L’infernale machine tout-terrain
LE GAUCHER (27 ANS, 58 SÉLECTIONS) SERA UNE DES PRINCIPALES MENACES POUR LA NOUVELLE-ZÉLANDE. SON IMPACT EN MÊLÉE ET DANS LE JEU AU SOL POURRAIENT ÊTRE DÉCISIFS.
ANDREW PORTER - PILIER DE L’IRLANDE
Àquoi reconnaît-on Andrew Porter sur un terrain ? À sa coupe mulet, à ses innombrables tatouages et à son omniprésence. S’il est loin d’être le joueur le plus connu du XV du Trèfle, il sera peut-être le danger numéro 1 pour la Nouvelle-Zélande samedi soir. L’Irlandais de 27 ans n’en finit plus de repousser les limites de la haute performance, à gauche de la première ligne.
Ses 73 minutes de haut vol face à l’Afrique du Sud avaient épaté la galerie, à commencer par son entraîneur de la mêlée, John Forgarty : « Andrew a été absolument immense sur tout le terrain. Ce qu’il a fait en mêlée et en conquête est une chose dont il peut être très fier. Sa défense a été excellente, tout comme son jeu avec ballon. Il a également cette capacité à transmettre son énergie aux autres joueurs. Il travaille incroyablement dur. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir. » Ses adversaires pensent tout le contraire. Depuis le début de la compétition, Porter affiche une consistance redoutable : très solide en mêlée, redoutable dans le jeu au sol (deux ballons grattés et un abattage incessant), actif balle en main (15 charges) et impactant en défense (22/25), il cumule les points forts. « C’est un gars résilient, il a un vrai physique, un énorme moteur et un grand appétit pour le jeu, reprend le technicien. Il travaille très bien avec l’équipe en ce moment. » Face à l’Écosse, samedi dernier, on l’a même vu se positionner en 9 et initier une combinaison en croisée, lancement perturbé par l’arbitre Nic Berry, tout surpris de cette initiative de la part d’un numéro 1.
30 SUCCÈS SUR SES 31 DERNIERS MATCHS
Capable d’enchaîner les courses à haute intensité comme de réaliser huit squats de suite avec 230 kg de fonte sur le dos, le Leinsterman peut être considéré comme la machine anti-all black par excellence : l’axe droit et le jeu au sol semblent en effet être deux des points potentiellement faibles de l’armada néo-zélandaise. Surtout, Andrew Porter est un compétiteur patenté, dopé à la victoire. Imaginez donc : depuis la défaite de sa sélection en NouvelleZélande, en juillet 2022, lors du premier test de la série emportée par l’Irlande, le natif de Dublin a remporté 30 des 31 matchs qu’il a disputés. Sa seule défaite sur les quinze derniers mois ? C’était face à La Rochelle en finale de Champions Cup, avec le scénario que l’on connaît.
La liste de ses stats est tout bonnement effarante : ce pilier polyvalent, désormais installé à gauche, n’a concédé que deux cartons en carrière et compte 23 essais en 166 matchs. Marquer, voilà bien la seule chose qu’il n’a pas encore réalisée lors de cette Coupe du monde. S’il est bien un homme averti de ses multiples talents, il s’agit de Joe Schmidt, son ancien mentor, passé de l’autre côté : « C’est lui qui m’a donné ma chance, ma première sélection, avait-il dit à son sujet, après le quart de Coupe du monde perdu face à la NouvelleZélande, en 2019. Je lui dois beaucoup, et ça vaut pour toute l’équipe. Il a changé en profondeur le rugby irlandais. Il va beaucoup nous manquer. » Lui et ses partenaires se débrouillent plutôt bien en son absence.