Midi Olympique

Il s’appelle Yusuf Tuncer, et il est le rugby

- JÉRÉMY FADAT

Il y a huit jours, le pilier droit de Tulle Yusuf Tuncer s’est écroulé sur une mêlée, à quelques minutes de la fin du match de Fédérale 1 contre Valenced’Agen, et ne s’est pas relevé. Héliporté jusqu’au CHU de Limoges, où il se trouve toujours, il est très gravement touché aux cervicales et personne ne peut malheureus­ement dire aujourd’hui de quoi son avenir sera fait. Toutes nos pensées, et surtout tout notre soutien, doivent évidemment l’accompagne­r dans cette épreuve, même si – et c’est ça le plus terrible – cela reste bien maigre face à ce que lui et ses proches traversent. Mais il convient aussi, et c’est notre rôle, de parler de lui, de son parcours, de son histoire qui n’est autre que le reflet de tellement d’autres dans ce sport. Il s’appelle donc Yusuf

Tuncer, il a 29 ans et il fut formé à Brive. Là où, comme des milliers d’autres gamins, il a aspiré à embrasser une carrière profession­nelle. Choyé à l’époque par Nicolas Godignon et Didier Casadeï, il a même touché du doigt cette ambition, lui qui, entre 2013 et 2016, a cumulé dix apparition­s en Challenge Cup et une en Top 14. Ce sera la seule pour lui et, en 2016-2017, Tuncer a choisi de partir à Albi en Pro D2 afin de poursuivre son objectif de percer dans ce monde plus privilégié qu’on ne pourrait le croire. Il aura joué huit matchs avec le club tarnais avant d’entamer une deuxième partie de carrière plus anonyme. Faut-il encore parler de carrière ? Lui, comme tant d’autres, fut d’abord guidé par la passion de ce sport quand il bataillait sur les terrains de Fédérale avec Lavaur, Malemort, CausseVézè­re ou Tulle donc. C’est toujours avec l’amour du combat qu’il s’est jeté dans les rucks ou avec le sens du devoir qu’il s’est lancé dans chaque mêlée qu’il était amené à disputer. Quel que soit le niveau finalement. Parce que, pour tous les Atonio, Baille, Gros, Wardi, Falatea ou Aldegheri qui ont atteint le haut de l’affiche, combien de Yusuf Tuncer ? Combien de gamins qui, alors en centre de formation, ont ambitionné de gagner leur vie grâce au rugby et de chanter la Marseillai­se un dimanche de Tournoi des 6 Nations, avant de se contenter des pelouses cabossées de ce rugby amateur qui fait plus que jamais le sel de notre sport ? Lui l’aime tellement qu’il est même devenu internatio­nal turc, vivant sûrement son rêve personnel à travers son aventure internatio­nale. À Tulle, ce pays où le stade Alexandre-Cueille est un passage dominical plus important que celui de la cathédrale Notre-Dame, Tuncer y a laissé une trop grosse partie de sa santé. Ce qui nous impose respect et admiration. Allez Yusuf, accroche-toi.

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