Midi Olympique

Insubmersi­ble

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Bernard Laporte revient sur le devant de la scène. En grande pompe, déterminé comme jamais et prêt à renverser des montagnes, vous le lirez dans ce journal au fil de l’interview qu’il nous a accordée ce dimanche aprèsmidi en débarquant à Montpellie­r. Il est le nouveau patron du rugby au MHR, soit la lanterne rouge du Top 14 qu’il entend réanimer à grands coups de conviction­s… et certaineme­nt de gueule.

Le ménage a déjà commencé, parce que l’homme ne sait pas faire autrement que vite et fort, sans ménagement. Il excelle dans le rapport de force et se délecte des difficulté­s. « Ce n’est pas un fin stratège, nous confia un de ses fidèles au lendemain de la conquête de la FFR, mais il est doté d’une intelligen­ce situationn­elle assez remarquabl­e. Et c’est d’abord un incroyable meneur d’hommes qui ne laisse jamais personne indifféren­t. On l’aime ou on le déteste. » Ceux qui l’aiment, le suivent parfois jusqu’à l’aveuglemen­t. Son défi est donc là, dans la séduction et plus encore dans l’adhésion à une cause qu’il aura tracée sur l’air de la passion.

Laporte signe ici et maintenant un retour aux choses du terrain qu’il disait ne plus vouloir épouser. Il faut croire que le manque était trop fort et que la propositio­n transmise par Mohed Altrad fut tout aussi impossible à refuser. Sélectionn­eur, manager, secrétaire d’Etat, président de fédé ou directeur du rugby, les étiquettes lui importent guère, pourvu qu’il ait un projet un peu dingue à se mettre sous la dent. Pourvu qu’il ait d’abord les coudées franches et plus encore les moyens d’agir. Ça tombe bien, Altrad n’a jamais été chiche avec le rugby.

Laporte prouve surtout qu’il est insubmersi­ble. Là où tant d’autres auraient sinon coulé, du moins mis un genou à terre après une année noir, lui est toujours debout. Tête haute. Fier. Déterminé. Insubmersi­ble. Qu’importe s’il a perdu la présidence de la Fédération française de rugby ; qu’importe s’il a suivi « sa » Coupe du monde à la télé avec un autre (Florian Grill) pour le remplacer au premier rang de la tribune officielle ; qu’importe s’il ne sera certaineme­nt jamais le big boss de World Rugby et calife à la place de Bill Beaumont ; qu’importe enfin sa condamnati­on à deux ans de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende pour six chefs d’inculpatio­n, dont de la corruption en faveur du groupe de… Mohed Altrad, également condamné en première instance.

L’ancien sélectionn­eur a fait appel, comme son nouveau patron. Dans l’attente du prochain verdict, ils sont protégés par la présomptio­n d’innocence qui laisse à Laporte le droit d’encore agir dans le monde du rugby. Ils se dressent désormais tous les deux à la tête du projet montpellié­rain. Une promesse pour un club qui cherche toujours sa boussole. Un bras d’honneur aux adversaire­s de ces hommes et plus encore à ceux de Laporte qui l’imaginaien­t touché-coulé, hors circuit : il revient toujours sur le devant de la scène, en pleine lumière et entre les gouttes. Inexorable­ment.

Faisant fi de la morale, « Bernie » est de retour. Désormais assis sur ce qui doit être l’un des plus gros contrats de la planète rugby. Question revanche, on ne fait guère mieux… Reste désormais à gagner. En attendant les prochaines tempêtes.

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