TRAJECTOIRE
Épisode 1 : Les bonnes bases
Les bonnes bases de réglage
Voici une nouvelle rubrique dédiée aux planeurs et à leurs motorisations. Cette rubrique, avec le rédac’ chef, nous l’avons voulue dans l’esprit de celle que j’ai animée dans la revue Looping il y a bien longtemps. Elle était déjà intitulée « Trajectoire », et on m’en parle encore...
Plus de vingt-cinq ans de pratique des grandes plumes électriques, des dizaines d’articles sur tous supports, davantage encore de planeurs essayés, pour une constatation : le fossé se creuse de plus en plus entre le monde très restreint des planeuristes de haut niveau (F3x, GPR, GPS…) et le vélivole en devenir, un peu perdu dans son club, en tout cas souvent i solé dans sa pratique.
AFFINER ET SE PERFECTIONNER, ÉTAPE PAR ÉTAPE
Davantage que de simples dossiers techniques, avec des astuces et beaucoup d’infos sur les matériels, le but est de vous amener à suivre avec moi une nouvelle trajectoire dans votre pratique du planeur. Ce ne sera pas que virtuel, car l’objectif est de vous accompagner avec votre propre machine, pour j uger par vousmême des progrès effectués. Ainsi va-t-on suivre une progression logique, mois par mois.
L’idée, c’est qu’il ne servirait à rien de mettre en avant des techniques de pilotages et de réglages un peu évoluées, si cela n’est pas concrètement applicable à vous et à votre matériel. Nous allons donc commencer par faire évoluer votre propre matériel et vos habitudes, car il n’est pas de bon ouvrier avec de mauvais outils.
Il vous faudra réellement mettre en pratique cela, sans sauter d’étape. Comme nous aurons un mois entre chaque étape, vous aurez le temps de mettre en application. D’avance, pardonnez-moi d’être un peu péremptoire, c’est pour être utile et transmettre ce que j’ai appris au cours des années… Ce qui va suivre au fil des mois à venir a demandé beaucoup d’attention et de travail précis, pour vous aider dans une progression logique. Aussi, suivre du fond de la classe et « s’inspirer » de cette rubrique, n’est pas vraiment une bonne idée.
FAIRE SIMPLE, C’EST PARFOIS COMPLIQUÉ !
Le but ? Ce n’est pas de se faire des noeuds au cerveau (ni aux servos), mais bien au contraire d’arriver à la fin à ce que tout soit simple : que votre planeur vole comme dans un rêve, qu’il aille où vous voulez et qu’il vous téléphone ce qu’il y a de mieux pour lui. D’autant que vous saurez le mettre dans la configuration optimale, correspondante à l’instant « T ».
Métaphorons : si vous voulez progresser en rallye automobile, vous n’allez pas charger le train avant, mettre des pneus pourris, des suspensions mortes, etc. Ce n’est pas compliqué, mais tout cela se règle au millimètre.
En planeur, c’est pareil. Sans pour autant vouloir faire de la compétition, le but sera d’être efficace mais simple. Pour cela, il va falloir se mettre en situation d’apprécier chaque millimètre de vos réglages. Ne vous inquiétez pas, si vous me suivez et que vous donnez la parole à votre planeur, il vous expliquera ! Pour que ce soit simple en vol et efficace, il faudra parfois l’être un peu moins en atelier, car c’est souvent dans le détail que tout se joue, on est justement là pour ça !
Si vous avez des questions d’intérêt commun, avec le rédac’ chef, nous vous garderons une petite place dans la revue pour y répondre. Pour me joindre : pierrealbanaeromodel@gmail.com (Pierre Alban Aeromodel)
JOUONS LE JEU
Pour commencer, il va vous falloir choisir lequel de vos planeurs va vous servir à suivre cette progression. Si vous n’en avez qu’un à volets, ce sera celui-là. Si vous n’en avez aucun à volet, cela limitera un peu, mais vous pourrez de toute façon participer et le faire évoluer. On prendra le plus polyvalent ou le plus rapide, c’est selon. Si vous avez un planeur à remettre en état et à moderniser, n’hésitez pas, c’est le candidat idéal ! Un Solius ou, mieux, un Heron ou un Funray (de Multiplex) peuvent servir de cobayes, mais une machine un peu plus grande et un peu plus fine sera davantage démonstrative. L’idéal serait un 3,50 / 4 mètres. À la limite, plutôt que d’acheter maintenant un nouveau planeur, prenez celui que vous avez sous la main, car il est probable qu’à la suite de ces dossiers, vos exigences soient bien différentes.
