SAMURAI HIESBÖK DE Le mini-planeur à la carte !
J’ai découvert le Samurai durant la rencontre de vol de pente de Mâcon 2019.Comme nombre de participants présents, je n’ai pu m’empêcher de lui trouver une étrange ressemblance avec un mini-planeur que j’avais eu pas mal d’années plus tôt et qui m’avait laissé un très bon souvenir, le Ridge Runt…
En y regardant de plus près, s’il y a des points communs dans l’allure générale, le Samurai est un planeur totalement différent, et même particulièrement original comme nous allons le découvrir. Il est désormais commercialisé en France par Pascal Cepeda, alias Silence Model.
UNE VOILURE QUI SORT DES HABITUDES !
Le Samurai (Samouraï) est en effet équipé d’un profil d’aile qui du style « Jedelsky ». Ah ! Alors, c’est sans doute un deux-axes, pensez-vous… Eh bien… ça peut, mais il peut aussi être muni d’ailerons ! Et ça, c’est déjà moins courant avec ce style de profil.
De plus, quand on regarde le dessous des ailes, il « manque » quelque chose… Mais oui, c’est bien sûr, ce sont l es nervures apparentes triangulaires typiques des ailes Jedelsky ! Ici, la « planche » formant l ’arrière du profil est maintenue sur une partie de sa largeur par une baguette triangulaire utilisée habituellement pour réaliser des bords de fuite. Une belle idée qui simplifie la construction, mais qui est un peu plus lourde que les nervures habituelles. Mais comme les profils Jedelsky offrent normalement un fort Cz (coefficient de portance), ça n’est pas bien grave !
UN PLANEUR « À LA CARTE »
L’examen des caractéristiques sur l’étiquette de la boîte nous en donne déjà une petite idée, avec un choix d’envergure de 1 035 ou 1 265 mm, une masse allant de 180 à 350 g et une charge alaire variant entre 12 et 22 g/dm2… Le plan est encore plus révélateur puisqu’il nous présente trois variantes d’ailes et six variantes de fuselage, à panacher selon ses propres préférences. Pour la voilure, nous avons :
• Version sans ailerons avec saumons allongés par des plaques planes, pour vol libre ou RC en deux axes.
• Version RC avec ailerons et saumons allongés par des plaques planes.
• Version RC « courte »avec ailerons.
Pour le fuselage, les versions sont :
• Version vol libre, donc sans radio.
• Version planeur RC avec gouverne de direction.
• Version planeur RC avec gouverne de direction et moteur dans le nez.
• Version planeur RC avec gouverne de direction et moteur en pylône propulsif.
• Version planeur RC sans gouverne de direction avec moteur dans le nez (Style Hotliner). • Version vol libre avec moteurfusée (plus anecdotique…).
En panachant les types d’ailes et de fuselage, les combinaisons sont très nombreuses… et chacun y trouvera son bonheur. Pour ma part, j’ai choisi d’en faire un mini-planeur de pente dynamique, donc, avec fuselage non motorisé, avec gouverne de direction, et équipé des ailes courtes à ailerons.
LE KIT
C’est une petite boîte que vous amène le facteur, suremballée par un carton super-épais afin d’assurer une arrivée sans casse (on connaît la « douceur » des manipulations dans les centres de tri…). Elle mesure seulement 765 x 130 x 43 mm mais, dès l’ouverture, on note la très belle préparation du kit découpé laser. De nombreux sachets renferment les pièces classées, étiquetées, afin de retrouver très facilement « qui est qui », sur un plan qui reprend la nomenclature de chaque sachet. Très bien ! Le plus gros des pièces est constitué de balsa et de contreplaqué de belle qualité. L’accastillage est complet avec les gaines et CAP (cordes à piano) de commandes, les
guignols en contreplaqué, le crochet de treuillage en aluminium, et même les élastiques pour fixer les ailes.
Il est même fourni un morceau de fil de nylon destiné à la réalisation de charnières ultrafines à noyer dans l’épaisseur des planchettes pour l a profondeur, l a direction et l es ailerons. Pour ceux qui vont choisir de motoriser le Samurai, la cloison moteur est fournie.
