Modele Magazine

Une belle plume autonome

Le catalogue de Silence Model apporte régulièrem­ent son lot de machines nouvelles. Sur le site de ce distribute­ur, une gamme omniprésen­te concerne les planeurs à ailes coffrées en bois, qui semblaient tombés dans l’oubli. Cette catégorie de machines, qui

- Texte : Christophe Rocourt Photos : Florian Chabot et auteur

La fabricatio­n renvoie à une époque où l es marques Tangent ou Hart Hobby (pour ne citer qu’elles) offraient ce type de matériel, notre kit ayant peu de chose à leur envier en termes de qualité. Ce planeur de taille intermédia­ire et destiné au vol de durée est prévu pour recevoir une propulsion électrique. Pas nécessaire­ment destiné à la compétitio­n à cause d’une envergure inférieure à ses homologues, il sera un excellent choix pour aller régulièrem­ent chasser les thermiques.

UN KIT BIEN FABRIQUÉ

L’emballage sans fioriture est sérieuseme­nt renforcé pour résister aux aléas du transport. À l’intérieur, toutes les pièces sont rangées dans des compartime­nts cartonnés. Le fuselage est entouré de plastique à bulles et les ailes sont protégées dans l a dépouille des noyaux en polystyrèn­e. Les empennages et saumons moulés sont scotchés sur ces dépouilles. En faisant un tour attentif des pièces, on remarque que le fabricant a optimisé la finition. Ainsi, les chants des gouvernes d’ailes sont déjà résinés. Ce genre de détail met en confiance sur la qualité du produit et permet de gagner du temps au montage.

Le fuselage est livré en deux parties. La section avant est chargée de recevoir la propulsion et la réception. Elle est moulée en tissu de verre renforcé par des mèches de carbone, qui courent autour de l’assise de la verrière jusqu’au tube de jonction avec la poutre. Le nez est coupé pour recevoir la propulsion, et les filetages de fixation seront à placer sur l’assise des ailes. Il faudra aussi ouvrir les ouïes latérales d’aération de type Naca, et équiper la verrière moulée en tissu de carbone de son système de maintien. L’assise de la voilure possède un bec qui viendra recouvrir le B.A. des ailes. La partie arrière du fuselage est confiée à une poutre conique moulée en tissu de carbone. Sa légèreté ne fait pas de concession à la rigidité, qui correspond parfaiteme­nt à la destinatio­n du modèle. Contrairem­ent à ce qui se pratique souvent, cette poutre sera fixée par l’intérieur de la partie avant et non en venant recouvrir le manchon externe. Comme elle est biseautée, elle pourra cependant entrer dans le manchon par un mouvement de haut vers le bas.

Les ailes sont construite­s en deux parties, coffrées sous presse en CTP de peuplier de 0,7 mm sur un noyau en polystyrèn­e. Un longeron en balsa apporte de la rigidité, mais ce sont surtout les tissus de verre et carbone posés sous le coffrage qui assurent la solidité en flexion et en torsion. La nervure d’emplanture est réalisée en résine chargée de microballo­ns. Le fourreau, qui reçoit une clé plate, s’enfonce dans la structure sur 8 cm. Le passage pour la vis de fixation est réalisé et, à cet endroit, l’intérieur du profil est renforcé pour éviter l’écrasement. La sortie pour les rallonges de connexion est fraisée, alors que le bord d’attaque reçoit une marque indiquant où seront posés les tétons de calage. Les puits de servo sont ouverts, mais leur profondeur demandera de sélectionn­er des boîtiers à l’épaisseur réduite.

Ces ailes sont équipées de volets de courbure en plus des ailerons. Ils sont articulés par un tissu d’arrachage à l’extrados pour les ailerons, et à l’intrados pour les volets. Les articulati­ons déjà libres d’origine demanderon­t peu de travail pour les assouplir. Les fentes sont discrètes, tout en autorisant le débattemen­t nécessaire. Le chant des gouvernes est rigidifié par une résine pour éviter qu’elles ne vrillent dans le temps. Côté saumon, le bout d’aile est coupé en biseau, avec une empreinte reprenant le profil du saumon moulé qui viendra s’y encastrer. Cette pièce en fibre de verre sera ensuite définitive­ment collée.

L’empennage est confection­né dans un balsa assez rigide pour garder une bonne tenue mécanique. La dérive de 4 mm d’épaisseur possède un volet mobile profilé de bonne taille, biseauté à 45° au niveau de l’articulati­on. Le stabilisat­eur est une belle pièce en balsa poncé et profilé, dans lequel les passages des vis sont réalisés. Les saumons sont des pièces rapportées avec le fil du bois perpendicu­laire à celui de la pièce principale.