ÊTRE MÉCANIQUEMENT LOGIQUE, C’EST LA BASE
En premier lieu, on va optimiser l’installation radio de votre planeur, principalement dans les ailes. Puis, nous évoquerons la gestion des « crocos » (aérofreins dits « crocodiles », action qui consiste à baisser les volets et relever les ailerons pour freiner le planeur). Le but de l’opération est multiple : • Obtenir le maximum de débattements là où on en a besoin, sans en « gâcher » là où cela ne sert pas. • Tout cela sans jeu et avec un retour au neutre parfait. C’est-àdire que les volets de courbure doivent débattre beaucoup vers le bas et très peu vers le haut. Quant aux ailerons, ils doivent agir beaucoup vers le haut, et tout de même suffisamment vers le bas.
Obtenir des servos une cinématique cohérente et sans jeu, avoir des gouvernes qui débattent correctement, cela fait partie des bases sans lesquelles il ne serait possible d’aller plus loin. On ne pourra ni profiter, ni même tenter d’essayer certaines finesses de réglage et de pilotage, que nous aborderons plus tard, si nous ne partons pas sur une base la plus parfaite possible.
En effet, il ne faut parfois pas grand-chose pour passer du pire au meilleur, ou inversement !
Le but étant d’être utile et de vous faire profiter de mon expérience, j’espère sincèrement que vous allez vous précipitez sur l’heureux élu pour appliquer ces concepts. Attendez-vous à ne plus reconnaître votre planeur (ce
n’est pas une tournure de phrase, c’est réel).
LES SERVOS
Si les servos équipant votre planeur n’ont qu’un faible jeu, ça ira, mais si la tête de servo bouge dans son logement, on ne pourra absolument rien faire de bon. Si vous voulez en profiter pour refaire tout ça à neuf, alors on prendra plutôt des servos HV comme certains KST, ou acceptant au minimum le 6,6 V comme les Hyperion DS 095FMD (ces derniers sont programmables, ce qui nous sera très utile ensuite). Le but du 6,6 V ou du HV est d’alimenter le planeur de façon sûre et moderne. Ce sera l’objet d’un prochain numéro : si votre planeur est électrique, on peut opter pour des 6,6 V LiFePo4, mais si c’est pour un planeur pur ou bien une grosse bête électrique, le HV est bien plus logique
ARTICULATION DES GOUVERNES ET GUIGNOLS
Commençons par une évidence. Sur votre gouverne, l’articulation de celle-ci doit se trouver sur la face opposée à votre guignol, ceci afin d’éloigner au plus possible l’axe d’articulation de la gouverne de la tringle de commande. Pourquoi ? Avec un bras de levier long sur la gouverne, le servo forcera moins et sera plus précis. Dans le cas où votre guignol sera du même côté que la charnière, non seulement vous aurez très peu de débattement, mais aussi beaucoup de jeu. Ce montage « à l’envers » est donc non seulement inefficace mais, en plus, dangereux.
Ensuite, je ne suis pas partisan de positionner le guignol de façon très déportée sur la gouverne, que ce soit pour les volets ou les ailerons, nous verrons pourquoi plus loin. En tout état de cause, si on peut ramener l’axe de la chape au plus près de la ligne verticale passant par l’axe d’articulation, ce sera mieux. Ce n’est pas toujours possible, mais moins on s’en éloignera, mieux ça vaudra.
UN BRAS DE SERVO LE PLUS COURT POSSIBLE
Le nerf de la guerre est ici. Plus la chape sera éloignée de l’axe du servo, moins l e servo aura de force, moins il sera précis et plus il consommera. Inversement, plus on sera proche de l’axe de servo, plus grande sera la précision et les efforts moindres. L’inconvénient est que l’ on dispose de moins de débattement. Si on pouvait utiliser le premier trou du bras de servo, ce serait l ’idéal. Malheureusement, cela obligerait à avoir un palonnier trop court côté gouverne, ce qui est à réserver à certaines machines en fibre. Si l e premier trou du bras de servo est souvent trop court, le troisième est trop loin. Pour ma part, je considère l’usage du troisième trou comme un échec dans une belle i nstallation radio, en tout cas sur un planeur. Pourtant il aiderait bien, ce troisième trou, et le quatrième apporte pas mal de solutions, oui mais aussi des problèmes de force et de précision.
