Midi Olympique

Quatre essais refusés, dont deux à Galthié

- UN APRÈS-MATCH TOUT AUSSI DANTESQUE

Une semaine plus tard, le banquet de la finale gagnée par les Boks face aux All Blacks fut aussi dantesque. « Oui, pour moi, M. Bevan était sous influence. Lui qui était impeccable d’habitude… On l’a vu quand Louis Luyt lui a remis un chronomètr­e en or. J’ai alors pensé qu’il n’était pas libre », reprend Christophe Deylaud. Olivier Roumat et d’autres avaient refusé de lui serrer la main après le match. Mais ce n’est pas tout, dans ce fameux banquet, Luyt, colosse déchaîné, expliqua que les titres de 1987 et 1991 étaient dévalorisé­s puisque les Sud-Africains n’avaient pas participé. Ce fut trop ! Néo-Zélandais, Français et Anglais quittèrent alors la salle, un All Black essaya même d’écharper Luyt au passage.

Vous connaissez la dialectiqu­e du paranoïaqu­e ? On prête à l’écrivain Philip K. Dick cette phrase : « Dans la vie, on est trop souvent parano mais neuf fois sur dix, on se rend compte qu’on a eu raison de l’être… » Le visionnage de cette satanée demi-finale est édifiant.

20e MINUTE >

Les Sud-Africains marquent le premier essai par Ruben

Kruger qui ramasse un ballon près de la ligne. Il forme un maul qui s’effondre dans l’en-but français. L’action est un sommet de confusion, M. Bevan lève le bras sans hésitation. Les images ne prouvent rien, une photo montrera Kruger en bonne voie d’aplatir. Mais le troisième ligne avouera plus tard qu’il n’a jamais marqué.

55e MINUTE >

Chandelle de Deylaud sur Joubert devant sa ligne qui est à la lutte avec Sella et Saint-André, le ballon repart vers l’arrière et Emile Ntamack marque. M. Bevan siffle un en-avant français, décision totalement incongrue. L’ailier étant derrière les trois réceptionn­eurs, l’essai aurait dû être accordé. Si Joubert la touche, il y a en-avant profitable. Si c’est les Français, il n’y a rien…

56e MINUTE >

Dans la foulée, les avants français enfoncent la mêlée adverse qui tourne. Johann Roux, le numéro 9 remplaçant sud-africain, ne maîtrise pas le ballon. Fabien Galthié surgit, plonge et aplatit dans l’en-but. Sur le coup, l’action passe un peu inaperçue, les commentate­urs ne la relèvent pas. Mais on ne comprend pas pourquoi M. Bevan n’accorde pas l’essai. Il ordonne une mêlée à refaire.

77e MINUTE >

Mêlée devant la ligne sud-africaine, Johann Roux introduit, le ballon sort sur le côté, Fabien Galthié surgit et marque clairement. M. Bevan refuse au motif que le ballon n’a pas été talonné et est ressorti par le tunnel. L’essai est refusé, à juste titre.

79e MINUTE >

L’action la plus célèbre : chandelle de Christophe Deylaud. Joubert, devant sa ligne, fait un enavant. Benazzi récupère et, lancé comme un obus, semble aplatir. Au passage, Benazzi a trébuché sur le corps de Philippe Saint-André, couché au sol. Les images ne montrent rien de concluant. M. Bevan, sans aucune hésitation, indique une mêlée à 5 mètres. L’idée qu’Abdel s’est arrêté à dix centimètre­s de la ligne se propagera : « Ça gueulait dans le vestiaire. J’ai encore la voix de Thierry Lacroix en tête. Alors, je me suis levé et j’ai dit que je n’avais pas marqué pour éviter que tout le monde se torture les méninges et que tout le monde bascule sur le match de la troisième place contre l’Angleterre. Je voulais évacuer la frustratio­n. Aujourd’hui, je vous dis que J’ai encore la vision de la ligne avec le ballon dessus. Mais l’ailier James Small l’a repoussé. »

80e MINUTE >

Trois mêlées successive­s pour les Français à 5 mètres de la ligne adverse. Sur les trois poussées, les Springboks détachent un troisième ligne (Mark Andrews), reculent clairement, tournent et s’effondrent. Cécillon garde le ballon dans ses pieds. Derek Bevan se refuse à siffler l’essai de pénalité que les Français attendent. Arbitre pourtant expériment­é, son attitude fut au coeur de toutes les polémiques. À notre connaissan­ce, il s’est exprimé une seule fois sur ce terrible match dans un documentai­re de « L’Equipe enquête » : « S’il y avait eu la vidéo, je ne pense pas qu’on y aurait vu plus clair. Vous savez, parfois l’arbitre doit prendre des décisions avec assurance alors qu’il n’est pas sûr. Mais je pense que j’ai pris la bonne décision. Aujourd’hui, dans la même situation, je ferais la même chose. »

J. P.

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