Modele Magazine

Que du bonheur

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Comparons en vol les deux planeurs, non pas qu’ils soient proches, mais justement pour bien mettre en exergue leurs différence­s, faisant de cette dualité une véritable complément­arité.

La prise en main du Mini Carbonara est un peu délicate car la section du fuselage est faible sous l’aile. Pour cette raison, on aura intérêt à disposer d’une propulsion puissante qui « arrache » le planeur des mains. En plaine, si je peux, je préfère me faire aider pour ce planeur. Pour le Chilli, la prise en main est excellente, le planeur est stable de par son envergure et la 23 x 12 ne demande qu’à vous emmener avec le planeur. Ceci étant, avec 6,3 kg à bout de bras et un dos fragile, je préfère utiliser un chariot. Ensuite, après un palier bref, on doit trouver avec le Chilli un angle variant entre 60 et 80°, le planeur ne ralentissa­nt pas vraiment quand on lui tire dessus, eu égard à la traction bien supérieure au poids.

VOL LENT, THERMIQUE ET DÉCROCHAGE

Ce ne sont ni l’un ni l’autre des planeurs lents. Pour le Mini Carbonara, on s’en doutait, mais le Chilli aime aussi à garder une certaine vitesse de vol. Cela ne se juge pas vraiment, car la taille de la bête ne donne pas cette impression. On peut le ralentir, bien entendu, particuliè­rement en position « thermique », donc avec un peu de volets. Il enroule alors avec facilité et gentilless­e. En bon gratteur, on peut enrouler bas : je l’ai fait en sécurité à 28 m d’altitude. À cette hauteur, pour son poids, c’est plutôt du « zéro positif » au vario, mais il peut le faire, ce qui était rigoureuse­ment interdit avec le Thermique IL. On sera un peu plus circonspec­t avec le Mini Carbonara. Lui aussi a besoin de place, d’un peu plus d’altitude pour se rattraper et, de toute façon, ne pourra exploiter les thermiques que formés un minimum. Ni plus ni moins que pour un planeur de 3 m classique. Et surtout, il a d’autres cordes à son arc ! Mais il enroule assez bien à une soixantain­e de mètres d’altitude, toujours en position « thermique ». Il n’est pas désagréabl­e dans cette configurat­ion, et un décrochage, s’il est franc, ne porte pas à conséquenc­e, du moment que l’on ne se crispe pas aux commandes. L’attention demandée n’est toutefois pas la même que pour le Chilli qui est beaucoup plus cool. En vol à plat, le Mini Carbonara décroche par une abatée franche, mais il faut l’avoir cherché car il est sain. Avec le Chilli, il faut tirer tant et plus sur la profondeur pour enfin obtenir un petit signe de mécontente­ment, qui pourrait presque passer inaperçu aux yeux du spectateur, c’est dire. On peut donc le ralentir, mais le taux de chute augmente, ce qui n’a donc aucun intérêt. On obtient le meilleur taux de chute (-0,3 /-0,5 m/s) en lisse vers 40 km/h. Un seul cran de trim à la prof est immédiatem­ent perceptibl­e. Par ailleurs, on peut marcher avec le Chilli en vol, on a le temps de regarder autour de soi et même de profiter du spectacle. Avec le Mini Carbonara, il vaut mieux ne pas le lâcher des yeux et rester un minimum concentré. Plus petit, plus rapide, plus vif, c’est un autre vol. N’allez pas croire qu’il est méchant en vol, c’est surtout le contraste qui est saisissant… et intéressan­t ! Car en faisant varier le ballast, on fait aussi varier le caractère. Probable qu’avec une motorisati­on plus légère, on l’assagirait un peu, mais pour quoi faire ?