Reste donc le deuxième trou : là j e vous accorde qu’il faut sacrément ruser pour que tout se passe bien, car c’est un peu court. Mais c’est possible, et donc on a tout à gagner à travailler sur ce chemin-là.
Voici comment : dès lors que l’on utilise un bras de servo court, il va falloir exploiter toute la course du servo. On ne doit se servir des limites de fin de course de la radio uniquement pour affiner les symétries entre les gouvernes gauche et droite, mais jamais pour brider les débattements. Si on est amené à le faire, c’est que l’installation radio est perfectible.
Avant de fixer vos servos, vous allez : • placer donc la tête de servo côté bord d’attaque ; • régler les neutres à zéro sur la radio ; • placer le bras de servo bien verticalement pour les ailerons ; • pour les volets, décaler juste d’un cran vers le bord d’attaque.
Pour fixer l es servos dans l es ailes, on peut utiliser un cadre de servo adapté, c’est l a solution riche et pratique. C’est beau et pour changer un servo, ça se fait avec trois vis. À la revente, c’est aussi apprécié. Pour coller l e cadre, entourez le servo de film alimentaire et vissez-le sur son cadre, c’est important, sinon ça pourrait déformer l a peau de l’aile. Une fois le servo filmé et fixé sur son cadre, on utilisera de la colle UHU End Fest. Cette colle est très résistante, mais je vous suggère de peser les deux composants à la balance de précision, car elle est plus sensible que d’autres aux écarts de mélange.
Sans cadre, avec le même collage, on protégera les servos avec de la gaine thermorétracctable, qui elle, sera collée in situ. Dans les deux cas, les supports doivent être préparés sérieusement : poncer au gros grain, puis rayer au cutter et enfin dégraissez à l’alcool.
UTILISER TOUTE LA COURSE DU SERVO
Servos en place, donc, nous sommes d’accord que l’on a besoin d’un peu de différentiel aux
ailerons et de débattement très fortement asymétrique aux volets. À ce stade, les tringleries n’existent pas encore, donc on ne s’en occupe pas. Prenez votre radio maintenant et décalez les neutres vers le bord d’attaque. De 20 % pour les servos d’ailerons, de 30 à 40 % pour le servo de volets. Ainsi, on utilisera toute la course des servos. C’est seulement maintenant que l’on va adapter notre tringlerie.
On ne touchera donc plus au subtrim dans la radio, c’est sur le planeur que ça se joue. Je n’utilise que deux types de tringles, soit en 2,5 mm avec des chapes Multiplex car c’est de la bonne qualité, sinon en tige filetée de 3 mm en qualité inox si possible (en magasin de bricolage).
Ensuite, puisque l’on utilise le second trou du bras de servo, il est bien évident que la tringle va venir toucher l’aile à un moment ou un autre. Il faut donc couder cette tige de 10 à 15°, juste ce qu’il faut pour « échapper » la peau de l’aile.
La solution riche, c’est d’utiliser des chapes coudées. C’est absolument génial ! À 5 euros pièce chez Lindinger, c’est cher mais ça vaut vraiment la peine. En plus, il faudra rajouter la petite vis pour fixer le tout sur le bras de servo.