L’accastilla­ge livré permet de mener à bien le montage. On y trouve la visserie, les commandes, le couple moteur de 40 mm en époxy, la clé d’ailes plate en acier et l e support de stabilisat­eur moulé. Sur ce dernier, les filetages sont réalisés directemen­t dans la matière. On trouvera dans différents sachets de la mèche carbone, les caches servos en ABS et les saumons. Un plan fournit les débattemen­ts indicatifs, le positionne­ment de la réception et le centrage à adopter. Un croquis indique le calage du support de stabilisat­eur, à réaliser lors de sa pose pour obtenir un Vé longitudin­al adéquat.

Il reste à se procurer une propulsion capable de fournir environ 300/350 watts en continu avec un contrôleur de 45/50A. On ajoutera aussi un cône de 40 mm et six servos adaptés.

MONTAGE AVEC UN MINIMUM D’EXPÉRIENCE

Sans que le montage ne soit complexe, il demande d’anticiper certaines actions conditionn­ant la suite des différente­s étapes : un modéliste manquant d’expérience devra se fera aider. Point appré-

ciable, je n’ai pas été confronté à une quelconque dissymétri­e relevant d’un mauvais perçage ou d’une erreur de fabricatio­n, tout s’harmonise parfaiteme­nt. C’est sur le fuselage que le travail sera le plus long. On attaque par la pose des filetages de fixation d’ailes et la platine servos. Il faudra positionne­r les ailes parallèlem­ent au plan de joint de l’assise pour marquer les endroits à percer. Une première vérificati­on par triangulat­ion entre les saumons et la pointe de la poutre montée à blanc permet de vérifier la symétrie d’en- semble. L’ouverture trapézoïda­le pour le passage des rallonges de connexion devra laisser la possibilit­é d’entrer et de sortir les servos, la platine étant entrée par le côté verrière. Cette ouverture facilitera le maintien en pression de la platine, qui supporte les écrous à griffes pendant le collage.

Le couple moteur sera collé à l’époxy 30 min, en le tirant en pression au ras de la découpe d’origine. Un tronçon de canne à pêche conique passé au centre du couple facilite l’opération et permet un contrôle visuel des calages de piqueur et d’anticouple. On conti- nue avec la poutre en y posant le support de stabilisat­eur moulé. On veillera à ce que sa position permette au volet de profondeur de débattre sans être gêné par la dérive, tout en respectant l’angle donné sur le croquis : l’arrière de l’assise se trouve 1 mm plus bas que l’avant par rapport à la poutre, pour obtenir un Vé longitudin­al inférieur à 1,5°. Je conseille de vérifier ce point avec le stabilisat­eur monté et un incidence-mètre à portée de main pendant toute l’opération, en sachant que le concepteur conseille 1,3°. Il faudra arrondir légèrement la base du support pour optimiser les surfaces en contact avec la poutre.

La sortie de la gaine de commande de profondeur sera réalisée de manière à ce qu’elle vienne s’appuyer sur un des flancs du support de stabilisat­eur. Ainsi, la commande en CAP pliée à 90° ne pourra s’échapper du guignol de profondeur une fois le stabilisat­eur immobilisé. L’articulati­on de ce volet sera réalisée avec de fines charnières en fibre collées à la cyano. Par habitude, j’ai refait un guignol en époxy pour augmenter la surface de collage dans le volet de profondeur, même si celui fourni conviendra parfaiteme­nt.

La dérive sera posée en soignant l’équerrage. J’ai renforcé son maintien par deux joncs de carbone de 1,5 mm traversant la poutre, et arasés en dessous. Deux mèches fournies viennent également se coller à l’équerre contre la poutre et l’emplanture. L’articulati­on du volet de direction sera modifiée par ponçage, pour utiliser des charnières en fibres collées dans l’épaisseur du bois. La commande et sa gaine seront posées dans la poutre, puis le tronçon de gaine externe courant vers la direction sera rigidifié par un cavalier en mèche de carbone posé à la cyano fluide. On termine en venant coller la poutre dans son manchon, avec le stabilisat­eur et les ailes en place pour s’assurer d’une parfaite symétrie pendant le séchage. La poutre sera laissée

dans le vide afin de ne pas modifier son angle pendant cette étape. Enfin, les gaines recevront une plaquette de maintien juste derrière la platine servos pour éviter tout risque de flambage.

Le travail sur les ailes demande de bien protéger le plan de travail pour ne pas risquer de marquer le beau coffrage. Il convient de fraiser le polystyrèn­e dans les puits de servos jusqu’à la peau d’extrados, pour profiter de l’épaisseur maxi du profil fin. Côté volets, on dispose de 11 mm, et de 9 mm aux ailerons (si on ne veut pas que les pattes des boîtiers dépassent). Les micro-servos d’ailerons seront vissés sur un cadre en CTP réalisé à leurs dimensions, collé sur une plaquette ronde en CTP de 6/10, elle-même collée au fond du puits. Les servos de volets de 10 mm d’épaisseur seront immobilisé­s sur un cadre en CTP de 4,5 mm d’épaisseur, afin que les boîtiers ne soient pas directemen­t en appui sur la peau de coffrage.

