Modele Magazine

Retour aux origines !

Et si on se remettait au vol circulaire, comme au bon vieux temps?Voilà l’idée un peu loufoque qui nous est venue avec mon collègue modéliste. Le vol circulaire était une discipline très répandue « à notre époque », avant l’avènement du vol radiocomma­ndé.

- Texte : Bruno Vernon Photos : Gilbert Freseuilhe et auteur

L’idée de changer un peu du pilotage RC, mais aussi l’envie de faire découvrir cette discipline aux plus jeunes, a suffi à lancer le projet. Et il n’y a rien de mieux que de reprendre les commandes du fameux Nobler, avion emblématiq­ue du VCC (Vol Circulaire Commandé) de nos jeunes années.

DES FRAIS À PRÉVOIR

Je ne m’imaginais pas à quel point la quête de ce kit allait être difficile. Pas un seul magasin en France ne distribue des avions de vol circulaire, seulement quelques-uns en Europe, mais le choix reste très pauvre. Heureuseme­nt, les USA ont sûrement gardé quelques pratiquant­s du VCC car, même si les distribute­urs ne sont pas légion, le choix reste plus étoffé. C’est sur le site de Tower Hobbies que nous avons trouvé notre bonheur : des Nobler en version ARF fabriqués par Top Flite. Malheureus­ement, les frais de port (50 euros) et la douane (95 euros) font tellement grimper la facture que nous avons commandé deux exemplaire­s pour diviser ces frais annexes.

UN TOUT PETIT MODÈLE

Habitué à monter des VGM et des grandes plumes, je ne vous cache pas mon étonnement à l’ouverture

du carton devant un si petit avion. Son gabarit était pourtant dans la norme à son époque. Ce n’est pas tant l’envergure de presque 1,30 m qui choque, mais plutôt son petit fuselage ridiculeme­nt étroit. Pour relativise­r, on ne loge rien dans un fuselage de circulaire, mis à part le réservoir. De plus, le bras de levier est bien plus court que pour un modèle RC, d’où cette impression bizarre au premier coup d’oeil.

Les ailes du Nobler sont d’une seule pièce, en structure ouverte avec B.A. coffré et chapeau de nervures. Comme pour tous les avions de vols circulaire­s, les ailes sont dissymétri­ques. Le côté gauche est plus long de 3 cm, alors que le côté droit est plombé pour contrebala­ncer le poids des câbles. Le palonnier central et les câbles de commande sont installés d’origine, une ouverture côté extrados permettant d’accéder à ce dispositif. Les ailes sont parfaiteme­nt entoilées en Oracover sans aucun pli, très bien. Ce n’est pas tout à fait le cas des flaps, qui présentent un aspect fort ridé, il y a donc un peu de travail en perspectiv­e pour rectifier cela.

La dérive et le stabilisat­eur avec ses volets de profondeur sont aussi en structure ouverte de type treillis. Tout est en profil planche mais la dérive n’est profilée que d’un seul côté, pour permettre une légère action en lacet visant à tendre les câbles. L’entoilage de ces éléments est bien réalisé, mis à part encore quelques plis.

Venons-en à ce fameux fuselage, plutôt petit mais costaud ! Il est fort bien réalisé avec des flancs en balsa renforcé en CTP de l’avant jusqu’au B.F. de l’aile. Ce fuselage très étroit (seulement 55 mm de large) est bien rigide grâce aux très nombreux couples au niveau des ailes et au balsa roulé sur le dessus. À noter que le constructe­ur a prévu de rendre les ailes démontable­s, aussi trouve-t-on une assise avec deux écrous prisonnier­s pour les maintenir.

Sur l’avant, le bâti moteur est construit à l’ancienne, à partir de deux baguettes en hêtre coincées entre deux couples en CTP. Cet avion est prévu pour des moteurs entre 5,5 et 7,5 cm3 mais, même si ce bâti respire la robustesse, il me semble bien étroit pour supporter la plus grosse cylindrée, à valider au montage. Un capot en fibre viendra coiffer l e moteur et l es découpes seront bien sûr à réaliser en fonction de l ’encombreme­nt de la motorisati­on.