Une fois le servo en place, on placera un clip sur les prises pour prévenir d’un éventuellement arrachement à l’intérieur de l’aile
On va maintenant ajuster la hauteur du palonnier de gouverne. C’est en effet ici que l’on ajustera les neutres (via la chape) et les débattements en fonction du trou choisi sur le palonnier de volet ou
d’aileron. Ainsi, on obtient de grands débattements pour les crocodiles/ailerons et une très grande précision pour les volets de courbures, puisque ça se joue ici entre - 2 et + 4 mm au maximum. (+ vers le bas)
VÉRIFICATION GÉNÉRALE
C’est maintenant que l’on va brancher le récepteur et, voie par voie, régler la limite de chaque servo, afin d’être certain qu’aucun ne force nulle part. Pour en être bien sûr, on pourra brancher un petit ampère-mètre chinois pour détecter une éventuelle consommation anormale, en particulier quand on braque les gouvernes à fond. Nous ne réglons pas ici les débattements du planeur, nous gérons les limites que les servos ne doivent pas dépasser, afin de les protéger et de vérifier que chaque paire de servos procure bien le même débattement maximum. Si ce n’est pas le cas, il va falloir trouver pourquoi il y a une diffé- rence et y remédier mécaniquement, pas électroniquement (sinon, ça posera des problèmes avec les mixages). On peut tolérer un 98 % - 103% aux limites de chaque servo, c’est d’ailleurs pour cela que l’on est là (affiner), mais en aucun cas un 70 -120 %. J’insiste sur le fait que le début de cette opération doit se faire servo par servo, car il est très facile de griller un servo numérique s’il vient à forcer sans qu’on ne le voie de suite.
Pour augmenter encore un peu les débattements, on peut utiliser des servos programmables de façon à augmenter leur course exploitable. Il est difficile d’aller au-delà de 120° de part et d’autre pour des raisons de cinématique dans l’aile, mais cela peut apporter un réel plus.
IL Y A ENCORE DU JEU !
Ce jeu résiduel que vous voyez provient peut-être du filetage de la tringle. Pour bloquer cela, on ne met pas de contre-écrou, ça s’accroche partout : on va plutôt utili- ser du frein filet (partout où il y a du filetage métal/métal). Prenez du frein-filet « moyen », il n’y a pas de hautes vibrations. Si vous avez encore du jeu, vérifiez que vos palonniers sont bien collés et regardez bien si ça ne vient pas non plus de la charnière de la gouverne. Il peut être nécessaire, sur des ailes entoilées, de changer les scotchs à charnière, sans oublier d’en mettre quatre mor- ceaux à l’intérieur, surtout là où se trouve le palonnier.
RÉGLAGES DE PRÉCISION
Nous avons fait tout cela pour obtenir du servo le maximum de couple, une grande précision en même temps que de grands débattements, ce qui était un peu
antinomique au départ. Maintenant, il faut que tout cela soit rigoureusement symétrique entre l’aile gauche et l’aile droite. Pour cela, on peut se doter d’un outil absolument génial, prêté par un copain à qui je ne l’ai rendu qu’après avoir fait le mien ! Il est simplement constitué d’un incidencemètre numérique pour hélicoptère RC et d’une pince à linge… Le gros intérêt, en plus de la précision au 1/10 de degré, c’est surtout sa mise à zéro.
Planeur immobilisé à plat, peu importe son incidence générale : en mettant à zéro l’incidencemètre, on peut directement comparer les débattements d’une gouverne à l’autre. Cela se réglera sur les butées maxi à la radio, où on ne devrait pas avoir plus de 2-3 % de décalage entre la droite et la gauche. Ainsi, votre tonneau tournera de la même façon dans les deux sens ; en spirale, le planeur sera sans surprise, mais surtout, quand vous sortirez les « crocos », le planeur ira droit !
À part l’incidencemètre (vous le trouverez facilement sur internet), la difficulté est de dégoter la bonne pince à linge ! Car son « extrados » doit être plat pour recevoir l’incidencemètre (en général, il faudra un bon coup de cale à poncer), mais aussi, le bord de fuite de la gouverne doit être tenu sans jeu. On fera attention donc à la forme du fond de la gorge de la pince.
Deux colliers plastique solidariseront l’ensemble, puis un petit bout de mousse autocollante bien placé achèvera le tout. C’est tellement bien que je ne sais pas comment je faisais avant ! Que ce soit exprimé en degrés n’est pas tellement grave, même si les notices donnent généralement des infos en millimètres, car le but est ici de vérifier les parfaites symétries de chaque mixage.
RÉGLAGES EN POSITION CROCO
Pour qu’elle soit efficace, cette fonction doit voir les volets descendre d’au moins 35° et les ailerons se lever d’au moins 25°. C’est un minimum, et souvent pas si facile à atteindre.