Le plan est simple, mais très bien dessiné et détaillé. Par contre, il ne montre que la configuration « planeur RC ». Pour motoriser, il faudra un peu se montrer créatif.
Un point intéressant à noter : sur certaines pièces découpées laser, le fabricant a ajouté de fines gravures (toujours au laser), qui montrent exactement le positionnement des pièces ou baguettes à coller. C’est une aide précieuse pour le montage.
Il n’y a pas de notice dans le kit, mais Silence Model a mis sur son site un li en vers une page réalisée par le fabricant et montrant tout le montage du Samurai en roman-photo, et cette fois en version motorisée (https:// hiesbok.rajce.idnes.cz/Samurai/?). C’est une aide parfaite pour réaliser le montage du kit et j’ai suivi l’ordre préconisé, très logique.
MATÉRIEL À PRÉVOIR
Pour la version retenue, il m’a fallu :
• 2 servos type 9 grammes pour la direction et la profondeur.
• 2 servos type 5 grammes pour les ailerons (Hitec HS-40).
• Un accu NiMh 1 000 mAh pour alimenter la réception.
• Un récepteur format mini.
• Un inter de réception (facultatif).
Pour ceux qui voudraient motoriser le Samurai, il faudra un mini-brushless entraînant une hélice repliable 7,5 x 4 avec un contrôleur 15 à 20 A et un accu LiPo 2S de 650 à 1 000 mAh.
Pensez également dès l e départ à la finition que vous souhaitez réaliser. Le fabricant n’entoile pas le Samurai. Il faut alors prévoir un enduit cellulosique pour protéger le bois, avec une peinture éventuelle. C’est la solution la plus légère.
J’ai choisi un entoilage classique avec un film thermorétractable et… ce n’est pas forcément la meilleure idée. En effet, le poids de l’entoilage sur les empennages se fait sentir au moment du centrage et oblige à pas mal lester le nez… Et comme la structure de la dérive n’est pas vraiment « light », ça fait pas mal de plomb au final. Alors, pour un Samurai léger, envisagez l’enduit !
LE FUSELAGE
Il se construit à plat sur son fond constitué d’une planche de balsa épais. Très pratique ! On colle les couples et on ajoute des longerons latéraux et les supports de voilure avant de venir placer les flancs. C’est facile et très rapide, d’autant que j’ai effectué cet assemblage à la cyano. Il faudra un peu plus de temps pour un montage à la colle blanche, nécessitant un épinglage soigneux.
La partie fixe de la dérive est un élément qui demande du soin, car il faut y intégrer la gaine de commande de la profondeur, en creusant les baguettes donnant de l’épaisseur à l’élément. Je me suis permis l’ajout de petites baguettes triangulaires au sommet pour donner plus de largeur à l’assise du stabilisateur.
Le nez et la « verrière » sont constitués de multiples épaisseurs de balsa à contrecoller avant une mise en forme au rabot et à la cale à poncer. On note que lors du ponçage des angles inférieurs du fuselage, le travail est facilité par des lignes gravées permettant un travail régulier grâce à ces repères.
Une fois la jolie petite « massue » soigneusement profilée, on doit découper la partie ouvrante sur le dessus du nez. Rien n’est prévu pour le verrouillage, j’ai adopté une classique languette de contreplaqué à l’avant et un verrou rotatif (trouvé chez Topmodel) pour fermer à l’arrière. C’est ultra-pratique.
La gouverne de direction a été articulée avec des charnières en « textile intissé » au lieu des fils de nylon fournis… Difficile de changer ses habitudes !
Pas grand-chose à faire sur le stabilisateur, c’est une planche… Juste le bord d’attaque à arrondir et le biseau pour le débattement de l a profondeur à poncer. Si vous optez pour les charnières en fil de nylon proposées, il faudra du soin et un microforet pour faire les avant-trous… Comme j’ai entoilé, j’ai fait une classique articulation au ruban adhésif. Un passage doit être percé pour la commande de profondeur.
