Toulon, le réveil de la bête
EN S’IMPOSANT SUR LA PELOUSE DU CHAMPION DE FRANCE, LE RCT A SIGNÉ UNE QUATRIÈME VICTOIRE CONSÉCUTIVE TOUTES COMPÉTITIONS CONFONDUES QUI LE REGONFLE DE CONFIANCE EN VUE DU CHOC CONTRE TOULOUSE À MARSEILLE.
Souvenez-vous. Avant que la saison ne reprenne, et quand toute la lumière a été faite sur les recrutements de chaque club, le RCT est vite entré dans une catégorie : celle de club potentiellement « injouable », et prétendant légitime à la qualification, voire au titre. Devant, les Priso, Baubigny et Timani (depuis parti) rejoignaient les Ollivon, Isa, Du Preez, Tolofua, Parisse. Derrière, le phénomène du Stade français Waisea, l’ouvreur de La Rochelle Ihaia West et le demi de mêlée champion de France en titre Benoît Paillaugue rejoignait les Serin, Paia’aua, Kolbe, Villière, Wainiqolo, Luc… Le tout entraîné par deux excellents techniciens en les personnes de Franck Azéma et Pierre Mignoni. Et pour en rajouter une couche, le RCT s’est offert en décembre les services de l’ouvreur du pays de Galles et des Lions britanniques et irlandais, Dan Biggar. Et pourtant, la fusée toulonnaise n’a pas décollé. Ou du moins, elle a connu un sacré retard à l’allumage. Et pour cause : depuis le début de l’exercice, Toulon a passé une majorité du temps empêtré dans le ventre mou du championnat. Mais depuis quelques semaines, le vent semble avoir tourné. Les choses ont changé. L’entraîneur des avants James Coughlan le confirmait : « Les garçons ont monté le curseur dans divers secteurs depuis quelques semaines. J’ai l’impression que la parenthèse européenne nous a fait du bien. » Déjà à la pause, il apparaissait que ce RCT avait fait sa meilleure première mi-temps depuis des lustres. On avait vu le RCT plier mais jamais rompre sous les innombrables assauts héraultais. On les avait vus performants en conquête, avec notamment un Swan Rebbadj redoutable en contre, et terriblement réalistes avec cet essai de Waisea à la 36e minute après un 1-2 d’école avec Kolbe le long de la touche.
PAILLAUGUE : « ÇA BOUGE ENTRE NOUS, EN INTERNE »
Le deuxième acte ne fut pas différent. Et in fine, ce sont bien les Toulonnais qui se sont imposés chez le champion de France. Certainement grâce à une meilleure précision, une plus grande profon- deur de banc. Et confirmait ainsi son redresse- ment : « Depuis quelques semaines, ça bouge en in- terne, entre nous. Tout le monde nous dit qu’on a une grosse équipe, avec des stars mais les stars ne font un effectif à l’inverse de celui de Montpellier qui, pas- sez-moi l’expression, a mangé de la m… pendant des mois il y a deux ans. Ça, ça forge un groupe, assure Benoît Paillaugue, qui a quitté le MHR l’été dernier. Nous, on doit encore écrire notre histoire. Et pour cela il faut du temps mais le problème c’est qu’il n’y a pas de temps en Top 14. Le match de Pau nous a fait du bien, et ce soir on n’avait rien à perdre. Le favori, c’était le champion de France qui jouait chez lui. Et nous, on a fait une très bonne semaine. Peut- être la meilleure depuis le début de la saison. » En clair, ce groupe toulonnais semble avoir mangé son pain noir. Les abcès ont été percés. Et les stars se sont muées en soldats : « On s’est dit certaines choses, et on a tous pris conscience que nous n’étions pas à no- tre niveau ». L’armada varoise semble avoir fait son autocritique. Les Toulousains, qui les affronteront dans quinze jours dans le chaudron du Vélodrome, sont prévenus.