Les volets augmentent un peu la portance et freinent mais, seuls, ils ne font pas descendre efficacement. Les ailerons relevés augmentent énormément le taux de chute, mais ne freinent pas du tout. C’est pour cela que la combinaison des deux est aussi efficace. Et pour l’être, efficace, il faut suffisamment de débattements.
De même, en mode croco, manche d’ailerons à fond d’un côté, les ailerons doivent pouvoir se l ever encore un peu quand l’autre revient au neutre : c’est le bon réglage. Si votre radio permet le mode « spoiler+ » qui coupe le différentiel en sortant les crocos, c’est mieux. L’idéal serait aussi de couper le mixage Ailerons > Volets quand on sort les crocos, afin que les volets ne fassent pas ailerons quand on sort les freins. J’en suis d’ailleurs venu à supprimer pure- ment et simplement ce mixage qui devient inutile quand on a beaucoup de débattements aux ailerons. De plus les volets utilisés en ailerons sont peu efficaces et souvent mal utilisés, il vaut bien mieux que les ailerons débattent davantage et laisser les volets tranquilles. Concernant les autres débattements, nous y reviendrons plus tard, pour l’instant, on n’y touche pas : du moment que les maxi sont symétriques, c’est le principal.
CROCOS + AÉROFREINS
Sur certains grands planeurs, vous pouvez disposer d’aérofreins (AF) à lames en plus de 4 volets, voire d’aérofreins + 6 volets ! Comment gérer cela ? Sur mes planeurs « du dimanche », je couple tout simplement les AF et les volets de courbure. Il n’est plus utile dans ce cas que les ailerons se relèvent beaucoup. Ainsi, ces derniers gardent leur fonction de gestion du roulis, mais en étant juste un peu relevés (2 mm), ils augmentent artificiellement le vrillage de l’aile, retardant ainsi le décrochage.
Pour peaufiner le mixage AF / volets, on peut travailler l es courbes, de façon à d’abord descendre un peu volets sur un premier quart de manche. Ensuite, leur courbe s’aplatit un peu pour que les AF à lames se lèvent sur les deux autres quarts du manche, et enfin, sur le dernier quart, les volets finissent de descendre à fond. Le but est de toujours garder de l’hypersustentation grâce aux volets, puis de gérer le taux de chute aux AF, et enfin, si on a vraiment besoin, on peut descendre les volets à fond (passant dans le dernier quart de manche, les volets de 25 à 45 °).
Ce qui est important, c’est de ne jamais totalement rentrer les volets, qui priveraient brutalement le planeur de son hypersustentation : il pourrait alors décrocher brutalement près du sol…
Quand il y a six volets + AF, pour les grosses maquettes par exemple, j’utilise les volets intérieurs et intermédiaires avec un inter 3 positions pour les descendre ensemble. Avec 6 volets et sans AF (comme sur le Chilli testé le mois dernier), les volets intérieurs descendent, les volets intermédiaires montent, les ailerons ne participent pas au mixage.
OÙ PLACER LES CROCOS SUR LA RADIO ?
Nous disions donc que les freins devaient avoir du débattement pour être efficaces. En corollaire, cette efficacité se doit d’être gérée. C’est pour cela que la fonction croco doit impérativement être gérée par la voie dite des gaz. Je sais que ce n’est pas facile pour certains, mais de toutes façons, il faudra bien y venir, car mettre les crocos sur un inter, c’est la certitude un jour ou l’autre de casser le planeur.
Avoir des freins très efficaces permet de réguler pour s’adapter à toutes les circonstances et à tous les terrains, tout en continuant à gérer une éventuelle rafale de vent. Ça peut se discuter pour ne faire voler qu’un planeur calme sur une grande plaine... jusqu’au jour où l’on devra à la fois donner un coup d’aileron et augmenter ou diminuer les freins. Donc le manche des gaz DOIT être attribué aux crocos ou/et AF
ALORS, OÙ PLACER LES GAZ ?
On ne doit pas lâcher les manches pour activer le moteur. Si vous êtes droitier, vous lancez le planeur de la main droite, donc vous allez placer l’interrupteur moteur à l’index gauche, pour activer le moteur en sécurité au dernier moment.