Les flancs en balsa se prolongent sur l’arrière du fuselage, reliés entre eux par quelques couples et du balsa roulé dessus et dessous, c’est correcteme­nt conçu. À noter que ces flancs possèdent une grande surface latérale, gage d’un bon comporteme­nt en haut des renverseme­nts, à l ’image d’un vol tranche. Les découpes pour positionne­r dérive et stabilisat­eurs sont déjà faites, il ne restera que peu de travail de montage.

Le nombre d’accessoire­s est faible sur un VCC, mais l’essentiel est présent. En plus de la tringlerie classique au pas U.S et des tiges de commande, nous trouvons un réservoir spécifique, des roues en mousse et une petite verrière. Il est juste dommage que le cône ne soit pas livré, il n’aurait pas grevé le prix du kit.

UN MONTAGE RAPIDE MAIS À SOIGNER

Évidemment, sur un VCC, il y a beaucoup moins de travail que sur n’importe quel avion RC. Cependant, même s’il s’agit d’un vol captif, votre oiseau ne volera bien que si votre assemblage est effectué dans les règles de l’art. La première chose à soigner sur les ailes est le montage des charnières car, ici, pas de servo pour gommer un point dur. Seul votre poignet fait bouger les gouvernes, et des charnières qui forcent ren-

dront l’avion i mpilotable. Il est donc primordial qu’elles puissent pivoter sans aucun point dur. Même en ayant huilé les axes, il vous faudra y aller modérément sur la colle, en raclant bien tous les surplus au fur et à mesure que vous enfoncez les charnières dans leurs logements. Attention également à l’alignement des flaps, car aucun trim ne permet de récupérer une erreur de collage. Il en ira de même pour les volets de profondeur, où douceur des articulati­ons et alignement seront de mise.

Le montage de la tige de commande pour les flaps ne pose pas de problème particulie­r, sauf à toujours veiller qu’il n’y ait aucun point dur. À ce stade et en faisant un montage à blanc, on peut confection­ner l a tige de commande de profondeur en calculant précisémen­t sa longueur, car elle sera difficilem­ent accessible une fois en place.

Pour faciliter les manipulati­ons, il est préférable de monter l e moteur sur son bâti avant d’installer les ailes et les stabilisat­eurs sur le fuselage. J’ai choisi un moteur glow : un ASP 32 de 5 cm3. Certes, la cylindrée est un peu faible par rapport à ce qui est recommandé, mais ce petit ASP est très puissant, il peut entraîner une hélice 10x6 à 18 000 tr/mn. Quant à mon collègue, il a décidé d’équiper son Nobler avec un Saito FA 40 4T, moteur plus noble délivrant beaucoup plus de couple. Comme son niveau de pilotage est nettement supérieur au mien, un regain de puissance sera le bienvenu pour toutes les figures au zénith. Ces deux moteurs se montent parfaiteme­nt sur leur bâti en bois en écartement de 40 mm, et la visserie pour les fixer est fournie dans le sachet d’accessoire­s du kit.

Un problème se pose aussitôt : les moteurs d’autrefois avaient un carburateu­r à ouverture fixe et démarraien­t à fond. Ceux d’aujourd’hui ont tous des carburateu­rs avec une commande de ralenti, dont il serait dommage de se passer. J’ai donc fabriqué une tige de commande extérieure qui passe à travers un domino, que je bloque avec une vis une fois la pointe du moteur atteinte. Le capot en fibre recouvrant l e moteur devra être découpé, prudence car il n’y a pas beaucoup de place. On regrettera juste le mauvais ajustement du capot avec le dessus du fuselage, c’est très visible et inesthétiq­ue.

Une fois la motorisati­on installée, on peut coller le stabilisat­eur équipé de la tige de commande enfilée par l’arrière, car il n’y a pas de plaque d’accès à ce niveau du fuselage. Bien sûr, tous les alignement­s sont à vérifier lors du collage, mais mon exemplaire n’a présenté aucun défaut de parallélis­me ou de mise en croix. Les ailes sont placées et la chape de la commande de profondeur est raccordée sur le guignol des flaps. Elle passe par la cabine qui sera collée plus tard. À ce stade, on peut encore agir sur cette chape de façon à soigner l’alignement flaps et volets de profondeur, c’est un réglage essentiel.

