Ollie Chessum, le gars de la campagne
DEPUIS 2022, IL A FAIT SON TROU EN ÉQUIPE D’ANGLETERRE. LE DEUXIÈME LIGNE ROUQUIN DE LEICESTER EST UN ENFANT DE BORTHWICK QUI L’A FAIT DÉBUTER CHEZ LES PROFESSIONNELS.
Il n’y a pas que des joueurs confirmés ou vieillissants dans cette équipe d’Angleterre qui s’avance cahin-caha vers le dernier carré. Il n’y a pas non plus que des jeunes qu’on lance dans le bain, pas forcément à leur poste, sans trop savoir ce qu’ils peuvent donner. Il y a aussi des gars qui sont en train de faire leur trou comme Ollie Chessum, le deuxième ligne de Leicester. Nous l’avions remarqué à l’occasion d’un match de Coupe d’Europe Bordeaux-Leicester de décembre 2021. Nous avions eu un pressentiment, vu son abattage. Mine de rien, c’est lui qui a marqué le premier essai des Anglais à Lille contre les Samoa en position d’ailier après une séquence offensive parfaitement construite. Sur le coup, on l’a vu maîtriser à la perfection la circulation des joueurs sans ballon, le nouvel alpha et oméga du rugby de haut niveau. La touche et le déplacement sont ses points forts traditionnels.
UN PARCOURS PAS COURU D’AVANCE
Avec son teint de porcelaine et sa chevelure rousse, il incarne une Angleterre éternelle. D’un point de vue sportif il est le dernier produit de la fabrique des deuxième ligne de devoir dont la nation fondatrice conserve le brevet. On l’aurait pensé bon élève d’un vieux collège privé, élevé au grain du rugby traditionnel. Manque de chance, il a vécu sa scolarité dans une école publique (la différence est importante en Angleterre). Il est originaire d’une région sans énorme tradition rugbystique, le Lincolnshire. Il a démarré le rugby qu’à 12 ans sur l’insistance du prof d’EPS de son collège et contre l’avis de ses parents effrayés par les chocs qui s’annonçaient. Sa première équipe (Sleford) disparut faute de joueurs, la deuxième (Newark) ne lui fit pas confiance. La troisième (Kesteven) lui redonna le goût du ballon ovale. C’est à ce moment-là vers 16 ans qu’il attira les regards des recruteurs régionaux. Il revêtit ainsi le maillot de la sélection de son comté et déclic, se retrouva dans le viseur de l’Académie de Liecester, enfin pas dans le premier cercle, mais dans celui des « doublures », pour qui le parcours royal ne semble pas garanti, mais qu’on n’oublie pas.
DÉBUTS EN DEUXIÈME DIVISION
À sa sortie du lycée, la croissance aidant, il fut tout de suite appelé par Nottingham, club semi-pro de deuxième division. Ollie Chessum sut saisir sa chance, Onze matchs seulement en 2019-2020 ont confirmé sa classe supérieure. Il faut croire qu’il roula sur tout le monde pendant ce court laps de temps, puisque les Tigres voisins du centre de l’Angleterre lui ont enfin donné sa chance à l’été 2020, il est arrivé en même temps qu’un certain Steve Borthwick nommé manager du club multititré et le fit débuter au poste de troisième ligne avant de lui conseiller de monter dans la cage. Trois matchs la première année, puis cinq la deuxième… et enfin vingt-huit la troisième ! Voilà comment il se retrouva en équipe nationale, appelé par Eddie Jones pour le Tournoi 2022, puis confirmé par son ancien mentor de club, Steve Borthwick. Mais Ollie Chessum a bien failli manquer le rendez-vous de la Coupe du monde. Il s’est cassé la cheville en mars dernier, lors d’un entraînement avant le match du Tournoi face à l’Irlande. Il a passé presque six mois au frigo. On ne l’a vu réapparaître que fin août justement pour le fameux Angleterre-Fidji qui tourna au désastre pour les Anglais.
Ça n’a pas empêché Borthwick de lui redonner toute sa confiance pour faire la paire avec Maro Itoje, en attendant peutêtre de voir Ollie faire former un duo avec son frère Lewis, actuel capitaine de l’équipe d’Angleterre des moins de 20 ans. Il l’a déjà dépassé sous la toise (2,05 m contre 2 m). À Leicester, c’est probable, en sélection on attendra encore un peu.