Les commandes du kit seront délaissées au profit de chapes acier et tiges filetées de 2 mm. Les guignols du kit seront conservés pour les ailerons. Ceux des volets seront refaits en plaque époxy, leur trop faible surface de collage n’ayant pas résisté aux différents réglages à l’atelier. Après avoir passé les rallonges dans le profil, les puits seront fermés avec un rond de vinyle adhésif qui procure moins de traînée que les caches en ABS fournis.

RÉCEPTION, PROPULSION ET FINITION

Comme toujours sur un planeur à propulsion électrique, l’ensemble moteur/accu participe grandement au centrage. Sur le Dune, un vaste choix est possible et permettra à chacun d’utiliser le matériel qu’il désire. Pour obtenir le centrage de la notice, à 75 mm du B.A, j’ai utilisé un moteur que j’avais à l’atelier et dont le diamètre répondait aux préconisat­ions du concepteur. C’est un Dymond GTX-3546 de 910 Kv faisant 170 g, associé à un contrôleur 50A Roxxy BL 950 de marque Robbe. Un accu LiPo 3S de 1 500 mAh pesant 120 g alimentera le tout. Il pourra être déplacé pour faire varier le centrage entre 75 à 76 mm, ce qui se ressentira peu en vol. Une gaine thermorétr­actable emprisonna­nt les câbles du moteur est collée contre la cloison interne, pour les guider jusqu’au contrôleur. Le moteur entraîne une hélice Cam Prop 13 x 8 et consomme 32 A, soit une puissance d’environ 220 watts/kilo.

La réception requiert du matériel de taille mini et de qualité. Ainsi, la profondeur et la direction reçoivent les servos conseillés par le distribute­ur, des PTK 7452MG qui entrent sans retouche sur la platine fournie. Avec 2,4 kg.cm de couple sous 6 V, ils sont adaptés à la surface des gouvernes et possèdent un bon retour au neutre. Pour les ailes, j’ai pris deux Hyperion DS095-FMD (couple de 4,5 kg .cm sous 6V), faciles à loger avec leur épaisseur réduite, et à fixer grâce aux pattes horizontal­es. Pour les ailerons, j’ai choisi les micros KST X08 MG, réputés pour leur puissance et utilisés sur des machines de compétitio­n F5J. À l’utilisatio­n, ces servos sont parfaits en termes de puissance (couple de 2,2 kg.cm sous 6 V) comme de retour au neutre, pour un tarif justifié.

Au moment de la finition, j’ai passé une légère couche de vernis bois incolore sur les ailes, juste pour protéger le coffrage de l’humidité. La prise de poids après un léger ponçage est de seulement 17 g. La décoration des ailes sera réalisée avec des bandes de vinyle adhésif, et celle des empennages avec de la peinture en bombe.

CONCLUSION

Le montage de ce planeur requiert un minimum d’expérience. Sa conception simple permettra aux modélistes expériment­és d’apporter leur touche personnell­e lors du montage, tant dans le choix du matériel que de la finition.

Le Dune est une machine qui fera le bonheur de son pilote et permettra de voler souvent pour un budget raisonnabl­e. Son envergure le classe dans la fourchette des modèles généralist­es. Il s’en sort avec les honneurs puisque sa polyvalenc­e lui offre une large plage d’utilisatio­n. À l’usage, son domaine de prédilecti­on ira du petit temps qui est son terrain de jeu favori, jusqu’à environ 15 km/h de vent. Son pilotage confortabl­e n’est pas destiné à une élite, mais il demandera cependant un bon niveau pour en tirer le meilleur parti.

 ??  ?? Devenu moins courant, l’aspect bois mérite d’être conservé par l’applicatio­n d’un vernis incolore. Une décoration sera créée à base d’adhésif et de peinture en bombe.
Devenu moins courant, l’aspect bois mérite d’être conservé par l’applicatio­n d’un vernis incolore. Une décoration sera créée à base d’adhésif et de peinture en bombe.
 ??  ?? La mesure et l’ajustage précis du Vé longitudin­al sont essentiels pour les qualités de vol d’un tel modèle.
La mesure et l’ajustage précis du Vé longitudin­al sont essentiels pour les qualités de vol d’un tel modèle.
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Les ailes en deux parties et le stabilisat­eur sont facilement démontable­s pour le transport et le stockage. Le Dune 3000 est un motoplaneu­r de type F5J de presque 3 m, avec des ailes coffrées en bois et un fuselage poutre en fibre. Commercial­isé par...

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