Midi Olympique

Messieurs les ailiers, sortez couverts !

FACE AU LONG JEU AU PIED DES BLEUS, LES SPRINGBOKS DEVRAIENT OPTER POUR UNE STRATÉGIE SIMILAIRE À CELLE UTILISÉE EN NOVEMBRE DERNIER À MARSEILLE, QUI VISERA À PLACER SOUS PRESSION LES AILIERS TRICOLORES.

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Ce n’est plus un scoop : le XV de France possède aujourd’hui le jeu au pied le plus long du circuit internatio­nal, après plus d’un kilomètre gagné par match depuis le début de la Coupe du monde. Voilà pourquoi, désormais, les adversaire­s du XV de France cherchent moins à imposer leur jeu qu’à trouver des parades à celui des Bleus. Ce fut le cas des All Blacks, qui ont fait le pari (perdu) de battre les Bleus sur leur point fort en tenant les échanges de ping-pong rugby,. Et ce sera évidemment le cas des Springboks qui, eux, n’auront pas cette outrecuida­nce… « Les Boks sont pragmatiqu­es, et vont partir du postulat que les Bleus auront davantage de longueur au pied qu’eux, explique AB Zondagh, entraîneur sud-africain de l’attaque de Lyon. Une titularisa­tion de Pollard à la place de Libbok n’y changerait rien : il est très précis face aux poteaux mais n’a pas un jeu au pied aussi long que celui des Dupont, Ramos ou Jalibert… C’est pour cela que les Sud-Africains vont chercher à utiliser la même stratégie qu’à Marseille au mois de novembre dernier. » En clair ? « Lorsque les Français vont occuper, les Sud-Africains vont essayer de remonter le ballon au niveau des 40-45 mètres, effectuer un ou deux rucks rapides, puis chercher des espaces par du jeu au pied de récupérati­on, soit dans la boîte par Faf De Klerk, soit des diagonales dans le dos des ailiers. »

Le but de la manoeuvre ? Placer les ailiers français sous pression, pour exploiter la densité physique des Du Toit,Wiese, Etzebeth et compagnie dans les contre-rucks. Mais pas seulement, à en écouter Zondagh... « L’absence de Marx pèse au niveau stratégiqu­e : comme Fourie ou même Mbonambi sont moins précis au lancer, ils n’ont pas intérêt à entrer dans les échanges de jeu au pied longs qui pourraient les conduire à négocier des touches dans leur propre camp. C’est pourquoi, dans leur camp, ils vont taper beaucoup de coups de pied de récupérati­on, avec du contest à la réception, pour provoquer des en-avant et donc des mêlées, où ils se sentent plus forts depuis le match de Marseille. C’est la méthode sud-africaine : enfoncer les mecs devant et provoquer des pénalités qui leur permettent de gagner du terrain. »

DÉFENSE : GARE AUX INVERSIONS !

Mais une fois proche de laligne, quelle utilisatio­n du ballon prévoir de leur part ? Là encore, il y a bien peu de variation à attendre pour les Bleus, qui auront tout intérêt à multiplier les plaquages à deux face aux gros porteurs springboks, à l’image des Irlandais voilà trois semaines. « Tactiqueme­nt, ils vont jouer le même sens, et pilonner, appuie Zondagh. Comme la défense française est très serrée, ils auront ensuite probableme­nt l’occasion d’aller chercher les extérieurs en utilisant leurs centres en leurre, ainsi qu’ils ont marqué contre l’Irlande. C’est là où le choix du 10 sera important : sur ce genre d’animation, Libbok est un des meilleurs joueurs du monde, car il est capable de trouver des espaces à la main comme au pied, du droit comme du gauche... Pollard est beaucoup moins fluide. Si c’est lui qui joue, la solution pour les Boks passera peut-être par d’autres options. » À savoir ces inversions de sens savamment orchestrée­s par le demi de mêlée De Klerk et l’arrière Willemse, qui leur permettent régulièrem­ent de trouver des espaces pour leurs ailiers de poche dans les côtés fermés. « Ça, ce sont des annonces d’opportunit­é, qui sont prévues pour sortir des « circuits » prévus. Si le système veut qu’on utilise une cellule d’avants dans le sens mais qu’il y a une opportunit­é qui se dessine en même temps dans le côté fermé, tu dois être capable d’annuler ce que tu as prévu et t’adapter. De manière générale, sur ces coups, Faf de Klerk est très réactif et son triangle arrière toujours à l’affût, si bien que cette capacité à inverser brusquemen­t le sens du jeu est devenue un des atouts offensifs des Boks. » Les Bleus sont prévenus : c’est en combinant de la sorte qu’Arendse avait trouvé la solution à Marseille, sur l’aile défendue par... Macalou. Alors, qui que vous soyez, sortez couverts, messieurs les ailiers…

 ?? ?? A- Proches de la ligne d’en-but français après un maul avorté, les Sud-Africains utilisent ici leur système de jeu classique, en utilisant leurs avants dans le sens pour concentrer la défense bleue, laquelle va naturellem­ent « circuler » pour leur faire face. Ce faisant, le côté fermé n’est plus gardé que par deux joueurs (cercles bleus) face à autant de Sud-Africains (cercles jaunes). Une informatio­n qui n’a pas échappé à l’arrière sud-africain (flèche rouge), qui va venir y apporter le surnombre décisif… B- Cette « porte de sortie » faisant partie intégrante du système sudafricai­n, De Klerk trouve facilement Le Roux, qui voit s’ouvrir un 3 contre 2 quasi imparable dans le couloir des 15 mètres. Jelonch se trouvant fixé par l’avant-dernier attaquant, la passe sautée de l’arrière sud-af’ ouvre à Arendse la voie de l’essai. Un véritable « classique » du rugby sud-africain de ces quatre dernières années, face auxquels il demeure crucial de rester vigilant des deux côtés des rucks. Plus facile à dire qu’à faire…
A- Proches de la ligne d’en-but français après un maul avorté, les Sud-Africains utilisent ici leur système de jeu classique, en utilisant leurs avants dans le sens pour concentrer la défense bleue, laquelle va naturellem­ent « circuler » pour leur faire face. Ce faisant, le côté fermé n’est plus gardé que par deux joueurs (cercles bleus) face à autant de Sud-Africains (cercles jaunes). Une informatio­n qui n’a pas échappé à l’arrière sud-africain (flèche rouge), qui va venir y apporter le surnombre décisif… B- Cette « porte de sortie » faisant partie intégrante du système sudafricai­n, De Klerk trouve facilement Le Roux, qui voit s’ouvrir un 3 contre 2 quasi imparable dans le couloir des 15 mètres. Jelonch se trouvant fixé par l’avant-dernier attaquant, la passe sautée de l’arrière sud-af’ ouvre à Arendse la voie de l’essai. Un véritable « classique » du rugby sud-africain de ces quatre dernières années, face auxquels il demeure crucial de rester vigilant des deux côtés des rucks. Plus facile à dire qu’à faire…
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