Les guignols f ournis pour toutes l es gouvernes sont en contreplaqué très mince. J’avais un doute sur leur longévité. Je les ai remplacés par des guignols en plastique que j’ai soit « imprimés » en 3D, soit sortis des boîtes à rabiot… Pour la profondeur, ça m’a permis d’avoir pile la longueur parfaite, sans devoir tortiller la sortie de la commande, ce qui aurait été le cas avec le guignol d’origine. C’est bon pour la précision de la commande.
LES AILES
Là, on sort des sentiers battus, mais c’est incroyablement simple ! Par contre, pour ces collages, j’ai utilisé la colle blanche, car les surfaces à encoller sont importantes.
La partie avant est constituée d’une planche profilée, livrée prête à l’emploi. On vient coller une baguette triangulaire type « bord de fuite » qui l aisse une « marche ». Cet écart est normal, puisque, ensuite, on vient coller la planchette qui formera la partie
arrière du profil. Si on doit rendre les ailerons mobiles, il faudra les détacher avant le collage de cette planchette, c’est plus facile à faire tant qu’on est « à plat ».
On a déjà nos deux ailes quasi finies ! Elles sont raccordées par une clé constituée d’une pièce en contreplaqué dans laquelle s’insère un jonc carbone. La réunion des ailes et de la clé se fera à l’époxy lente, comme le collage du renfort de bord de fuite pour résister aux élastiques de fixation.
Les saumons sont des blocs balsa à façonner après collage au rabot et à la cale à poncer. Si on choisit la version « longue » des ailes, ils seront à biseauter afin de permettre le collage des planchettes « rallonges », avec un dièdre important.
INSTALLATION RADIO
Dans le fuselage, on a installé les gaines des commandes à la construction pour la direction et la profondeur. Pour cette dernière, compte tenu de la courbe que fait la gaine dans l’arrière du fuselage et la dérive, il est impératif de préformer la corde à piano progressivement, à la main, afin de lui donner un galbe à peu près identique à celui de la gaine. C’est le seul moyen d’avoir une commande qui ne frotte pas trop, et donc qui assure un retour au neutre précis. C’est d’autant plus important que nous sommes sur un mini-planeur et que tout faux neutre serait très désagréable pour le pilotage en tangage. La liaison avec les guignols de profondeur et de direction est un simple pli en « Z », ce qui nécessite de coller l e guignol sur l a gouverne une fois le Z inséré dans le trou.
Côté servo, j’ai utilisé des micro-connecteurs à vis ( non fournis), pour un réglage aisé des neutres. L’accu est bien sûr positionné le plus en avant possible. Le récepteur devrait lui aussi être le plus avancé possible pour participer au centrage. Comme j’ai monté un récepteur Graupner Falcon 6 doté de gyroscopes intégrés, il m’a fallu le positionner au plus près du centre de gravité, donc sous les ailes. L’ennui, c’est qu’ainsi, il n’aide pas à centrer le modèle et que j’ai donc plus de lest dans le nez.
Pour l es servos d’ailerons, impossible de l es noyer dans l’épaisseur du profil. Le fabricant a prévu un empilement de planchettes balsa pour confectionner des bossages englobant les servos, l e tout se collant sous l es ailes. Encore faut-il que les servos correspondent parfaitement avec l es découpes prévues. Et puis un servo « collé », je ne suis pas fan, car en cas de nécessité d’intervention, il faut décoller… et endommager forcément quelque chose. Aussi, je me suis dessiné et imprimé des supports profilés, démontables par des vis… C’est « luxe », mais c’est efficace. Les photos parlent plus qu’un long discours. Et j’ai ainsi pu les ajuster parfaitement avec mes servos. Ici, le Z est côté palonnier de servo et le mini-connecteur sur le guignol. Les fils sortant des boîtiers sont passés juste au niveau du raccord entre la baguette triangulaire et de la planchette arrière des ailes et simplement scotchés sous l’intrados.