Si vous pilotez pouces dessus,
pour un droitier, mettez votre pouce gauche sur le manche et regardez où arrive votre index. Y a-t-il un élément de commande à l’endroit où tombe naturellement votre index ? C’est à cet endroit que doit se trouver votre commande moteur. Vous ne devez pas à avoir à chercher cette commande, vous devez n’avoir qu’à appuyer là où se trouve votre index, c’est tout. Pour cela, les radios Multiplex Royal SX ont une ergonomie sans équivalent, avec des inters sur la tranche). Si malheureusement aucun inter ne tombe sous votre index, il va falloir en mettre un !
Si vous volez en mode pupitre, c’est peut-être le moment de vous offrir un inter bout de manche, toujours sur le côté gauche pour un droitier.
La dernière solution est celle que j’utilise sur ma Multiplex Profi TX (pupitre) dans la mesure où cette radio sert exclusivement à mes planeurs. Il faut remettre le ressort sur le manche des gaz, tout en conservant un léger crantage. Le même manche sert alors pour le moteur et les AF. En poussant vers l’avant, on active le moteur, en tirant on sort les freins. Il n’y a pas plus instinctif et naturel. Au niveau programmation, on s’en sort en gérant la course des servos qui ne doivent être actifs que sur la demi-course qui nous intéresse.
QUEL TYPE DE COMMANDE MOTEUR ?
L’important est que la commande soit en permanence sous votre doigt. Le moins pratique, c’est le curseur. L’inter 3 positions n’est pas si naturel en vol, d’autant que la position intermédiaire ne sert à rien. Mais si ce sont ces commandes-là qui tombent sous l’index, on fera avec. L’inter à deux positions est en fait le plus pratique. Pour ne pas fatiguer inutilement le matériel par une mise en puissance brutale, il suffit juste de programmer une temporisation sur les gaz pour obtenir un démarrage progressif. Si votre moteur est en direct, un délai de 0,9 à 1 seconde est bien. Avec un réducteur, 1,4 sec est une bonne valeur. C’est donc le temps qu’il faut pour passer les gaz de -100 % à + 100 %. Pas de temporisation en revanche quand on coupe le moteur. Bien entendu, il faudra conserver l’inter de sécurité moteur, appelé aussi parfois « arrêt d’urgence ». Cet inter doit être i mmédiatement activé dès lors que le modèle est au sol.
Si vous désirez placer un inter 2 P sur votre radio, je vous suggère soit d’acheter un inter avec le câblage adapté à votre radio, soit plus simplement de déplacer un inter qui ne sert pas ! Un petit trou au diamètre de l’inter et vous voilà avec votre commande moteur accessible en permanence. C’est le genre de petite modification qui vous change la vie. En planeur pur, ce même inter vous servira pour le largage du câble de remorquage. Là aussi, il faut pouvoir faire ça facilement.
VOUS HÉSITEZ À FAIRE LA MODIF ?
Les freins comme l e moteur doivent être accessibles facilement et en permanence, c’est une question de sécurité. D’autant que vous allez prendre goût à utiliser votre planeur à son meilleur potentiel, puis à découvrir des machines plus performantes. Car n’oubliez pas que votre planeur actuel, ainsi que vos prochains, seront plus faciles à piloter, plus sains et beaucoup plus prévisibles. Pour cela, l’outil doit être finement réglé, ce que nous allons faire. Mais vous aussi, il vous faut prendre de meilleures habitudes. Au début, vous hésiterez parfois, mais vous allez très vite prendre le pli, tant ce que je vous propose est logique et instinctif. Mal placer ces commandes est une source de crash très importante, sans parler du stress et de l’inconfort à tâtonner pour chercher une commande.
LE MOIS PROCHAIN
Il me tarde d’aborder les techniques de pilotage, il faudra attendre un peu encore car on me pose beaucoup de questions sur les matériels à utiliser dans l’équipement des planeurs et de leurs périphériques. Il y a là aussi de bonnes habitudes à prendre et des matériels incontournables, dont certains incroyablement peu connus. Comme vous allez le découvrir, on passe souvent son temps et son argent à compliquer les choses depuis des fondations instables, au lieu de faire simple, logique et fiable depuis le début. Rendez-vous dans un mois !