LES FINITIONS

Sur un VCC, le centrage est toujours très avant, à 15% de la corde moyenne pour le Nobler. Mais le bras de levier avant étant assez long et celui de l’arrière très court, il vous faudra obligatoir­ement ajouter du plomb sur l’arrière. Il en faudra plus ou moins selon le moteur, 20 g pour celui équipé de l’ASP et 15 g pour le Saito. Cet ajout de plomb n’est pas problémati­que car l’avion est très léger et avec une charge alaire faible (entre 37 et 43 g/dm2).

On termine en posant quelques décalcoman­ies et quelques filets d’autocollan­ts. Un pilote non livré est installé dans la cabine, et voilà votre Nobler prêt à affronter les éléments.

SUCCÈS GARANTI

Le Vol Circulaire Commandé est une discipline enrichissa­nte à bien des égards. Piloter un tel avion n’est pas chose banale, et le spectacle est assuré. Entre découverte et curiosité, le succès est garanti aussi auprès des autres modélistes. Sortant de l’ordinaire, le look des VCC en fait des machines réellement atypiques. Le Nobler pourra même servir de premier modèle pour débuter dans la discipline, car il est facile à monter et à piloter. Seul son prix pourra en rebuter quelques-uns, qui se tourneront vers un modèle circulaire plus économique.

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 ??  ?? Les flaps et la profondeur sont actionnés simultaném­ent et en opposition, pour plus d’efficacité dans la réalisatio­n de figures particuliè­rement serrées.
Les flaps et la profondeur sont actionnés simultaném­ent et en opposition, pour plus d’efficacité dans la réalisatio­n de figures particuliè­rement serrées.
 ??  ?? Cette patrouille de Nobler entend démontrer qu’il était possible d’éprouver des sensations fortes aux commandes de modèles réduits non radiocomma­ndés ! Visiblemen­t, ce retour aux sources donne le sourire…
Cette patrouille de Nobler entend démontrer qu’il était possible d’éprouver des sensations fortes aux commandes de modèles réduits non radiocomma­ndés ! Visiblemen­t, ce retour aux sources donne le sourire…
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 ??  ?? Le fuselage est franchemen­t étroit par rapport à nos modèles RC. Et pour cause, il n’y a aucun équipement radio à loger, mais seulement le réservoir de carburant.
Le fuselage est franchemen­t étroit par rapport à nos modèles RC. Et pour cause, il n’y a aucun équipement radio à loger, mais seulement le réservoir de carburant.
 ??  ?? Quitte à reprendre le vol circulaire, autant le faire avec un des meilleurs avions : le Nobler de Top Flite. Il sera équipé avec un moteur thermique fonctionna­nt au méthanol et le kit est de type ARF en structure bois entoilée. Les proportion­s inhabituel­les et le pilotage via des câbles vont susciter la curiosité sur les terrains, mais c’est le but…
Quitte à reprendre le vol circulaire, autant le faire avec un des meilleurs avions : le Nobler de Top Flite. Il sera équipé avec un moteur thermique fonctionna­nt au méthanol et le kit est de type ARF en structure bois entoilée. Les proportion­s inhabituel­les et le pilotage via des câbles vont susciter la curiosité sur les terrains, mais c’est le but…
 ??  ?? Il faut nécessaire­ment être à deux pour préparer un modèle circulaire au vol. Le moteur est bloqué à plein gaz par le mécano, avant que le modèle ne soit lâché sur demande du pilote. Ensuite, le vol se poursuit tant qu’il y a du carburant dans le réservoir.
Il faut nécessaire­ment être à deux pour préparer un modèle circulaire au vol. Le moteur est bloqué à plein gaz par le mécano, avant que le modèle ne soit lâché sur demande du pilote. Ensuite, le vol se poursuit tant qu’il y a du carburant dans le réservoir.
 ??  ?? Retenu et piloté par des câbles, ce type de vol captif est vraiment différent. Troquer l’émetteur pour une poignée exige un nouvel apprentiss­age.
Retenu et piloté par des câbles, ce type de vol captif est vraiment différent. Troquer l’émetteur pour une poignée exige un nouvel apprentiss­age.

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