L’affaire est dans le pack
Samedi, le stade JeanBouin, ce théâtre populaire, était le lieu d’une manifestation solennelle. Les nuages s’amoncelaient, tel un effet de déflagration. On rêvait d’une imagerie épique, d’un temps maîtrisé… Dès la 17e minute s’enfuyait Henry Chavancy, né à Strasbourg et au Racing, jusqu’en terre promise, cette chambre d’apparat. L’architecture du rugby est souvent un discours de gloire qui doit imposer aux visiteurs ses propres cheminements. Le Stade français, dans ce lieu familier propice au tourbillon des sens, voulait donner à voir tout en évitant d’être possédé par l’inquiétude. Il pleuvait encore et encore dans une volonté lyrique, bercée par une musique secrète. Sous le déluge, la mêlée redevenait la maison de la vérité.
Dans les tribunes détrempées, le capitaine des Springboks, Siya Kolisi, semblait prêt à affronter l’infini jusqu’au risque de s’y perdre. Il faut laisser faire les images. Plus qu’un joueur, Kolisi était un sentiment, une invitation à vivre chaque instant comme s’il était le dernier. Henry Chavancy, repoussant les instants fragiles, ne cessait d’avancer. Alors, Juan Imhoff se lança côté droit, déposant deux adversaires. Imhoff ? Un pilote d’essais ! La mêlée, cette osmose flamboyante, rendrait le verdict de la réalité. Lancaster, Michalak et Kolisi envoyaient l’énergie positive nécessaire. La victoire du Racing (9-13), huitième victoire consécutive à Jean-Bouin, précipitait les Ciel et Blanc dans un épanouissement collectif, dans une nuit magique et majestueuse. Juan Imhoff ne cessait de répéter : « C’est mon 250e match sous le maillot du Racing ! »