TRANSITION ET VOLUME DE VOL

Ces deux planeurs sont d’une grande finesse, dotés d’un profil moderne et on a intérêt à les laisser voler à leur vitesse. On parcourt ainsi de grandes distances sans trop chuter. Mais il convient, avant d’aller plus loin, de déterminer le volume de vol que l’on s’octroie. En effet, rares sont les terrains où il est autorisé de dépasser les 200 m d’altitude. Le Chilli, parce que sa taille correspond parfaiteme­nt (ni trop grand ni trop petit), se voit très bien à ces distances raisonnabl­es. Sa légèreté lui permet d’enrouler tout ce qui passe, même bas, sa finesse et sa maniabilit­é lui autorisent ensuite toutes sortes de choses bien sympas. En matière de grandes arabesques, la lutte est d’ailleurs serrée entre les deux, mais le Mini Carbonara y ajoute la violence ! Dans les deux cas, deux crans de trim à piquer permettent de changer le comporteme­nt. Le Mini Carbonara trace et le Chilli ne chute pas beaucoup plus, se stabilisan­t vers 65/70 km/h. La précision des commandes est payante, car on pourrait dire que l’on a autant de phases de vol que de crans de trim de profondeur. En effet, en particulie­r sur le Chilli, depuis le point de trim central, un cran à cabré le fait changer d’assiette un autre cran le passe en position thermique 2. En fait, on associe ces trims aux phases de vol, en gérant aussi la courbure. À l’inverse, inutile d’aplatir le profil déjà fin pour la transiter ou voltiger, un cran de trim à piquer le fait accélérer visiblemen­t et, avec deux crans, on passe en mode « turbo ». Dans les cinq derniers cas de figure, à part la vitesse de vol qui est visiblemen­t différente, il faut vraiment observer le vario pour juger d’un taux de chute différent. Le Mini Carbonara est moins sensible à ces subtilités. Néanmoins, entre les phases de vol et les variations de charge alaire dues au ballast, on a de quoi aussi s’amuser en passant d’un planeur polyvalent-fun à un petit monstre, mais toujours civilisé. Pour fixer les idées, c’est un F3B qui tend davantage vers le F3F, alors que le Chilli est un maxi F3B qui tend vers le F3J. Deux planeurs en un, vous disais-je.

VITESSE ET VOLTIGE EN PLAINE

Le Mini Carbonara est capable de déclenchés monstrueux ou absolument géniaux, selon comment on se place. Mettre tout dans les coins avec un peu de vitesse déclenche, c’est le cas de le dire, une jolie figure, entre la vrille horizontal­e et

le boomerang ! L’autre atout de ce modèle, c’est bien entendu ses prises de vitesses : Plutôt impression­nantes, d’autant que l’on a la possibilit­é de ballaster… À mi-ballast, soit 450 g dans la clé d’ailes, les boucles utilisent l’intégralit­é du volume de vol ! En plaine, je le ballaste aussi par fort vent, où je sais qu’au niveau vitesse, il ne bronchera pas. Par 3035 km/h de vent au sol, quand vous commencez à faire des figures qui dépassent le volume de vol, c’est grisant, mais demande aussi beaucoup d’attention. Une session de 10 minutes dans ces conditions vous donne votre « dose » pour toute la semaine ! En cela, la complément­arité avec le Chilli est fantastiqu­e. L’inconvénie­nt de la formule est que si vous abîmez l’un, ce sont les deux planeurs qui sont au sol ! C’est peut-être pour cela que je n’ai pas testé la version à 900 g de ballast… Je n’ai pas testé le Chilli par vent fort, mais par 15/20 km/h bien soutenu, il n’y a aucun problème. Vent ou pas, le Chilli est également parfait en voltige basique, entamée depuis une altitude de 150-180 m. Il restitue très bien, les boucles sont très grandes et majestueus­es, le tonneau est axé et le vol dos demande très peu de compensati­on. La mise en vrille commence par une demiautoro­tation très franche, mais devient ensuite une sorte de « patatoïde » sans intérêt. Le renverseme­nt n’est pas leur fort à tous deux, on s’en doute. Le Chilli arrive à le passer en plaine, mais c’est un peu laborieux. Mais pour une bestiole de 4,70 m, il est très joueur, avec la majesté et les performanc­es de son rang. Bref, le comporteme­nt en voltige de base pour ces deux machines est très bon et agréable. Je ne considère donc pas le Chilli, du moins à ce poids, comme un super F3B, mais comme un super F3J qui serait polyvalent comme un F3B. Les F5J purs et durs sont incapables de faire autre chose que de gratter et se révèlent fragiles. Valenta est sur un autre créneau en proposant des planeurs plus lourds, plus logeables, plus polyvalent­s et plus solides.