FINITION
Comme j e l ’ai déjà évoqué, j ’ai entoilé mon Samurai au film thermorétractable. Sur ce petit planeur, c’est finalement une solution « lourde » et si c’était à refaire, j’opterais pour deux à trois couches d’enduit nitro-cellulosique, poncé entre chaque couche, avec un décor minimaliste à la peinture en bombe pour réduire la masse au maximum. En revanche, la technique de réalisation de l’aile Jedelsky sans nervure a permis un entoilage facile de l’intrados !
Le crochet de treuillage a été posé à l’emplacement montré sur le plan, ce qui s’avère un peu trop avant : il faut tirer pas mal la profondeur durant la treuillée. Cela dit, si j’ai testé l e treuillage, l e Samurai me semble plus une machine de pente qu’un planeur à utiliser en plaine. Son format mini n’en fait pas l a machine idéale pour de longs vols départ au sandow. Je pense que le crochet fourni est plus fait pour la version « vol li bre » à ailes longues, très nettement moins chargée !
Il reste à coller les tourillons pour les élastiques et on est au bout de la fabrication.
RÉGLAGES
Pour le centrage, les limites avant et arrière du plan sont respectivement à 37 et 44 mm du bord d’attaque. Je vole centré à la valeur la plus arrière, et c’est bien adapté pour un vol dynamique à la pente. J’ai dû ajouter 53 grammes de plomb dans le nez pour obtenir ce centrage. Ceci est en partie dû à mon entoilage qui représente de la masse à l’arrière, et aussi au fait que je n’ai pas pu placer mon récepteur tout en avant. Au final, mon Samurai sort à 440 grammes en ordre de vol, soit une charge alaire de 34 g/dm2, a priori parfaitement compatible avec le Cz offert par le type de profil ! Mais c’est nettement plus que les 350 g de la plage haute notée sur la boîte. Il est possible de s’approcher de cette valeur avec une finition par enduit (deux couches) et peinture. Vous voyez que la différence est significative. Mon récepteur avancé ne m’aurait permis de gagner que 5 à 7 grammes…
Pour les valeurs des débattements et mixages, je vous renvoie au tableau habituel.
Bien que ce soit un miniplaneur tout simple, j’ai créé trois phases de vol : gratte, transition et acro avec des réglages différents, et le comportement change bel et bien. Si vous n’avez pas une radio avec phases, prenez juste les réglages de la phase « transition », ils sont « passepartout ». J’ai ajouté aussi la possibilité de relever les deux ailerons pour faire fonction d’aérofrein, c’est parfois utile pour poser avec précision en pente. Pour une fois, le couple en relevant les ailerons est « piqueur » et il faut une compensation à cabrer sur la profondeur.
UN MINI POUR APPRENDRE À CONSTRUIRE
Au final, je retiens du Samurai la facilité de sa construction, qui peut en faire un premier modèle en kit bois, pour des modélistes ayant déjà au moins une petite expérience du pilotage mais qui voudraient découvrir le plaisir de la construction. Le fuselage est un vrai plaisir à monter et à « arrondir » à la cale à poncer, et la voilure est une des plus faciles à réaliser que je connaisse (bon, d’accord, vous n’apprendrez pas le montage d’une aile standard avec le Samurai… pas grave, il y a plein d’autres kits l aser chez Silence Model pour progresser ensuite). Souvenez-vous que pour faire léger, il faudra préférer une finition par vernis à un entoilage, même si les grammes supplémentaires n’ont pas montré d’inconvénient en vol sur mon exemplaire.
Pour l a plaine, l a solution motorisée me semble une alternative à envisager, on aura alors une machine intermédiaire entre planeur et avion, super-maniable, pour voler sur de petits terrains.
En vol, il ressort la sensation d’un planeur « joyeux », fait pour être remué à loisir et dont le profil ne montre guère de différence avec les planeurs en utilisant de plus conventionnels, sauf sur le dos.
Bref, pour un budget très réduit, voilà une petite machine amusante à souhait ! Alors, qu’attendez-vous pour l’essayer ?