Midi Olympique

« Apporter de l’envie et de la sérénité »

LÉO BERDEU (Ouvreur de Lyon) ALORS QU’IL EFFECTUERA SON RETOUR APRÈS HUIT MOIS D’ABSENCE, LE MEILLEUR RÉALISATEU­R DU TOP 14 EN 2022 VEUT INSUFFLER DES ONDES POSITIVES AU GROUPE LYONNAIS.

- Propos recueillis par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

L’heure du grand retour a sonné. Dans les délais que vous vous étiez impartis ?

Depuis mon opération, je m’étais fixé une date de retour autour des huit mois, huit mois et demi… Si je dois être tout à fait honnête, je visais le match contre l’Usap dans 15 jours, parce que c’est face à Perpignan que je m’étais blessé et que cela aurait pu être une jolie manière de boucler la boucle… Mais puisque j’avais pris un peu d’avance sur tous mes protocoles en fin de rééducatio­n et que je me suis rapidement senti bien à mon retour à l’entraîne- ment, on s’est dit que cela pouvait finalement être une opportunit­é de reprendre en Coupe d’Europe face au Connacht.

Revenez-vous sans appréhensi­on ?

Oui, je me sens prêt.J’imagine que l’excitation va commencer à venir ce vendredi, mais physique- ment je n’ai pas trop de question à me poser. Je sais que mon genou est solide et je ne ressens plus de contrainte. Même au sujet du jeu au pied, j’avais encore quelques adhérences qui me gênaient au mo- ment de mes frappes, notamment sur le dernier appui. Il m’a bien fallu deux ou trois semaines pour retrouver de bonnes sensations au niveau du jeu au pied, mais ça va bien mieux aujourd’hui, et je pense avoir récupéré la puissance et la précision d’avant ma blessure. Enfin, je l’espère (rires).

Comment avez-vous rongé votre frein pendant cette longue absence ?

Au final, ces huit mois sont plutôt vite passés. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance : lors de ma con- valescence il y a eu les deux mois d’été, puis les deux mois de Coupe du monde. Au final, sur huit mois, je n’ai aurait manqué « que » quatre de compétitio­n. Cela aurait pu être bien pire… C’était la première grosse blessure de ma carrière, la première grosse opération, alors j’ai essayé d’aborder cette période le plus positiveme­nt possible. J’ai commencé à me poser pas mal de questions au sujet de mon après- rugby. J’ai aussi pris le temps de me concentrer un peu plus sur la musculatio­n, ce que j’avais du mal à faire avant, également d’effectuer tout un tra- vail technique, au niveau de mon pied gauche, de ma passe, de ma vitesse.

À ce sujet, vous collaborez depuis avec un athlète olympique, Emmanuel Biron...

C’est Sylvain Vauraz, qui s’occupe de la réathléti- sation, qui m’a soumis l’idée de me présenter à Manu. Avec lui, j’ai mis l’accent sur des choses in- habituelle­s : le travail de pied, le placement des bras. J’ai rapidement eu le sentiment de progresser, d’autant que chaque semaine, je bats mes propres records. Sur les entraîneme­nts, c’est pareil, je me sens en forme. Même lorsque je produis de grands efforts, j’ai l’impression d’avoir une meilleure capacité à enchaîner… Mais après, c’est toujours pareil, les entraîneme­nts ne sont pas la compétitio­n. Alors, pour savoir si ce travail de vitesse et d’explosivit­é va vraiment porter ses fruits, il faudra passer par l’épreuve des matchs.

De l’extérieur,c omment avezvous vécu le début de saison difficile du Lou ?

C’était compliqué. Je les croisais tous les jours mais au final, nous n’avions pas les mêmes horaires… Malgré tout, comme je reste un des leaders de ce groupe, j’ai ressenti le besoin de m’exprimer. Il ne faut pas se mentir : personne ne s’attendait à vivre une situation pareille, et on est en situation d’urgence. Si on ne veut pas pleurer à la fin de la saison, il faut en prendre conscience. J’espère à ce titre que cet intermède de la Coupe d’Europe va nous permettre de basculer sur quelque chose d’un peu plus positif.

Comment analysez-vous la situation, d’un point de vue « extérieur » ?

Chaque saison est différente. Là, sans se trouver d’excuse, on a quand même perdu avec de gros leaders entre le départ à la retraite de Toby Arnold et les blessures de Jean-Marc Doussain et Dylan Cretin. Sur le terrain, on sent qu’il manque de joueurs susceptibl­es de rameuter tout le monde. Dès qu’on prend deux essais, tout le monde baisse la tête et on n’arrive pas à se remobilise­r. l’accumulati­on de blessures a fait le reste, le groupe s’est posé des questions, et cela a généré des tensions supplément­aires qui n’étaient pas nécessaire­s. Après tout, n’importe quelle équipe serait moins performant­e lorsque le XV-type est à l’infirmerie.

Qu’espérez-vous apporter ?

Je ne suis personne pour imaginer que mon retour changera quoi que ce soit. Si j’arrive simplement à apporter au groupe de l’énergie positive, mon envie et ma déterminat­ion, ce sera déjà très bien. Dans un coin de ma tête, j’ai aussi l’idée d’essayer d’apporter un peu de sérénité, notamment sur la gestion des sorties de camp qui sont un de nos gros points faibles et ont tendance à devenir une source de stress. Et au-delà de tout, tout simplement, retrouver le plaisir d’être sur le terrain et de jouer.

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