Déjà, les débats sur la sécurité des joueurs
À la fin des années 1860, la question du hacking provoqua une vraie campagne de presse en Angleterre. Dans sa « fabuleuse histoire du rugby », Henri Garcia relate l’existence d’un article du Times qui sous une signature anonyme (« un médecin »), dénonce une série de blessures graves au Collège de Rugby à cause du hacking. Le Punch (journal satirique) publie de nombreuses critiques du même acabit et demande à ce que le Parlement légifère. Dans les années 1910, le magazine The Cornhill publie un reportage assez édifiant sur les pratiques du collège de rugby racontées par un ancien élève : « Il y avait beaucoup d’incidents graves, comme on pouvait s’y attendre, avec d’aussi nombreux joueurs, des mêlées interminables et un hacking inconsidéré. On admettait comme une chose naturelle que bras, jambes, clavicules, genoux, chevilles, soient fréquemment cassés, disloqués, fracturés. Ainsi, je me souviens du cas tragique d’un garçon, que je connaissais bien dont le dos fut brisé sous une mêlée. Je suis étonné qu’il n’y en eut pas davantage. » Comme quoi les controverses sur la sécurité des joueurs ne datent pas d’aujourd’hui. En 1892, A.G. Guillemard, président de la RFU témoigne de ce qu’il avait vécu comme joueur dans les années 1860. Pour lui, le hacking n’était pas aussi dangereux qu’on le suppose, il l’assimile à un simple croche-pied. Il reconnaît néanmoins que c’est en mêlée que le hacking est le plus dangereux. Il précise tout de même : « Il n’était pas rare de voir un couple de joueurs engagés vigoureusement à se distribuer des coups sur les tibias, bien longtemps après que la mêlée se soit disloquée. » Quant à l’ineffable Francis Maule Campbell de Blackheath, après la fameuse déclaration citée ci-dessus il ajoute cette curieuse phrase à la limite du mépris et de l’admiration pour le peuple de France :
« Sans le hacking, vous supprimerez du jeu le cran et le courage. Et je me fais fort de vous amener un grand nombre de Français [sic] qui vous battront après une seule semaine d’entraînement. »