Une lueur d’espoir pour Facundo Isa
TRÈS PEU UTILISÉ DEPUIS LE DÉBUT DE CETTE COUPE DU MONDE, LE TOULONNAIS, SELON NOS INFORMATIONS, A BÉNÉFICIÉ DE LA BLESSURE À LA CUISSE DE PABLO MATERA, QUI A QUITTÉ LES PUMAS, POUR ENTRER DANS LE GROUPE FACE AU PAYS DE GALLES.
Si la France a tremblé pour Dupont, avant de le voir revenir, d’autres grandes nations ont été contraintes de dire adieu à des leaders de jeu à l’orée de la phase finale. En un week-end, le pays de Galles a perdu Toby Faletau (fracture du bras) et l’Argentine a laissé sur le bord du chemin Pablo Matera (déchirure à la cuisse droite).
Face à la presse, Andrés Bordoy, entraîneur des avants, a regretté la perte d’un élément « aux grandes capacités rugbystiques, humaines, et de leadership ». « Maintenant, nous sommes face à un bon casse-tête et c’est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Tous les autres troisième ligne sont à un très bon niveau, et nous l’avons vu sur les dernières rencontres de la phase de groupes. On a essayé beaucoup de joueurs. L’élu jouera de la meilleure des façons. Je ne suis pas inquiet sur ce point, mais juste soucieux de la perte d’un leader comme l’est Pablo. » Consultant pour ESPN, et resté proche de la sélection malgré sa retraite, l’ex-troisième ligne Leonardo Senatore (50 sélections) a une idée en tête pour prendre la succession de Matera. « De manière inévitable, je pense que Facundo Isa sera titulaire. Je pense que c’est aussi la volonté du staff. Ce sont deux joueurs aux capacités proches, et ils ont un style particulier basé sur le fait de jouer avec le coeur. C’est le remplaçant parfait. » Senatore avait vu juste, puisque Facundo Isa est titulaire au numéro 8, ce qui décale Gonzalez, la révélation de cette Coupe du monde chez les Pumas, au poste de flanker.
UN PORTE-DRAPEAU
Pourtant très performant avec l’entité au muguet depuis le retour de Pierre Mignoni, le natif de Santiago Del Estero doit se contenter de miettes en sélection nationale. Vous dîtes ? Moins d’une demi-heure en Rugby Championship (25 minutes), et une seule apparition en Coupe du monde (80 minutes face au Chili).
Un choix étonnant et qui soulève des questions. « Chaque entraîneur et chaque staff ont des goûts différents, a évacué « Leo ». Il a probablement payé le fait d’être en concurrence avec Pablo, qui possède les mêmes arguments que lui notamment dans la faculté à porter le ballon. Marcos (Kremer, N.D.L.R.) a des qualités défensives indispensables. Mais ‘Facu’ reste un grand joueur. Je n’ai aucun doute là-dessus et sur le fait qu’il soit prêt. Je suis sûr qu’il sera l’un des porte-drapeaux de l’Argentine. »
Pourtant, dans les matchs qui comptent face à l’Angleterre et au Japon, l’intéressé a été laissé en dehors du groupe au profit du Bayonnais Rodrigo Bruni, du Perpignanais Joaquín Oviedo ou du jeune Pedro Rubiolo, qui a les faveurs du staff des Pumas. « Les entraîneurs veulent aussi faire éclore des talents », a justifié Senatore. Avec ce réservoir au complet, Michael Cheika a opté pour un rappel d’un autre Bayonnais en l’absence de Matera : Lucas Paulos. L’ex-élément de Brive est un deuxième ligne dans l’âme et vient ainsi densifier la cage.
À 30 ans, Isa arrive à une maturité idoine pour gérer un « tournant » du rugby argentin. « C’est une Coupe du monde bizarre parce qu’on joue vraiment d’une manière moyenne, même face au Japon où on a réussi à arracher cette finale du groupe grâce à notre coeur, a conclu Senatore. C’est ça qui nous guide en tant qu’Argentins. Nous croyons en cette demi-finale, nous sommes vivants comme Facu (sourire). Il a l’opportunité de montrer au monde de quoi il est capable ce week-end. » Et de s’élever en tant que leader pour convaincre définitivement Cheika, tout en récupérant le flambeau laissé vacant par Matera.