Avec Limoges, un nouveau forfait général en élite féminine
LES DEUX DERNIÈRES SAISONS ONT ÉTÉ ENTACHÉES PAR DEUX FORFAITS GÉNÉRAUX. APRÈS BAYONNE ET CHILLY-MAZARIN, C’EST LIMOGES, EN ÉLITE 2, QUI S’EST RETIRÉ AVANT LE DÉBUT DE LA SAISON.
Ce qui était aussi commun que regrettable au niveau fédéral gangrène désormais le plus haut niveau du rugby féminin. Sur les trois dernières années, jamais la saison ne s’est terminée avec des Élite 1 et 2 au complet. Cette fois-ci c’est malheureusement autour de l’USA Limoges de céder et ce avant même le début de la saison. L’entraîneur Mélanie Champagnac raconte : « On sort d’une saison déjà difficile mais masquée par de bons résultats. Nous terminons septièmes l’an passé, loin de la lutte pour le maintien, mais nous avons connu vingt-six blessures, dont une dizaine pour plus de trois mois. Souvent, nous avons dû demander aux joueuses de revenir trop rapidement de leurs blessures. » Finalement, c’est cet enchaînement de petites choses qui contraint le club à se retirer. « Le problème d’effectif est global. Mais le souci de dangerosité est en première ligne. Nous sommes sur des mêlées poussées sans limites, donc il faut des joueuses de premières lignes de catégorie A. Là, les choses se sont mal enchaînées, entre des joueuses emblématiques qui arrêtent et des cadettes qui ne montent pas aux postes nécessaires où qui ne sont pas encore prêtes… »
« ALLEZ DIRE À UNE JEUNE FILLE DE PRENDRE DU POIDS »
La Limougeaude poursuit : « Le problème de reconnaissance du rugby féminin est global. En Élite 2, on se déplace dans toute la France. En plus des entraînements, les filles donnent leur week-end pour leur passion sans aucune rémunération en retour. En plus du problème de budget, il y a un souci d’infrastructures. Quand on affronte le Stade rochelais ou le Stade français, qui sont équipés de joug de rugby par exemple, c’est dur de rivaliser. Pour nous, former une jeune fille en première ligne peut prendre trois à six mois de formation intensive, de musculation cervicale… Et enfin, nous avons un problème plus large de société. Allez dire à une jeune fille de prendre du poids. Si nous étions un cas isolé, on accepterait de dire que nous avons mal géré. Mais ce n’est pas le cas. » Bayonne, Chilly-Mazarin et désormais Limoges ont été contraints au forfait général au plus au niveau, pour des raisons tout à fait similaires. Cela confirme une tendance entamée depuis une décennie, qui voit les bastions historiques du rugby féminin rétrograder, au profit des métropoles, de clubs adossés à une structure professionnelle masculine ou bien souvent les deux à la fois. À Limoges, cinq jeunes espoirs étaient en double licence avec Brive, fraîchement promu en Élite 2. Elles évolueront désormais en Corrèze, qui accueille également le pôle espoir. Le club de la Haute-Vienne repart de son côté en Fédérale 2, avec une autorisation de promotion dès cette saison. L’ambition raisonnable est désormais de s’installer durablement en Fédérale 1.