Immersion dans l’unité médicale du « SDF »
À CHAQUE MATCH DU XV DE FRANCE, VINGT-QUATRE SOIGNANTS ET TROIS SALLES, SITUÉES AU PLUS PRÈS DE L’ACTION, SONT DÉDIÉS À LA PRISE EN CHARGE DES BLESSURES DES JOUEURS. EXPLICATIONS ET DESCRIPTION D’UN DISPOSITIF DES PLUS PRÉCIEUX, EN PLACE DEPUIS QUINZE ANS
Entre 19 et 20 heures ce dimanche, tandis que Français et Boks monteront en pression avant le premier impact, l’agitation gagnera aussi les coursives du Stade de France. À une vingtaine de mètres des vestiaires, l’unité médicale installée depuis quinze ans par la GMF préparera aussi son match. Une partie qui pourrait s’annoncer intense pour ses vingt-quatre soignants, si l’on se réfère à l’enjeu et au niveau d’engagement extrême du duel de Marseille, en novembre 2022. À gauche et le praticien sont lancés dans une course contre-la-montre. « Nous sommes à proximité du couloir afin de se donner toutes les chances de respecter le temps imparti par World Rugby : entre le moment où les joueurs passent la ligne et celui où ils reviennent, il y a un délai de douze minutes. S’il est dépassé, c’est fini. Le chrono est géré par les arbitres. Généralement, l’intervention est terminée bien avant. Sinon, c’est que la blessure nécessite une opération d’envergure. » La physionomie des patients peut aussi rendre la tâche plus ardue. « Les oreilles en chou-fleur, pour les sutures, c’est parfois très délicat », sourit un de ses collègues.
« LES JOUEURS N’ONT QU’UNE ENVIE : RETOURNER SUR LE TERRAIN »
Le corps médical de l’unité doit avant tout composer avec le contexte particulier des lieux et d’un match international : « Il y a une contrainte de temps particulière mais, vous savez, le stress est toujours présent aux urgences, reprend Arnaud Durandy. Nous faisons tout pour que cela n’empiète pas sur la qualité de soin. Il n’y a pas de pression particulière mise par les staffs. Pour les joueurs, ce n’est pas toujours évident à vivre. Ils sont stressés quand ils arrivent chez nous. Tout ce qu’ils veulent, c’est retourner jouer. » Aux côtés de la pièce des sutures, une salle de réanimation - « jusqu’à présent, on n’a jamais eu à faire de gros gestes de réanimation » - et une autre de radiologie - « tous les gros traumas passent par chez nous » - complètent l’offre de prise en charge, le personnel étant aussi habilité à intervenir sur le terrain, civières en main. « Nous avons un appareil de radiologie semblable à ceux que l’on trouve dans les hôpitaux, explique Aurélien Bratheau. Pendant et après les matchs, les joueurs peuvent venir nous voir quand il y a une suspicion de fracture. Cela permet de les rassurer ou de faire un transfert à l’hôpital. Et, s’il y a besoin, un chirurgien orthopédique est présent pour donner son avis. »
Tout ce dispositif et les 24 soignants risquent de ne pas être de trop, comme l’évoquait ce mercredi William Servat : « Vu le dernier match à Marseille, j’espère qu’il y aura assez de monde sur le côté pour les protocoles commotion. » Et pour tous les autres bobos. V. B.