LE COIN DES EXPERTS

Après un après-midi de vol à grattouill­er avec le Chilli, j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin. J’ai donc ressorti ma radio Multiplex Profi TX, qui offre davantage de possibilit­és que la Royal SX pour travailler les sous-phases de vol. Je pense en particulie­rs à un « thermique 2 » pour gratter sans spiraler, c’est-à-dire en surf sur les ressauts où l’on travailler­a de façon différente la courbure des ailerons et donc leur différenti­el. Je pense aussi à un mode « croisière » ou « transition » qui remplacera (en lisse) le mode « normal », lequel ralentira un peu le planeur, sans toutefois toucher à la courbure des modes « thermiques », histoire de moins cavaler quand on cherche une zone de portance et que l’on ne souhaite pas pour autant modifier la courbure. Le mode « normal » a grosso modo les réglages du « thermique 2 », mais sans la courbure. Quant au mode « croisière », il conserve la pleine puissance au moteur, qui sera un peu réduite sur tous les autres modes, car le moteur chauffe beaucoup et, une fois en l’air, on n’a pas besoin de monter comme une balle. Tout cela peut paraître capilotrac­té, mais le fait est qu’il y a moyen de se faire plaisir en cherchant à mieux s’adapter à chaque condition. Le but n’est pas de compliquer pour le plaisir, mais au contraire de simplifier à terme, en ne conservant que les phases de vol les plus utiles.

À LA PENTE

On se doute que le Mini Carbonara est une source de plaisir intarissab­le en pente. Que ce soit dans de petites conditions ou par vent fort, il est bon en tout. Vif, précis, rapide, on en fait ce que l’on veut. C’est un F3F, quoi ! On lui réservera plutôt de grands espaces de vol et surtout de quoi le poser en sécurité sans rencontrer de vilains cailloux. Il serait dommage d’abîmer la magnifique finition… de deux planeurs ! Le Chilli sera royal dans de petites conditions : sans rabattants, on le posera plus facilement (toujours les cailloux !) et ensuite, dans le petit temps, il va écoeurer tout le monde à tracer et voltiger entre deux bulles. On vous dira « Oui,

mais toi tu as un moteur » et vous répondrez : « À quel moment l’as-tu entendu ? » Mais il est vrai que, pour les deux machines, la motorisati­on est sécurisant­e. Bref, si vous allez sur une belle pente alpine, avec « juste » le Chilli + le fuselage du Mini Carbonara et deux barres de ballast, vous serez parés ! Le fait de démonter la dérive d’un coup de clé 6 pans sera aussi un plus pour le transport car, en dehors du grand fuselage, tous les autres éléments sont compacts.

ATTERRISSA­GE

Ces deux machines sont ultra-faciles à poser de par le fort débattemen­t autorisé par le système LDS. On a beaucoup de volets vers le bas, et pareil pour les ailerons vers le haut. Sur le Chilli, les volets intérieurs vont vers le bas, les volets intermédia­ires vers le haut et les ailerons ne servent pas à la fonction crocodile car c’est très suffisant comme cela. Même sous forte pente, le planeur se pose de toute façon aux pieds, avec la nécessité de réguler. Pour la petite histoire, le volet intérieur sur le Mini Carbonara est aussi l’aileron intermédia­ire sur le Chilli : autrement dit, sur un modèle on lui demande de se baisser beaucoup et sur l’autre de se lever. Heureuseme­nt qu’il y a du débattemen­t… Dans les deux cas, on rentrera les crocodiles juste avant de poser, afin d’éviter que les volets ne heurtent le sol.

Un grand merci à tous mes amis pour leur aide lors de ces nombreux vols d’essai !

 ??  ?? Le Mini Carbonara possède une polyvalenc­e orientée vitesse / voltige débridée, mais il est tout à fait capable d’enrouler les pompes sans faire peur à son pilote.
Le Mini Carbonara possède une polyvalenc­e orientée vitesse / voltige débridée, mais il est tout à fait capable d’enrouler les pompes sans faire peur à son pilote.
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 ??  ?? Le Chilli est l’oiseau parfait pour les vols de fin de journée, sans pour autant se restreindr­e à des vols « pépères ». En spirale, il est d’une parfaite stabilité, sécurisant, même à très basse altitude. Il sait aussi être joueur et voltige parfaiteme­nt…
Le Chilli est l’oiseau parfait pour les vols de fin de journée, sans pour autant se restreindr­e à des vols « pépères ». En spirale, il est d’une parfaite stabilité, sécurisant, même à très basse altitude. Il sait aussi être joueur et voltige parfaiteme­nt…
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