CHAMPIONNAT DU MONDE DE MAQUETTES À MEIRINGEN
Du 5 au 14 juillet derniers se sont déroulés les championnats du monde maquettes à Meiringen, en Suisse. Je vous invite à partager la belle aventure que fut ce championnat, avec des participants venus des quatre coins du monde et une équipe de France qui
Les maquettes au pays des edelweiss
Outre l e cadre fantastique de cette compétition, il faut noter la présence du premier concours i nternational de maquettes d’hélicoptères. Le premier weekend fut dédié à un public venu nombreux pour applaudir un meeting d’aéromodélisme de très haut niveau, ainsi que l es évolutions de la patrouille aérienne suisse.
AU COEUR DE LA SUISSE
La commune de Meiringen se situe à quelques kilomètres de la célèbre station balnéaire d’Interlaken, dans les Alpes suisses. La région est absolument magnifique, avec des lacs aux couleurs improbables coincés entre des montagnes vertigineuses. Les villes sont superbes, le décor demeure conforme aux cartes postales. Le
seul bémol concerne le coût de la vie : tout est en effet à multiplier par deux.
La compétition se déroule sur l’aérodrome militaire de Meiringen : l a piste est bien entendu parfaite et l es hangars sont conformes à l’horlogerie suisse : Tout est neuf et remarquablement propre, on est presque dans l e cliché, et j’avoue que cela est bien agréable, surtout l orsque l’ on parle des installations de commodité.
L’accueil est parfait avec des dames qui parlent plusieurs langues et vous dirigent avec bienveillance vers différentes étapes administratives. Bref, l’organisation est millimétrée et ultramoderne puisque les organisateurs utilisent l’informatique pour donner en temps réel les résultats et les fiches de présentation des concurrents. Tout est retransmis instantanément sur de multiples écrans géants.
Les équipes sont regroupées
dans des box délimités par des barrières. Chacun s’installe pour durer, puisque la compétition s’étale sur dix jours. Il y a une forte participation : on compte 31 concurrents en F4C et 34 en F4H, sans compter les très nombreux hélicoptères.
VOILURE TOURNANTE
La particularité de ce championnat suisse est d’avoir organisé pour la première fois un concours international d’hélicoptères RC. Le plateau est absolument remarquable et de nombreuses machines sont incroyables. Les amateurs de gyravions en avaient pour leur déplacement, avec plus d’une cinquantaine d’hélicoptères. Malheureusement, nous ne pourrons pas tout suivre, trop pris que nous sommes par notre compétition avion.
Il faut noter que la participation touchait tous les modes de propulsions : thermique, électrique et bien entendu turbine. Il convient de relever la présence de tous les grands noms de cette spécialité, avec notamment la firme Baumann. J’ai craqué devant bon nombre de machines comme le somptueux MI 24 Hind de Martin Gerber, animé par une mécanique Pahl et d’une masse de 25 kg. On est dans le maquettisme pur avec du vieillissement, de la finesse de réalisation et beaucoup de maîtrise technique. Bref ! Encore un artiste qu’il convient de saluer.
LE F4H, UNE CATÉGORIE TRÈS OUVERTE
Chaque pays peut engager deux équipes de trois modélistes : une en F4C et une en F4H. La différence entre les deux catégories concerne uniquement le statique. En F4H, il n’y a que cinq photos à fournir et la note ne compte que pour un tiers du total final. Cela permet à des avions issus de kits de bien figurer dans le classement. Cependant, ne nous trompons pas, la première partie de la hiérarchie est occupée par des machines réalisées pour le haut niveau. Les maquettes sont splendides, parfaitement exactes et documentées. Le niveau de pilotage est remarquable. C’est le cas pour les Français, les Allemands, les Suisses, les Polonais, les
Tchèques, les Australiens et j’en passe.
