Au cabaret de la dernière chance
LYON CONTRE TOUTE PROBABILITÉ, LE LOU DISPOSE ENCORE D’UNE INFIME CHANCE DE JOUER L’EUROPE LA SAISON PROCHAINE. À LA SEULE CONDITION D’UN SUCCÈS À MAYOL.
C’est au XIXe siècle, aux temps sombres de la prohibition, que les « Last Chance Saloon » se sont multipliés aux États-Unis, les cabarets situés à proximité de zones où l’alcool était interdit prenant ce nom dans un sous-entendu facilement compréhensible, afin de contourner la loi. Un mythe qui inspira à l’écrivain Jack London son dernier grand roman, dans lequel son double John Barleycorn (littéralement Jean Grain d’Orge ») lutte farouchement contre son alcoolisme pour finalement mieux y céder, au prétexte de demeurer ébloui par la vie et illusionné par les sens, plutôt que céder au privilège de la raison. Le rapport avec ce déplacement du Lou Rugby à Toulon, nous demanderez-vous ? Eh bien, éthylisme à part, il réside précisément dans ce drôle de dilemme. Parce que malgré les apparences, malgré les statistiques et malgré une cote au plus bas au vu de son pedigree de pire équipe du Top 14 en déplacement cette saison, les hommes de Fabien Gengenbacher peuvent encore rêver à une qualification en Champions Cup la saison prochaine, à condition de réaliser un sans-faute d’ici la fin de la saison. Ce qui commence dès samedi, au stade Mayol…
UNE FOI COLLECTIVE À TROUVER
Irréaliste, si l’on veut bien prendre en compte que les Varois n’ont pas non plus de droit à l’erreur, coursés de (très) près par Perpignan ? Sans doute. Reste que, comme l’écrivait London, « la vie ne se résume pas à avoir les bonnes cartes en main ; parfois, c’est savoir bien jouer avec un mauvais jeu ». Un aphorisme parfaitement intégré par le manager Fabien Gengenbacher, lequel voulait voir dans les nombreux retours d’infirmerie (Radradra, Saghinadze, Géraci, Okuya, Kaabèche, Pacheco, Abrahams) autant de signaux positifs. « Il faut juste y croire et se déplacer dans l’idée de livrer le plus gros combat possible, sans nous désunir, nous glissait récemment le capitaine Baptiste Couilloud. À l’extérieur, il nous manque juste cette foi collective dont on sait faire preuve à Gerland. » Ne reste plus qu’à ne pas l’oublier, au moment de boucler la soute…
LE POURCENTAGE D’OCCUPATION/POSSESSION DU LOU SUR L’ENSEMBLE DE LA SAISON
Depuis le début de la saison en effet, le Lou affiche le pire pourcentage de possession de balle du Top 14, avec une moyenne de
46,8 %. Ce qui pourrait ne pas être problématique si cette statistique était compensée par le gain du territoire, à l’image du Stade français, par exemple… Ce qui n’est pas le cas, les Rhodaniens affichant là encore le plus mauvais ratio avec 47,7 % d’occupation.