficaces, qui permettent au moins aux perforateurs du milieu de terrain Moala ou Simone de jouer dans l’avancée. « On a manqué de beaucoup de choses ces derniers temps, notamment de caractère, de vitesse dans les rucks et d’agressivité, témoignait le revenant Peceli Yato. Je pensais modestement pouvoir apporter ça. »
YATO, ITURRIA ET BEHEREGARAY, CES EXEMPLES
Force est ainsi de constater que le Fidjien, associé en troisième ligne à un Iturria omniprésent lui aussi, a montré le bon exemple. Tout comme le talonneur Yohan Beheregaray, titularisé malgré des adducteurs encore douloureux, qui a tenu sa part du contrat pour permettre au jeune Boudou d’être lancé dans de bonnes conditions. « Le contrat avec Yohan, c’était qu’il tienne aussi longtemps qu’il pouvait, jusqu’à la mi-temps si possible, révélait Urios. On l’a finalement sorti juste avant, mais c’était tellement important pour le groupe… Dans ce rugby moderne, il y a des mecs qui ne sont pas simples à faire jouer lorsqu’ils ont un petit bobo. Lui, il a montré qu’il voulait jouer pour son équipe. » Un autre signe de cette force de caractère retrouvée, oseront certains ? La réponse sera définitive dans quinze jours à
Bordeaux, dans un choc à l’odeur de poudre. Inutile de faire un dessin…