Midi Olympique

La doyenne des supportric­es

CAMILLE VOUE UNE ADMIRATION SANS BORNE AUX SUPPORTERS DU RUGBY. ELLE EN A TROUVÉ UNE MAGNIFIQUE DU CÔTÉ D’AGEN…

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J’ai grandi au bord d’un terrain de rugby et dans les tribunes Gigi volait la vedette à mon père et à ses copains qui jouaient au ballon sur le pré. Gigi, c’est ma supportric­e préférée.

Et elle rendait mes tribunes uniques à chaque match. Si je ferme les yeux encore aujourd’hui, je l’entends gueuler « allez Stado » au son des trompettes, des tambours et des cornes de brume. Et c’est fabuleux. J’ai une passion pour les supporters. Une réelle admiration. Un frisson permanent. Ils donnent tellement que de les mettre en lumière, c’est peut-être ma façon à moi de leur dire merci d’avoir égayé mes dimanches et de les avoir rendus indélébile­s. Car ils brillent, ces supporters, comme des étoiles. Ils sont mythiques et si on va voir le match pour admirer les champions et la beauté de ce sport roi, on y va aussi pour assister au spectacle du 16e homme. Celui qui peut faire basculer la rencontre à grands coups de grosse caisse. Ah ! Ce 16e homme ! Mon préféré d’ailleurs. Pour moi, les joueurs passent, mais les supporters restent. À travers leur gouaille, leur passion et leur émotion, il y a le rugby. Ils sont le rugby. Le maillot, ils le mouillent autant que les joueurs, parfois même plus. Et ils sont là par tous les temps. Et sur tous les terrains. Ils sont de tous les déplacemen­ts. Qu’il pleuve, qu’il vente, ou qu’il neige. Ce serait la fin du monde qu’ils seraient encore dans les gradins. Je suis même sûre que certains d’entre eux étaient déjà là lors de la constructi­on des stades. Et là, une étincelle vient confirmer ce sentiment fort. Le dernier weekend de janvier, j’ai découvert Jeannine. Jeannine, supportric­e du SUA. Alors, le SUA… Bon, je laisse ma rancoeur d’enfance envers Agen de côté, rapport à la finale – volée – de 1988, ce fichu match où mon père aurait dû être champion de France avec le Stado… Bref, je l’ai encore en travers de la gorge cette défaite. Si aujourd’hui je vous parle d’Agen, c’est qu’ils ont fait quelque chose de bien, de joli pour Jeannine. Et Jeannine, attention, ce n’est pas n’importe qui. C’est une grande dame. J’envie ses voisins de tribunes. Jeannine Laporte. Superbe supportric­e du SUA, depuis près de 100 ans. Oui, j’ai bien dit 100 ans. Quand je vous dis que les joueurs passent mais que les supporters restent. Elle se souvient de son tout premier match. Je suis sûre qu’elle se souvient de tous. De chaque match. Fidèle depuis quatreving­t-onze ans. Elle avait 5 ans la première fois qu’elle a vu un match et qu’elle a attrapé le virus du rugby. Incroyable. Oui, elle est « Waouh », Jeannine ! Plus qu’une doyenne. Je dirais la fée du SUA. Alors le dernier vendredi de janvier, elle était l’incontourn­able invitée d’honneur et elle a donné le coup d’envoi du match Agen - Biarritz. Le SUA a certaineme­nt gagné ce jourlà grâce à elle. N’y voyez aucune mauvaise foi de ma part. Coup de foudre pour cette supportric­e, qui me fait rêver, qui me fascine. Je suis en admiration devant ces personnes qui font les stades, qui font les clubs, qui font les équipes, qui font les joueurs. Quelle émotion quand elle a dû traverser le terrain au bras de son chouchou Philippe Sella, ce champion hors du commun ! Elle a bon goût, la Jeannine ! Et que tous les regards d’Armandie étaient braqués sur elle, et que tout le public l’acclamait. Un jubilé pour cette reine ovale. C’était son match et le président lui a fait vivre sa soirée en « VIP ». Il fallait rendre à Jeannine ce qui est à

Jeannine. Une vedette. Bravo ! Voilà le rugby que j’aime, le vrai rugby de village, de terroir, de clocher, où on sait d’où on vient, et où on n’oublie ni les supporters ni les anciens. Donc bravo Agen d’avoir mis cette grande dame sur un petit nuage, elle le mérite bien. Une mamie rugby toujours tout sourire qui a transmis sa passion à ses enfants puis petits-enfants puis arrièrepet­its-enfants. Elle doit dépoter cette supportric­e ! Il paraît même qu’elle tient un précieux cahier où sont collés tous ses billets de matchs, ses places avec les dates et… Les noms des arbitres ! Ce livre en or serait rempli de souvenirs et d’anecdotes sur chaque match avec même des potins sur les arbitres qui feraient prédire à Jeannine les résultats. En même temps, 91 saisons, ça en fait de l’expérience, elle doit avoir un sacré flair. C’est unique, c’est exceptionn­el, c’est de la passion en barre. Une dévotion totale pour son club. Depuis toujours, à jamais. Qui ne rêve pas d’une telle histoire d’amour ? Je suis vraiment admirative. Jeannine, vous êtes un cadeau, je vibre de vous connaître et d’en savoir plus sur vous. Vous êtes magique, vous êtes culte, si vous me lisez je serais ravie de vous inviter dans mes tribunes au café-théâtre des 3T à Toulouse ou de venir jouer à votre domicile, qui sait, je démarre une tournée (A Gaillac, le 3 mars) ! Quel honneur et quel bonheur ce serait de boire un pot à la buvette avec vous après mon match, et on se refera la finale Stado - Agen de 88, peut-être la faute de l’arbitre si on a perdu… Vous me direz, vous avez dû noter ça sur votre livret. Jeannine je le dis tout bas… Mais vous m’avez fait battre le coeur en bleu et blanc, je vous embrasse !

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