La « bagarre » fut intense et pleine de rebondissements, d’autant que le vent très capricieux fut un arbitre impitoyable. En troisième position, on trouve Jan Doubrava, un jeune Tchèque talentueux qui pilote le magnifique Hawker Sea Fury. Pour la deuxième place, c’est le vétéran Max Schilt qui pilote son K-W C36 depuis très longtemps et provient du F4C. Le vainqueur est l’Allemand Marcus Hausmann qui présentait un tout nouveau Stampe S-V 4C.
Dans cette catégorie, on compte d’anciens modèles de F4C qui, pour moi, n’ont pas vraiment leur place dans cette épreuve qui a été conçue pour ouvrir la discipline à la nouveauté. Heureusement, le F4H accueille de jeunes modélistes particulièrement talentueux comme l’Australien Anthony Ogle ou le Suédois Alexander Olson qui pilotait un splendide Spitfire biplace. Parallèlement, on dénombre beaucoup de nouveaux modèles comme le Dewoitine D 26 de Urs Brand, un aéronef français particulièrement bien reproduit. Il convient de noter également le magnifique Kawanishi Shinden de Takashi Hanawa (Japon) : un avion que l’on croise rarement sur les terrains.
F4C, LE STATU QUO
Le taux de renouvellement est moins important dans la catégorie reine qu’est le F4C. Pour figurer dans le top 10, il faut un avion parfaitement exact, piloté de main de maître, et c’est une des explications de la longévité de certains modèles.
À ce petit jeu de l’amélioration permanente, on retrouve les pointures de la discipline. En troisième position, c’est l’étonnant Walter Gähwiler qui monte sur le podium. Ce modéliste possède une main à laquelle il manque tous les doigts, il parvient tout de même à réaliser un avion exceptionnel et à le piloter avec une précision chirurgicale. À noter que son Bae Hawk est énorme, sans dépasser pour autant la fameuse barre des 15 kg, chapeau l’artiste !
En deuxième position, on retrouve notre Marc Levy national qui, fidèle à son habitude, a piloté avec maestria, il remporte les manches de vol en marquant 1 000 points. Le Fouga Magister a
fait le job comme on dit dans le jargon, cela en affichant une fiabilité sans faille et une présence en vol à couper le souffle.
En première position, on retrouve Andreas Lüthi, et son fabuleux Bücker Jugmeister Antares, qui a déjà été champion du monde avec cette machine.
Mon préféré figure à la quatrième place, j e veux parler du somptueux Stinson A1 trimoteur de Max Merckenschlager, une maquette hors normes.
LES ÉQUIPES
En F4H, les Français (tenants du titre depuis quatre ans) se sont contenté de la troisième place. Au deuxième rang, on trouve les Suisses qui ont affiché une belle régularité. Les nouveaux champions du monde sont les Tchèques avec une admirable équipe, très sympathique et particulièrement affûtée.
En F4C, c’est la Suisse qui monte sur la troisième marche du podium, la lutte aura été serrée jusqu’au bout. Pour la deuxième place, ce sont les Français qui se positionnent dans le classement malgré bien des péripéties. Les vainqueurs sont l es étonnants Australiens qui se sont surpassés.
Le classement est clôturé par le challenge junior et, à ce petit jeu, c’est Alexis Lévy de l’équipe de France qui remporte le trophée. Notre nation affiche ainsi son dynamisme et ses compétences puisque tous nos compétiteurs reviennent avec une médaille.
L’ÉQUIPE DE FRANCE
Comme vous le voyez, les résultats bruts sont plutôt flatteurs pour cette équipe de France qui affichait en F4C trois machines confirmées et performantes. En F4H, c’est l’inverse, les compétiteurs pilotaient trois nouveaux avions, mis en oeuvre entre autres par le champion du monde sortant , Daniel Boulanger.
