Midi Olympique

« On aime jouer contre les gros packs comme celui de la France »

JASPER WIESE - Troisième ligne centre des Springboks DEVENU NUMÉRO UN AU POSTE DE TROISIÈME LIGNE CENTRE, LE RUGUEUX JOUEUR DE LEICESTER ÉVOQUE LE DÉFI PHYSIQUE QUI L’ATTEND CONTRE LES BLEUS.

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

On arrivait à peine à s’entendre. Malheureus­ement je n’étais pas là mais en tribunes et on n’arrivait pas à se parler. Cette défaite était arrivée à la fin de notre tournée, c’était un match très disputé. On s’attend à la même chose, dimanche soir. Cette énergie que le public te donne, tu t’en sers. Le public soutiendra la France mais on ne s’en rendra même pas compte parce que presque personne ne parle français dans l’équipe.

Ressentez-vous de la pression à l’idée de jouer contre le pays hôte ?

C’est un privilège de vivre ce genre de pression. En Afrique du Sud, la pression, tu la ressens toute ta vie. La vie n’est pas facile, chez nous. C’est un privilège de représente­r 60 millions de personnes mais aussi un groupe de 33 mecs et un staff. On veut les rendre fiers et tout donner sur le terrain. Oui, on ressent un peu de pression, mais on aime ça.

Quel regard portez-vous sur les avants français ?

Les Français ont un très gros pack, mais on sera au rendez-vous. L’intensité sera forte et on ne va pas se défiler. C’est toujours plaisant d’affronter un gros pack comme le leur. Vous l’avez vu contre les Tonga, on aime jouer contre des gros packs, ça nous permet de hausser notre niveau. Ce sera un gros match, à l’image des collisions. J’imagine qu’on aura tous quelques douleurs quand on se réveille- ra lundi matin…

Comment jugez-vous votre parcours jusqu’ici ?

La défaite contre l’Irlande nous a déçus, mais pas découragé pour autant. Sur le terrain, on se sentait bien. Il faut rendre hommage aux Irlandais qui ont été plus forts que nous ce jour-là. Ce n’est pas un hasard s’ils sont la première nation au monde.

Ce jour-là, le fameux banc en 7-1 n’avait pas fonctionné…

Je ne dirais pas qu’il n’a pas marché, car nous avons de Malcolm Marx – laissant Bongi Mbonambi seul à bord, avec deux troisième ligne (Fourie et Van marqué peu après l’entrée des remplaçant­s. L’issue d’un match ne peut pas se décider uniquement sur la compositio­n du banc. Ce jour-là, les Irlandais ont été meilleurs que nous, ils ont été bien plus réalistes. Mais je vous rassure, le 7-1 peut toujours fonction- ner…

Que s’est-il passé ce jour-là dans le jeu au sol, et pensez-vous que les Français vont cibler cette zone ?

Les Irlandais ont été meilleurs que nous, encore une fois. Je ne dirais pas qu’ils nous ont fichu le bazar dans les rucks, mais en tout cas ils ont vraiment ralenti nos sorties de balle, ce qui a handicapé notre jeu. Nous avons pas mal bossé sur ce secteur depuis, et nous avons vu quelques progrès contre les Tonga. À

Staden) pour le suppléer – ou encore les 37,5 % de réussite qu’affichaien­t ses buteurs Manie Libbok nous de faire encore mieux contre la France, qui est aussi très performant­e dans ce secteur de jeu.

Quel impact a eu le retour de Handré Pollard dans le groupe ?

C’est toujours bon de voir quelqu’un revenir dans le groupe, même si cela signifie qu’un autre doit le quitter. Les blessures de Malcolm (Marx) et Makazole (Mapimpi) sont des coups durs, mais ils ont permis les retours de Handré et Lukhanyo (Am). C’est comme ça. Handré était très attendu par les supporters, mais c’est aussi très bon de pouvoir compter sur Manie (Libbok), qui apporte quelque chose de très différent à l’équipe. Les deux sont complément­aires, et de cette façon on peut s’adapter à tout type d’adversaire.

Propos recueillis par S.V.

et Faf de Klerk en début de compétitio­n.

ANNONCE D’ÉQUIPE RETARDÉE

La pression augmentant avec l’entrée dans les phases finales, Rassie Erasmus n’y est pas allé de main morte. D’abord en mettant la pression sur le corps arbitral en déclarant que nos Bleus « simulaient parfois » sur « les situations de plaquages hauts ». Ensuite en repoussant pour la première fois de la compétitio­n son annonce d’équipe. Et n’allez pas croire que cela ait quelque chose à voir avec le fait que le match se joue dimanche. Depuis le début de la compétitio­n, l’Afrique du Sud annonce souvent son équipe via ses réseaux sociaux dès le mardi, devançant même l’agenda prévu par World Rugby…

Mais pas cette fois : « L’année dernière, on a fait beaucoup de changement­s et d’essais pour veiller à disposer à chaque poste de joueurs de niveau égal, et dans certains cas nous ne savons même pas lequel est le meilleur, expliquait mardi le boss des Boks. On essaye de ne pas jouer nos cartes trop tôt pour pouvoir décider si on va mettre sur le banc sept avants et un arrière ou si on va plutôt partir sur une option six-deux ou cinq-trois avec Handré Pollard et Manie Libbok qui sont tous les deux disponible­s. Le fait d’avoir tout le monde à notre dispositio­n peut avoir une influence sur notre choix de répartitio­n sur le banc entre un sept-un et un six-deux, tout comme la compositio­n de l’équipe de France. »

Pour terminer, Erasmus en a fait des caisses sur le dernier France-Afrique du Sud perdu à Marseille, multiplian­t les louanges alors qu’il abhorre la défaite. Morceaux choisis : « C’était une expérience fantastiqu­e », « parmi tous les matchs qu’on a perdus, c’est un de ceux dont je suis le plus fier », « j’ai vraiment aimé ce match », « je respecte beaucoup le public français » et enfin « de toute ma carrière de joueur et d’entraîneur, c’est l’une des situations les plus intenses et les plus agréables que j’ai vécues, et je suis sûr que ce sera pareil dimanche. » Nous aussi. Mais ne vous en déplaise M. Erasmus, on garde le même score. Vendu ?

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Photo Icon Sport Le sélectionn­eur Jacques Nienaber et le directeur du rugby Rassie Erasmus pratiquent un jeu habile de communicat­ion, dans le but d’enlever les joueurs et le staff du feu des projecteur­s.
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Quel souvenir gardez-vous du match contre la France à Marseille, en novembre dernier ? Icon Sport

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