L’affiche est alléchante mais les aléas sportifs vont nous compliquer la tâche, chaque compétiteur ratant quelque chose sur un vol. • Le premier à faire les frais de l’imprévu, c’est Fabien Busom, dont la roulette de queue se met en opposition au roulage à cause du fort vent de travers. Voilà une manche de vol sacrifiée : en effet, il faudra toucher l’avion avant le
décollage pour régler le problème, cela fait zéro pour cette figure. Heureusement, Fabien est un battant et il termine sixième de la compétition en F4C, un résultat de haut rang. • Le plus malchanceux sera Yannick Bueb et son Albatros électrique qui sera victime d’une mise en sécurité du contrôleur de la motorisation électrique de son gros biplan Albatros, là encore une manche sacrifiée. Ce n’est pas dramatique puisque le classement se fait au meilleur des deux vols sur trois réalisés, nous avons donc tous un joker. Notre ami Yannick, dans la dernière manche, aurait logiquement dû réintégrer le top huit du gratin mondial. Malheureusement, c’était sans compter sur une inversion de figures qui le condamne à une place d’honneur. • Marc Lévy avait faim de victoire et il a assuré un très bon championnat en remportant les manches de vol et en affichant un statique stratosphérique. Il échouera à deux points de la première place, une fantastique performance. Sa principale satisfaction restera de concourir avec son fiston Alexis, qui, au sein de l’équipe F4H, va remporter la première manche de vol avec son Superbe Dalotel. Il rafle du même coup le challenge junior. Pour une première participation c’est un carton plein. • Daniel Boulanger et son époustouflant ZLIN 326 passent dans la “lessiveuse”, nom donné aux bourrasques locales selon les heures de la journée. Le résultat sur cette manche est plus que moyen, cela reste inévitable. Notre star du F4H n’améliorera pas et il finit 17e, une contre-performance qui ne reflète pas le potentiel de ce talent hors du commun. • Le nouveau Morane 406 de votre serviteur a rempli le contrat. En bon avion français aux couleurs suisses, il devait faire un clin d’oeil à ce magnifique pays. C’est en voyant l’émotion d’anciens pilotes de ce chasseur que j’ai réussi mon pari. En effet, ce monoplace fut en service dans ces contrées jusqu’en 1959.
Le chef d’équipe Hubert Sacriste peut encore tirer un bien meilleur parti de ce groupe particulièrement performant qui aurait pu une nouvelle fois tout rafler. Au résultat, il faut tout de même tirer un bilan très positif de ce déplacement. Notre juge international
Didier Pabois a encore renforcé ses compétences, et tout le monde possède une médaille souvenir du passage sur le podium. La plus belle satisfaction concerne tout de même nos résultats dans l’épreuve statique, le niveau atteint est élevé et c’est la récompense d’un long travail mené par nos juges nationaux, comme Pierre Delrieu ou Charles Levy.
ET VOUS ?
Il convient de rendre hommage à l’équipe d’organisation helvétique qui n’a pas ménagé sa peine pour offrir un championnat du monde exceptionnel, avec par exemple une réception en altitude animée par des musiciens traditionnels. Nos amis suisses ont su faire de ce championnat un événement inoubliable.
La compétition restera d’un niveau jamais atteint, et cela dans tous les domaines : forte participation, niveau des modèles et qualité des présentations en vol. C’est un fait, le niveau monte à chaque compétition et l’arrivée dans le haut niveau de nations comme les Polonais est à noter. Les plus belles maquettes du monde semblent indétrônables, espérons que cela ne durera pas…
Pour ma part, je vous dis à très vite pour organiser et multiplier les concours régionaux. N’oubliez pas de consulter les nouveaux règlements qui sont maintenant simplissimes et autorisent la participation des Ready to Fly. Cela nous permettra de nous amuser et de rêver autour de cette magnifique passion.
Le prochain championnat du monde se déroulera en Norvège du 25 juillet au 2 août 2020, il vous reste donc du temps pour préparer une maquette et venir nous rejoindre !